Jean est aux toilettes et lit un livre quand Alex entre.
Alex : Excuse-moi Loulou, mais je serai pas longue.
Jean : Non mais ça va pas être possible. Tu peux me laisser 5 minutes, s’il te plaît.
Alex : Vas-y, ça me dérange pas.
Jean : Oui, je sais que ça te dérange pas, mais moi ça me dérange. Ca me bloque, tu veux pas…
Alex : Tu fais du chichi là.
Jean : Mais non.
Alex : Attends, l’intimité aux toilettes, c’est une convention bourgeoise. Au Moyen-âge, ils faisaient comment les rois ? Ils faisaient ça n’importe où et personne ne s’énervait pour ça.
Jean : Oui, je te remercie pour le cours d’histoire mais seulement, quand je suis aux toilettes, j’aime bien être tranquille, peinard, alors s’il te plaît dehors.
Alex : Et si t’étais dans le bois ?
Jean : Je vais jamais dans les bois.
Alex : Et si t’étais un chevreuil ?
Jean : Qu’est-ce tu racontes, là ?
Alex : Les chevreuils, ils font ça n’importe où et somatise pas.
Jean : Je somatise pas. J’ai envie d’être tranquille quand je suis aux toilettes, c’est pas compliqué ça. J’ai plus envie là.
Jean se lève et remet son pantalon.
Jean : Bravo.
Alex : Conformiste.
Jean : Pas conformiste, constipé. Qu’est-ce tu fais là ?
Alex : Arrête Loulou. Tu sais très bien que j’aime pas quand tu me regardes passer le fil dentaire.
Alex : Jean.
Jean : Ouais.
Alex : Tu me demandes pas comment s’est passée ma journée ?
Jean : Si. Comment s’est passée ta journée ?
Alex : On a rigolé au bureau. Tu sais quoi ? Y a 2 filles qui sont parties en même temps que nous au Mexique, y a 1 mois. Incroyable, hein ? On a rigolé. On s’est montré nos photos de voyage. Attends, à croire qu’on a acheté nos maillots de bain au même endroit. On s’est marré, on était plié. Puis l’après-midi aussi on a rigolé. On avait une réunion dans la salle de conférence, y avait 2 filles qu’avaient le même sac. Alors y’en a une qui est partie avec le sac de l’autre, l’autre avec le sac de l’une, avec des dossiers super confidentiels... Alors là, y’a le patron qu’est rentré, et il nous a baisées toutes les 3. Alors vas-y, les unes derrière les autres. Paf ! Paf ! Paf ! Comme ça, dis-donc. On était tellement excitées, la concierge est rentrée, on s’est dit "tiens! On va s'taper la concierge!" Tout le monde s’est rué sur la concierge, on s’est tapé la concierge, enfin c’était un baisodrome, une orgie de lesbiennes dis-donc. Hein ?
Jean : Hein ? Tu dois être fatiguée, chérie.
Alex se lime les ongles devant le miroir. Jean arrive pour aller aux toilettes.
Jean : Qu’est-ce ça fout là, ça ? T’as décidé de semer la forêt d’Amazonie ou quoi ?
Alex : Bah, Loulou c’est la plante de la salle à manger ça. Je l’ai mis là car y a plus d’humidité.
Jean : C’est normal. Et comment je fais, moi, maintenant, pour aller aux toilettes ? Je vais dans la salle à manger, non ?
Alex : Rooo... Tu te plains toujours. Je te mets la plante comme ça t’es tranquille, caché derrière la plante. S’il te plaît, te plains pas.
Jean : Ah ouais. Là, si tu veux, on dirait "Indiana Jones à la recherche du trône perdu".
Ils rigolent. Jean enlève les feuilles de la plante.
Alex : Qu’est-ce tu fais là, Loulou ?
Jean : Bah quoi ?
Alex : T’arraches toutes les feuilles !!
Jean : Je renoues avec la nature, Alexandra. Y a plus de papier.
Alex : Loulou ?
Jean : Quoi ?
Alex : Tu veux pas venir prendre un bain avec moi, là ?
Jean : Non, j’aime pas baigner dans la crasse, j’ai horreur de ça.
Alex : Mais c’est pas ta crasse, c’est ma crasse.
Jean : Ouais, c’est pas mieux.
Alex : Allez Loulou ?
Jean : Non non non non.
Alex : Viens.
Jean : Non, j’ai l’impression d’être une grenouille dans le bain.
Alex : S’il te plaît ?
Jean : Non.
Alex : Pourquoi ?
Jean : Parce que j’ai 32 ans et j’en ai marre de faire des compromis. Et c’est sûrement pas une gonzesse à poil qui va m’attirer dans son bain. Attends, il me faut plus que ça.
Alex : Tu me feras pas croire que si Claudia Schiffer était dans le bain, tu viendrais pas la rejoindre.
Jean : Euh non, ça, je te ferais pas croire ça.
Alex : Tu prendrais un bain avec n’importe quelle greluche, sauf avec moi ?
Jean : Attends. Claudia Schiffer c’est pas n’importe quelle greluche.
Alex : Attends. Jean, s’il te plaît, ne change pas de conversation !
Jean : Quoi je change pas…
Alex : Donnes-moi 30 000 francs, moi aussi je vais me faire poser des faux seins et puis va y en avoir des gars, ici.
Jean : Bon je n’irai pas dans le bain. Je n’aime pas ça prendre de bain. Je t’aime mais je n’aime pas prendre de bain, voilà. Point.
Alex : Jean, t’en vas pas !
Jean : Si.
Alex : Jean !
Jean : Il est parti.
Alex : Jean ! Si tu t’en vas, je fais la grève du sexe !
Jean : Tu te lasseras avant moi, à mon avis.
Alex : C’est vrai ça, par exemple.
Alex est devant le miroir quand Jean arrive en se la jouant.
Jean : Dis donc, toi... T’as rien remarqué ?
Alex : Quoi ?
Jean : Ben le changement ?
Alex : Ah t’as un nouveau caleçon.
Jean : Non, je te parles du gros changement.
Alex : T’as un nouveau gros caleçon.
Jean : Non, je te parle d’un changement physique, Alexandra.
Alex : Ben euh…non.
Jean : J’ai maigri.
Alex : Ah bon ?
Jean : Oui. Non ? Attends Alexandra, on vit ensemble, tu pourrais au moins me dire honnêtement si j’ai maigri.
Alex : Bah... honnêtement, t’as maigri.
Jean : Ca me fait plaisir que tu me dises qu’honnêtement j’ai maigri parce que…honnêtement, j’ai maigri.
Alex : Tu veux que je te dises ?
Jean : Ouais.
Alex : Honnêtement ?
Jean : On se dit tout.
Alex : Je te le dis honnêtement. T’as perdu de là....Mais c’est tombé là !
Alex : Loulou.
Jean : Ouais.
Alex : Tu sais quoi ?
Jean : Quoi ?
Alex : J’ai fais un rêve cochon cette nuit.
Jean : Ah ouais. Et t’as rêvé de qui ? De moi ?
Alex : Non, j’ai rêvé de Nicolas Sarkozy.
Jean : De qui ?
Alex : Nicolas Sarkozy.
Jean : De Nicolas Sarkozy ?
Alex : Ouais.
Jean : Le politicien Nicolas Sarkozy ?
Alex : Oui. Je sais qui c’est.
Jean : Ca veut rien dire. Pourquoi t’as rêvé de ce mec là ?
Alex : Bah j’en sais rien moi, Loulou. C’est des rêves, ça se commande pas, c’est comme ça.
Jean : Oui mais d’accord. Mais je veux dire, tu rêverais de Tom Cruise, de Johnny Depp mais Nicolas Sarkozy, c’est…
Alex : Crois-moi Loulou, j’aurais préféré.
Jean : Ca veut rien dire.
Alex : Je sais pas. J’ai du le voir aux infos, j’en sais rien.
Jean : Non, mais attends. Moi j’ai regardé la météo hier, c’est pas pour ça que j’ai rêvé que je baisais avec Gillot-Pétré. C’est incohérent. Tu regardes plus le journal, c’est terminé. Si t’as des idées comme ça…
Alex : Ouais, alors faudra arrêter le foot aussi.
Jean : Pourquoi ?
Alex : Parce que je fantasme sur tous les joueurs.
Jean : Sur tous les joueurs ?
Alex : Tous les joueurs. Thuram, Dessailly, Zizou... tous quoi.
Jean : C’est pas vrai ?
Alex : Tous !
Jean : C’est terminé, on regarde plus le foot, Alexandra. C’est terminé.
Alex : Ouais. Yes !
Jean : Alexandra ? Alexandra, y a plus d’eau chaude.
Alex arrive en se limant les ongles.
Alex : Et alors, c’est de ma faute ?
Jean : Oui, c’est de ta faute. T’as pris un bain d’1 heure et une douche d’½ heure.
Alex : Non, j’ai pris une douche pour me laver, et j’ai pris un bain pour me relaxer. Et en plus, j’ai fais une lessive pour toi.
Jean : Oui, mais seulement moi j’ai du shampooing dans les yeux. Comment je fais là ?
Alex : Et ben tu te rinces à l’eau froide.
Jean : Sûrement pas, je vais pas me rincer à l’eau froide.
Alex : Attends ! Ils faisaient comment au Moyen-âge ?
Jean : Je veux pas un cours d’histoire, je veux de l’eau chaude.
Alex : Jean, t’es moumoune. Rinces-toi à l’eau froide. D’abord c’est très bon pour tonifier le corps. Je t’assures.
Jean : Parce que toi ça te déranges pas de te laver à l’eau froide ?
Alex : Pas du tout !
Jean : Pas du tout ?
Alex : Je m’en fous complètement !
Jean : T’es sûre de ça ?
Alex : Ouais.
Jean : Ok. Viens voir.