Alex arrive dans le salon et se met devant l’ordinateur.
Alex : Dis dont Loulou ?
Jean : Ouais.
Alex : On pourrait peut-être avoir des idées de voyages là, sur internet.
Jean : Oui sûrement.
Alex : Hein ? C’est pas mal ça. Comment je fais là, pour faire des recherches ?
Jean arrive à son tour.
Jean : Attends, attends. Touche pas, touche pas.
Alex : Ecoute, arrête !
Jean : Touche pas, tu connais pas.
Alex : Ecoute, je suis pas une cruche. Tiens, regarde ça y est, je l’ai. Regarde. Voilà. Qu’est-ce que c’est que ça ?
Jean : Hein ? Quoi ?
Alex : Elle est pas beaucoup habillé la nana.
Jean : Ouais, ça dis dont…
Alex : T’as vu ça ?
Jean : C’est dégueulasse.
Alex : C’est marrant ça.
Jean : Ouais.
Alex : Tu sais, c’est un site web sur les plages nudistes.
Jean : Ah ouais ?
Alex : En remarque, y a pas beaucoup de gars, je vais te dire. On dirait une pub pour les implants mammaires. T’as vu les nanas comment elles sont gonflées à l’hélium.
Jean : C’est trop. C’est pas beau.
Alex : Regarde-moi ça. C’est fou ça.
Jean : Ouais.
Alex : Dis dont, dis dont, attends c’est marrant que je sois tombé là-dessus.
Jean : Ouais.
Alex : Hein ?
Jean : Hein ? Oui, non mais c’est normal. C’est… avec internet des fois tu sais… t’appuies sur un bouton et tu tombes sur n’importe quoi.
Alex : Sur n’importe quoi ouais. Mais moi, j’ai tapé sur page préférée.
Jean : Quoi ? Sur page préférée ?
Alex : Ouais.
Jean : T’as tapé sur page préférée ? Ca c’est dégueulasse. Y a sûrement un pirate qui a changé mes pages préférées, tu penses. Alala !
Alex : Bien sûr.
Jean : Arrête. Arrête. Oh !
Alex : Bon alors, Loulou. T’as choisi ? Où est-ce qu’on va ?
Jean : Je sais pas. Le Mexique, tiens.
Alex : Oh non, pas le Mexique, mon amour.
Jean : Pourquoi ?
Alex : Ben parce que j’étais avec Michel juste avant notre séparation.
Jean : Ah ouais.
Alex : Non pas le Mexique. C’est trop troublant. Ca va me rappeler des souvenirs. Non. Dis dont, si on allait à Cuba ?
Jean : Ah oui, Cuba.
Alex : Il paraît que c’est super.
Jean : C’est sup…Cuba, c’est la destination. C’est… J’y suis allé avec Emma, on avait tripé comme des cochons. C’était fabuleux.
Alex : D’accord, okay. Alors on ira pas.
Jean : Pourquoi ?
Alex : Attends, j’ai pas du tout envie d’aller dormir dans de vieux draps.
Jean : Alex, oh ! Ca fait 10 ans là.
Alex : Je m’en fou. C’est pas une raison ça. Brésil ? Sympa le Brésil. Tutututu…
Jean : Ouais. Ouais. Ouais. C’est pas mal le Brésil.
Alex : Tu connais ?
Jean : Hein ?
Alex : Tu connais ?
Jean : Oui comme ça.
Alex : Alors, t’étais avec qui là-bas ?
Jean : Non mais, je connais de nom.
Alex : Tu étais avec qui là-bas ?
Jean : Non mais j’y suis allé une fois avec Stéphanie là.
Alex : Voilà. Pas Brésil.
Jean : Ca fait 8 ans.
Alex : Je m’en fou. Jamaïque ?
Jean : Euh… non pas possible. Annabelle.
Alex : Roo, Loulou. Costa Rica ?
Jean : Euh… Justine.
Alex : Guadeloupe ?
Jean : Delphine. Très volontaire, Delphine.
Alex : Loulou. Bon alors, dis-moi où est-ce que t’es allé seul, sans nana, personne là, tout seul.
Jean : Ben euh… écoute, euh… la Tchétchènie.
Alex : D’accord, alors okay. On ira à Fontainebleau, hein.
Alex part énervée.
Jean : Oh, hey. Alex, le prend pas comme ça. Ah en plus, je crois que j’ai dit une connerie parce que la Tchétchènie je me suis fait une nana là-bas. Un espèce de petit paquet monstrueux.
Alex est dans le salon, devant l’ordinateur quand Jean arrive.
Jean : Hey ! Si on allait à Barcelone ?
Alex : C’est fou ça. C’est incroyable. Alors, tu irais bien à Barcelone, faut aller à Barcelone. Et pourquoi on irait à Barcelone ?
Jean : Pourquoi ? Parce qu’il fait beau là-bas, c’est tout. C’est au bord de la mer et…
Alex : C’est pas le problème ça.
Jean : C’est quoi le problème ?
Alex : Pourquoi tu veux aller à Barcelone ? Pof, t’arrives, tu dis « je veux aller à Barcelone » alors pof, faut aller à Barcelone.
Jean : Mais non, je dis pas ça. C’est une proposition, c’est tout. Maintenant si tu veux trouver une autre destination, vas-y, je m’en fou moi.
Alex : Non, moi aussi j’aimerai bien aller à Barcelone figure-toi. Moi aussi ça me ferait plaisir d’y aller.
Jean : C’est très bien. Tout le monde est content. Pas de problème, voilà.
Alex : Si. Le problème, c’est que c’est toujours toi qui décide.
Alex : Qu’est-ce que tu fais là, Loulou ?
Jean : Ce qui est chiant quand on part en vacances, c’est d’écrire les cartes postales. Alors moi, je les écris avant. Moi, je suis malin.
Alex : T’es malin toi. Oh dis dont ! Marc et Sophie. Ici il fait beau, la mer est chaude, les gens sont sympa. Malgré tout, Paris, son métro, sa pollution, son vacarme me manque. Je vous envie, bande de veinard.
Jean : J’aime bien terminer par de l’humour comme ça.
Alex : Excellent, super drôle, très très marrant ça. Y en a d’autre ?*
Jean : Ouais, ouais.
Alex : Fais voir !
Jean : Facile de se moquer.
Alex : Jonathan et Jennifer. Dis dont, ils sont tous comme ça tes copains là ?
Jean : Ouais, enchaîne.
Alex : Alors, ici il fait beau, la mer est chaude, les gens sont sympa. Excellent. Malgré tout, Paris, son métro, sa pollution, son vacarme me manque. Je vous envie, bande de chanceux. Eh ben, dis dont toi quand tu trouves, tu l’amortis.
Jean : Ca n’a rien à voir. Tu vois pas que j’ai changé le chanceux. Regarde, j’ai mis chanceux à la place de veinard. C’est un autre propos, c’est différent.
Alex : Ah ouais, excuse. Complètement, ça n’a… Tu sais quoi ? Ca change la carte.
Jean : Attends, fais la maligne toi. Je peux faire beaucoup plus court ma vieille.
Alex : Vas-y, fais voir. Ici c’est le paradis car vous n’y êtes pas. Sympa ça. Tu l’envois à qui ?
Jean : Ben, à ta mère.
Ils sont tous les deux assis dans le canapé. Alex se lime les ongles et Jean lit.
Jean : Chouchou ? Pourquoi on partirait pas chacun de notre côté, en fait ?
Alex : Pourquoi ? Tu m’aimes plus ?
Jean : Si, si, je t’aime. C’est pas la question. Mais je veux dire que vu qu’on est pas d’accord pour la destination, ça serait bien qu’on profite tous les deux, tu vois ? Qu’on se…
Alex : Attends, je comprend pas là. On va aller ressourcer notre couple chacun de notre côté dans des pays différents, c’est ça ?
Jean : Oui, c’est ça.
Alex : Ben, c’est quoi l’avantage ?
Jean : L’avantage déjà c’est que… on s’engueulerait pas.
Alex : Pfff, t’es lourd toi. N’importe quoi.
Jean : Non mais attends. Imagine si tu partais seule là, tu serais super bien à te balader sur la plage, à acheter des maillots, des paréos, à te faire bronzer. Je veux dire c’est bien aussi. Non ?
Alex : Mais t’irais où toi ?
Jean : Hein ? Moi ? Moi, je… faire du sport, j’irai.
Alex : Mais où ça ?
Jean : Au club.
Alex : Au quoi ?
Jean : Au club. Tu sais, enfin, au club pour personne seule quoi.
Alex : Non, non, non.
Jean : Quoi ?
Alex : Non, non, non. Je crois pas, non.
Jean : Je pouvais tenter.
Alex : Ouais, ouais. Bien tenté mais non. Dis dont hey oh !
Alex est assise sur la canapé à écrire. Jean arrive avec un bol de chips.
Jean : Qu’est-ce que tu fais ?
Alex : J’écris une carte postale. Je trouve que t’as raison, c’est mieux de les écrire avant.
Jean : Ouais.
Alex : Ouais.
Jean : Je peux lire ?
Alex : Tu te moques pas.
Jean : Tu me connais ou quoi ?
Alex : Ouais, justement.
Jean : Alors. Chère Corinne, je t’écris d’un pays magnifique, un pays magique où chaque instant est éternel et où l’éternité ne dure qu’un instant. Ca veut rien dire. C’est super beau mais ça veut rien dire.
Alex : Bon aller, c’est bon.
Jean : Non. Deux secondes !
Alex : Rend-moi la carte, écoute.
Jean : C’est une terre céleste, écumeuse, sulfureuse, fidèle, éternelle, spirituelle et rebelle. Moi j’aurai mis quenelle, histoire d’alourdir.
Alex : Non mais tu comprends rien toi à la poésie.
Jean : Attend.
Alex : Aller fais voir. Donne.
Jean : Tout ici n’est que spiritualité, rêve et étrangeté. Les éléphants aux oreilles divines qui s’abreuvent sur le… Attend, on va pas en Inde, on va au ski, Alex.
Alex : Mais oui, mais laissons tomber le ski et le monde occidental. Mais bien sûr, laissons-nous tenter par le grand au-delà, par la belle mystique, par l’hymne de la nature. Mais laissons voyager nos corps, soyons libre, soyons libre, oui.
Jean : T’as raison. Mais laissons quand même les cartes postales.