La France, depuis 1950 et pendant de nombreuses années, a favorisé la venue de nombreux ressortissants Nord-Africains afin d’apporter une main d’œuvre bon marché pour les secteurs du bâtiment et de l’automobile. Ces ressortissants venaient des anciennes colonies françaises.
L’immigration maghrébine des années soixante demeure majoritairement le fait d’hommes seuls. Les entreprises gèrent à leur gré le travail et le logement de cette main d’œuvre, trop souvent corvéable à merci.
Vers les années soixante-dix, une loi permet le regroupement familial. Les travailleurs immigrés font venir, quand ils le peuvent, leurs femmes et leurs enfants.
Portugais, Espagnols et Maghrébins fournissent une main d’œuvre abondante, très peu qualifiée et bon marché. Profitant de la liberté de circulation dont bénéficient jusqu’en 1962 (fin de la guerre d’Algérie) les « Français musulmans » , les immigrés algériens constituent un groupe important, en nombre croissant. Ils sont 210 000 en 1954, 460 000 en 1964, puis plus 700 000 en 1975.
La crise des années soixante-dix met un terme brutal à cet afflux de travailleurs. La politique d’immigration vise alors au retour au pays. D’acteur de la croissance, l’immigré devient l’indésirable par qui le chômage arrive. Au passage, le statut d’immigré varie au gré de la conjoncture après 1962. Jusqu’en 1968, l’obtention de la carte de résident est automatique. En 1972 il faut justifier d’un emploi en France. Après 1982 l’immigré est devenu l’Étranger.
En 1964, 43% des algériens de France vivent dans des bidonvilles, celui de Nanterre, l’un des 89 de la région parisienne, abrite 14 000 personnes.
Charles de Gaulle, alors président de la République, en exige la destruction. Un plan de résorption de l’habitat insalubre aboutit à la construction des cités de transit, des baraques de métal ou de béton, prévues pour être provisoires, mais qui vont perdurer des années en attendant que toutes ces familles soient relogées dans un logement social.
La situation dans le bidonville
Les bidonvilles sont l’émergence d’un besoin d’hébergement d’abord provisoire (l’immigré doit retourner au pays), puis d’un lieu de regroupement de personnes originaires de région d’Algérie, du Portugal ou du Maroc. Par la suite les hommes ont commencé à faire venir les femmes et les enfants.
C’est un lieu sans hygiène, sans eau courante sauf quand il pleut, alors cela devient un bourbier. C’est aussi des descentes de polices régulières et brutales, des incendies, des rats et bien d’autres misères. Au fils des années, les baraques se structurent (plusieurs pièces) elles se revendent, des ruelles voient le jour, ainsi que des commerces.
En France, « le bidonville c’est pour les Arabes » même si les travailleurs français sont chassés des villes dites bourgeoises et sont relogés dans des caravanes.
Le bidonville est fait de baraques en tôle et bois, en algérien le bidonville s’appelle le Chaâba.
Il n’y a qu’un seul W.C, les rues sont étroites, sales et boueuses, elles sont pleines de vieux objets, de déchets, il y a souvent une décharge à côté.
Les « maisons » sont formées d’une seule pièce, elles sont insalubres et composées de lits, d’une cuisinière ou d’un réchaud et d’une table. Les fenêtres sont fermées avec des ficelles ; pour se laver, il y a une bassine.
Peu de Français sont dans ces bidonvilles, quelques couples mixtes, dans ces cas le « Français » sert d’écrivain public et donne des cours de français.
Quelques personnes extérieures y vont régulièrement. Elles sont membres du PCF, d’extrême gauche et/ou catholiques. La résistance aux descentes de police y est très difficile (la France est en guerre avec l’Algérie). Le FLN (Front de Libération National) y puise ses cadres et ses ressources financières. Tout se fait dans l’anonymat et le secret par peur des représailles.
Le racisme est déjà présent. En avril 1966, dans l’enquête de la revue ESPRIT, l’Algérien est considéré comme « sournois, paresseux, assez cruel, vicieux et malpropre ». Cela induit un comportement de rejet d’une grande partie des populations.
La crise du logement en France amène le gouvernement à construire en masse des logements sociaux, construits en grande partie par les habitants des bidonvilles. Ces ouvriers ont un contact par ce biais avec les syndicats. Pendant de nombreuses années, ils ont participé à l’effort de construction des quartiers d’habitat social sans pouvoir en bénéficier.
La solidarité de la population, en tout cas au Petit-Nanterre, se manifeste surtout lors des descentes de police et après les incendies (assez nombreux). Les familles sont hébergées dans les locaux municipaux. Le Maire de l’époque, Raymond Barbet, s’y rend sans aucune difficulté, c’est également un médecin communiste (le seul qui accepte) qui rend visite régulièrement à ces familles.
Les constructions de logement
Sur le quartier du Petit Nanterre, les constructions d’HLM débutent en 1948 avec une autoconstruction de 60 logements, la cité des Castors, sur des friches, puis autour des bidonvilles avec la construction de 1200 logements dans la Cité des Pâquerettes, par l’office municipal. Vient ensuite la cité des Canibouts où 660 logements sont construits en 1964.
Aujourd’hui le quartier compte 85% de logement sociaux (pour une moyenne de 55% sur l’ensemble de la commune), 2500 logements sociaux, essentiellement construits et gérés par l’Office public HLM.
Près de 40 années auront été nécessaires pour résorber totalement les bidonvilles de Nanterre et reloger l’ensemble des habitants, pas tous dans la commune.
La construction en urgence de ces cités a souvent donné lieu à des constructions de qualité moyenne. Vingt ans plus tard, certains bâtiments sont déjà très dégradés. Par ailleurs, la crise économique a touché très durement cette population (30% de la population active du quartier est aujourd’hui au chômage).
Dans les années 1982 à 1986, une mobilisation importante des habitants, portée par le PCF et le Maire, a permis d’obtenir des réhabilitations de grandes ampleurs (changement de façades, agrandissement des cuisines et des salles à manger).
Vingt ans après, un projet urbain et social est élaboré avec et par les habitants, il est en phase de concrétisation dans le cadre de la loi de cohésion sociale et du programme de renouvellement urbain (dit Loi Borloo). Le projet de renouvellement urbain et social (PRUS) du quartier du Petit-Nanterre, en cours depuis plusieurs années avec la participation des habitants, est un programme général d’amélioration du cadre de vie du quartier, avec notamment des démolitions-reconstructions permettant de créer de l’habitat diversifié au Petit-Nanterre et de bâtir des logements sociaux en centre ville, dans le secteur de La Boule.
350 logements concernés par ce programme, seront détruits. 350 seront construits, dont un tiers en accession sociale à la propriété. Les habitants qui le souhaitent seront relogés dans le quartier, le maintien des niveaux de loyers a été assuré.
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Le mouvement social et la lutte pour le logement populaire en France et au Brésil
Le logement en France
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