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楼主: toughkid

鲁迅小说选登(中法对照)

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新浪微博达人勋

lao-zhang 发表于 2012-6-30 18:26
译者注释部分 不必补了.

呵呵,我一直被手拙所困扰,干什么都慢,特别是平常上课,根本作不成笔记(一半因为听力不行,一半因为手头太慢)。所以,也想利用录入练练自己的打字速度,希望将来能够达到一个可以接受的录入速度。将来拿着电脑去上课,争取能像法国人一样,当堂记录下教义要点。
另外,我也想借着在这里发布,慷一下“他人之慨”。
因为这些法文版的《中国文学》是我在旧书店里偶然发现并买来的。网上没有电子版,所以一般人也看不到。这些译本,出版的年代已经久远,版权虽然仍不公有,但“再版“并且支付版税给原译者的可能性已经很小很小,所以我就斗胆发布了,如果谁正好需要参考,上网有望搜得到。

我觉得,这些文章的法译本,最大的用处未必在于让外国人都来读鲁迅作品。我觉得鲁迅的作品,论文学价值,可能比不上六大名著(四大名著加上金瓶梅与儒林外史),其思想价值虽然不低,但不对应西方人的困惑与危机。所以,西方人读也罢,不读也罢。
但是,如果压低目标,只从法语教学上来看,倒是不错的参考。有时,中国人特别想表达某些意思,可总找不到合适的参考,自己杜撰,质量更没保证。所以,在译文中,鲁迅的一些表达,是可以套用的或借鉴的。这可能就是我录入这些文字的意义所在。
2012-6-30 18:01:28

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新浪微博达人勋

本帖最后由 lao-zhang 于 2012-6-30 22:48 编辑
toughkid 发表于 2012-6-30 18:41
确如老师所言,quatre manières,有歧义。我觉得老师给出的formes,就已经很朴实并准确了,dérivées也 ...

嗯, 一些事情, 也急不得,

类似的情形 电影对白里 也常见,
比如 法国人常说 " On ne parle pas le français ?" 意思是说 难道我说的话, 你听不懂吗?
有些原版是英语的 (比如, 美国好莱坞电影), 配成法语时, 也就会译成 "Tu ne comprends pas le francais ?" 其实. 如果是人家美国人的话, 本来就没有说 法语. 但是, 因为整个电影都被配音成法语了. 让人忘记他们不是`法国人'了.

可是 过于本土化 也是不好的, 会有种得此失彼的危险.
所以, 我对此比较留意.

2012-6-30 18:03:32

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新浪微博达人勋

lao-zhang 发表于 2012-6-30 19:03
嗯, 一些事情, 也急不得,

类似的情形 电影对白里 也常见,

确实如您所言,好的翻译,是门艺术。然而,翻译似乎比艺术受限制。因为,对于艺术家,人们还是相对尊重其创作自由的。翻译则完全是“戴着枷锁跳舞”。
并且,对于文艺作品,各位品读者要求不同。一些微妙之处,活泼性与忠实性很难兼顾。然而一旦做了取舍,那就会令执相反理念的人的攻击。
当然了,有了翻译实践的人,一般比较能体会译者的难处,除了“意思已经背离原作,发挥却很无趣”的东西算作败笔之外,其它部分,我一般都带着同情心接受了。呵呵...
2012-6-30 18:33:43

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新浪微博达人勋

本帖最后由 toughkid 于 2012-7-2 19:06 编辑

第四篇《在酒楼上》,摘自《Littérature chinoise》,1979年第9期。译者未署名
//在鲁迅小说中,窃以为这篇是最能体能鲁迅先生功力的一篇,可惜译文质量略显平庸,欢迎大家“找碴”与改进//

Dans un estaminet
在酒楼上

Alors que je me rendais du Nord dans le Sud-Est, je fis un crochet pour passer par mon village, puis poussai jusqu'à S. J'avais enseigné pendant un an dans cette ville qui se trouve à quinze kilomètres de chez nous, à moins d'une demi-journée de sampan. C'était au cœur de l'hiver, il venait de neiger, le paysage était glacé. Une indolence mêlée de nostalgie m'incita à descendre pour un court séjour à l'Hôtel Luosi, qui n'existait pas autrefois. La ville est petite ; j'eus vite fait le tour des anciens collègues que je me proposais de voir : tous avaient quitté les lieux ; depuis longtemps ils s'étaient dispersés on ne savait où. Je passai devant mon ancien lycée, il avait changé lui aussi, de nom et d'aspect. Je me sentis étranger ; mon enthousiasme tomba en moins de deux heures, et je me reprochai ce détour inutile.

我从北地向东南旅行,绕道访了我的家乡,就到S城。这城离我的故乡不过三十里,坐了小船,小半天可到,我曾在这里的学校里当过一年的教员。深冬雪后,风景凄清,懒散和怀旧的心绪联结起来,我竟暂寓在S城的洛思旅馆里了;这旅馆是先前所没有的。城圈本不大,寻访了几个以为可以会见的旧同事,一个也不在,早不知散到那里去了,经过学校的门口,也改换了名称和模样,于我很生疏。不到两个时辰,我的意兴早已索然,颇悔此来为多事了。

L'hôtel louait des chambres et ne servait pas de repas ; riz et plats devaient être commandés au dehors, mais, sans aucune saveur, ils laissaient un goût de terre dans la bouche. Ma fenêtre donnait sur un mur sale, taché, couvert de mousse desséchée. Et par-dessus, il y avait le ciel morne, d'un blanc terne. Et voilà que des flocons de neige se mirent à voltiger … Mécontent de mon déjeuner et désœuvré, j'en vins tout naturellement à penser au petit estaminet « La Maison de la bonne pinte » que je connaissais bien autrefois ; il ne se trouvait pas loin de l'hôtel. Je fermai aussitôt ma porte à clé et je me dirigeai vers lui, moins par envie de boire que pour échapper à l'ennui. Façade étroite, humide, sombre, enseigne délabrée, « La Maison de la bonne pinte » était toujours là ; mais tout le monde y avait changé, depuis le patron jusqu'au serveur ; ainsi même là, je ne retrouvais aucun personne de connaissance, je n'étais plus qu'un simple client de passage. Je gravis cependant l'escalier si familier qui, partant d'un coin, menait au premier. Les cinq petites tables de jadis étaient là, on avait seulement remplacé le lattis de la fenêtre du fond par des vitres.

我所住的旅馆是租房不卖饭的,饭菜必须另外叫来,但又无味,入口如嚼泥土。窗外只有渍痕班驳的墙壁,帖着枯死的莓苔;上面是铅色的天,白皑皑的绝无精采,而且微雪又飞舞起来了。我午餐本没有饱,又没有可以消遣的事情,便很自然的想到先前有一家很熟识的小酒楼,叫一石居的,算来离旅馆并不远。我于是立即锁了房门,出街向那酒楼去。其实也无非想姑且逃避客中的无聊,并不专为买醉。一石居是在的,狭小阴湿的店面和破旧的招牌都依旧;但从掌柜以至堂倌却已没有一个熟人,我在这一石居中也完全成了生客。然而我终于跨上那走熟的屋角的扶梯去了,由此径到小楼上。上面也依然是五张小板桌;独有原是木棂的后窗却换嵌了玻璃。

– Une livre de vin jaune ! A manger ! Dix tranches de fromage de soya frit bien pimenté !
Tout en passant commande au serveur qui était monté derrière moi, je me dirigeai vers le fond de la salle et m'installai à un table près de la fenêtre. Il n'y avait personne dans la pièce et je pus donc occuper la meilleure place, celle qui donnait sur un jardin abandonné. Il n'appartenait probablement pas à l'établissement. Je l'avais souvent regardé autrefois, parfois aussi par temps de neige. Maintenant, pour des yeux habitués au Nord, le spectacle était assez étonnant : de vieux pruniers en pleine floraison y rivalisaient avec la neige ; on eût dit qu'ils ignoraient l'hiver. Et près du pavillon en ruines se dressait un camélia ; une dizaine de fleurs rouges, à l'écart flamboyant parmi la neige, se détachaient sur l'épais feuillage sombre ; arrogantes, indignées, elles semblaient mépriser la soif d'aventures du voyageur errant. Soudain je me rappelai combien la neige ici était humide, tenace, brillante et miroitante, tout le contraire de celle du Nord, sèche, poudreuse, qui monte en tourbillons lorsque le vent souffle avec violence et envahit le ciel...

“一斤绍酒。——菜?十个油豆腐,辣酱要多!”
我一面说给跟我上来的堂倌听,一面向后窗走,就在靠窗的一张桌旁坐下了。楼上“空空如也”,任我拣得最好的坐位:可以眺望楼下的废园。这园大概是不属于酒家的,我先前也曾眺望过许多回,有时也在雪天里。但现在从惯于北方的眼睛看来,却很值得惊异了:几株老梅竟斗雪开着满树的繁花,仿佛毫不以深冬为意;倒塌的亭子边还有一株山茶树,从晴绿的密叶里显出十几朵红花来,赫赫的在雪中明得如火,愤怒而且傲慢,如蔑视游人的甘心于远行。我这时又忽地想到这里积雪的滋润,著物不去,晶莹有光,不比朔雪的粉一般干,大风一吹,便飞得满空如烟雾。……

– Votre vin, monsieur, annonça le serveur avec nonchalance.
Il déposa la coupe, les baguettes, le pichet et le plat. Le vin était là. Je me retournai, mis tout en place et me versai à boire. Sans aucun doute, je n'étais pas du Nord, et pourtant, de retour dans le Sud, je n'y étais plus qu'un étranger. La neige sèche du Nord qui poudroie et la douce neige du Sud qui s'incruste m'étaient toutes deux aussi étrangères. Avec un peu de mélancolie, je pris une gorgée de vin. Il était de marque, le fromage de soya frit était excellent, seule la sauce pimentée manquait de corps : les habitants de S n'ont jamais rien entendu à ce qui a du piquant.

“客人,酒。……”
  堂倌懒懒的说着,放下杯,筷,酒壶和碗碟,酒到了。我转脸向了板桌,排好器具,斟出酒来。觉得北方固不是我的旧乡,但南来又只能算一个客子,无论那边的干雪怎样纷飞,这里的柔雪又怎样的依恋,于我都没有什么关系了。我略带些哀愁,然而很舒服的呷一口酒。酒味很纯正;油豆腐也煮得十分好;可惜辣酱太淡薄,本来S城人是不懂得吃辣的。

Il n'y avait là rien qui rappelât l'atmosphère d'un estaminet, peut-être parce qu'on était encore dans l'après-midi. J'avais déjà vidé trois coupes, et en dehors de moi, il n'y avait que les quatre tables inoccupées. Regardant le jardin vide, je commençai à me sentir seul, et cependant je ne souhaitais pas la venue d'autres clients. Aussi éprouvais-je une légère irritation chaque fois que des pas résonnaient dans l'escalier et respirais-je avec soulagement quand seul apparaissait le serveur. Je vidai ainsi deux autres coupes de vin.

大概是因为正在下午的缘故罢,这会说是酒楼,却毫无酒楼气,我已经喝下三杯酒去了,而我以外还是四张空板桌。我看着废园,渐渐的感到孤独,但又不愿有别的酒客上来。偶然听得楼梯上脚步响,便不由的有些懊恼,待到看见是堂倌,才又安心了,这样的又喝了两杯酒。

C'est un client, cette fois, me dis-je, en entendant des pas beaucoup plus lentes. Lorsque je jugeai l'arrivant parvenu en haut des marches, je redressai la tête, plutôt avec appréhension, pour regarder l'indésirable ; je tressaillis de surprise et me levai. Je n'aurais jamais cru qu'en cet endroit, je rencontrerais un ami, pour autant qu'il me permit encore de l'appeler ainsi. Le nouveau venu était un ancien camarade de classe, et un collègue, au temps où j'étais professeur. Il avait bien changé, mais je le reconnus tout de suite ; seulement ses mouvements étaient devenus fort lents, et ne rappelaient en rien l'alerte et actif Lü Weifu de jadis.

我想,这回定是酒客了,因为听得那脚步声比堂倌的要缓得多。约略料他走完了楼梯的时候,我便害怕似的抬头去看这无干的同伴,同时也就吃惊的站起来。我竟不料在这里意外的遇见朋友了,——假如他现在还许我称他为朋友。那上来的分明是我的旧同窗,也是做教员时代的旧同事,面貌虽然颇有些改变,但一见也就认识,独有行动却变得格外迂缓,很不像当年敏捷精悍的吕纬甫了。

– Aya ! C'est toi, Weifu ? Jamais je ne me serais attendu à te rencontrer ici !
– Toi ? Moi non plus...
Je l'invitai à ma table ; après un moment d'hésitation, il accepta et finit par s'asseoir. Tout d'abord cela me parut étrange, puis j'en fus attristé, même blessé. En le regardant de près, je découvris qu'il avait toujours les cheveux en désordre, la même barbe, le même visage pâle et allongé, mais en plus maigre et fatigué. Il paraissait calme, peut-être découragé. Ses yeux, sous ses gros sourcils noirs, avaient perdu leur vivacité ; cependant, après avoir fait le tour de la pièce, ils s'arrêtèrent sur le jardin et j'y vis soudain briller la lueur souvent entrevue à l'école.

“阿,——纬甫,是你么?我万想不到会在这里遇见你。”
“阿阿,是你?我也万想不到……”
我就邀他同坐,但他似乎略略踌躇之后,方才坐下来。我起先很以为奇,接着便有些悲伤,而且不快了。细看他相貌,也还是乱蓬蓬的须发;苍白的长方脸,然而衰瘦了。精神跟沉静,或者却是颓唐,又浓又黑的眉毛底下的眼睛也失了精采,但当他缓缓的四顾的时候,却对废园忽地闪出我在学校时代常常看见的射人的光来。

– Cela doit faire dix ans que nous ne nous sommes pas vus, dis-je sur un ton enjoué, dépourvu cependant de naturel. J'ai entendu dire, il y a un bon bout de temps, que tu étais à Jinan, mais je suis si désespérément paresseux que je ne t'ai pas écrit...
– Moi de même. Et maintenant, je suis à Taiyuan depuis plus de deux ans, avec ma mère. C'est en venant la chercher que j'ai appris que tu étais parti d'ici, et pour de bon.
– Que fais-tu à Taiyuan ? Demandai-je.
– Je donne des leçons dans une famille de ma province.
– Et avant ?
– Avant ? Il sortit une cigarette de sa poche, l'alluma, regarda la fumée qu'il exhalait, puis dit d'un air pensif : Du travail sans intérêt, autant dire rien du tout.

“我们,”我高兴的,然而颇不自然的说,“我们这一别,怕有十年了罢。我早知道你在济南,可是实在懒得太难,终于没有写一封信。……”
“彼此都一样。可是现在我在太原了,已经两年多,和我的母亲。我回来接她的时候,知道你早搬走了,搬得很干净。”
“你在太原做什么呢?”我问。
“教书,在一个同乡的家里。”
“这以前呢?”
“这以前么?”他从衣袋里掏出一支烟卷来,点了火衔在嘴里,看着喷出的烟雾,沉思似的说:“无非做了些无聊的事情,等于什么也没有做。”

Il me demanda à son tour ce que j'étais devenu depuis que nous nous étions quittés, je lui en donnai une idée, tout en demandant des baguettes et une coupe que je lui remplis du vin de mon pichet, et attendant que chauffent les deux livre de plus que je venais de commander. Il fallait aussi quelques plats. Nous ne nous étions jamais fais de politesses, mais cette fois nous en fîmes un tel assaut que nous ne savions plus quels plats avaient été choisis ; finalement nous en acceptâmes quatre suggérés par le serveur : des fèves parfumées à l'anis, du porc froid, ds tranches de fromage de soya frit et du poisson séché.

他也问我别后的景况;我一面告诉他一个大概,一面叫堂倌先取杯筷来,使他先喝着我的酒,然后再去添二斤。其间还点菜,我们先前原是毫不客气的,但此刻却推让起来了,终于说不清那一样是谁点的,就从堂倌的口头报告上指定了四样莱:茴香豆,冻肉,油豆腐,青鱼干。

– Depuis mon retour ici, je me trouve ridicule. Il parlait avec un sourire amer, sa cigarette dans une main, l'autre enserrant sa coupe de vin. J'ai observé les mouches et les abeilles dans ma jeunesse ; elles s'assemblaient en un même endroit, et dès que quelques chose les effrayait, elles s'envolaient ; puis après avoir décrit un petit cercle, elles revenaient se poser à la même place. Je trouvais cela ridicule et en même temps pitoyable. Mais je ne pensais pas que j'en ferais autant un jour, que je reviendrais après avoir décrit un petit cercle. Et je ne croyais pas non plus que tu reviendrais. N'aurais-tu pas pu voler plus loin ?

“我一回来,就想到我可笑。”他一手擎着烟卷,一只手扶着酒杯,似笑非笑的向我说。“我在少年时,看见蜂子或蝇子停在一个地方,给什么来一吓,即刻飞去了,但是飞了一个小圈子,便又回来停在原地点,便以为这实在很可笑,也可怜。可不料现在我自己也飞回来了,不过绕了一点小圈子。又不料你也回来了。你不能飞得更远些么?”

– Difficile à dire. Peut-être n'ai-je fait, moi aussi, que voler en rond, dis-je avec un sourire plutôt amer. Mais pourquoi ton vol t'a-t-il ramené ici ?
– Encore un affaire sans intérêt. Il vida sa coupe d'un trait, tira quelques bouffées de sa cigarette et écarquilla un peu plus les yeux. Sans intérêt, mais autant te la raconter.

“这难说,大约也不外乎绕点小圈子罢。”我也似笑非笑的说。“但是你为什么飞回来的呢?”
“也还是为了无聊的事。”他一口喝干了一杯酒,吸几口烟,眼睛略为张大了。“无聊的。——但是我们就谈谈罢。”

Le serveur apporta le vin qui venait d'être chauffé, ainsi que les plats qu'il disposa sur la table. La fumée des cigarettes et l'arôme du fromage de soya frit paraissaient avoir égayé la pièce ; dehors, la neige tombait, plus dense.

堂倌搬上新添的酒菜来,排满了一桌,楼上又添了烟气和油豆腐的热气,仿佛热闹起来了;楼外的雪也越加纷纷的下。

– Peut-être sais-tu que j'ai eu un petit frère, poursuivit-il. Il est mort à trois ans et a été enterré dans la campagne. Je ne me rappelle plus comment il était, mais ma mère disait qu'il était adorable et qu'il m'aimait beaucoup. Aujourd'hui encore, les larmes lui viennent aux yeux quand elle en parle. Ce printemps, un cousin nous a écrit que le sol se détrempait petit à petit à côté de la tombe, et que celle-ci pourrait bientôt crouler dans la rivière ; il nous demandait d'aviser sans retard.  La nouvelle agita fort ma mère, elle ne put dormir pendant plusieurs nuits ; elle sait lire les lettres elle-même, tu sais. Mais que pouvais-je faire ? Je n'avais ni temps ni argent ; je ne pouvais rien faire.

“你也许本来知道,”他接着说,“我曾经有一个小兄弟,是三岁上死掉的,就葬在这乡下。我连他的模样都记不清楚了,但听母亲说,是一个很可爱念的孩子,和我也很相投,至今她提起来还似乎要下泪。今年春天,一个堂兄就来了一封信,说他的坟边已经渐渐的浸了水,不久怕要陷入河里去了,须得赶紧去设法。母亲一知道就很着急,几乎几夜睡不着,——她又自己能看信的。然而我能有什么法子呢?没有钱,没有工夫:当时什么法也没有。

« C'est seulement maintenant, avec les vacances du Nouvel An, que j'ai pu venir dans le Sud pour déplacer la tombe. Il vida une autre coupe, regarda par la fenêtre : Est-ce que cela se voit dans le Nord, des fleurs sous la neige, des fleurs que le gel n'atteint pas ? Avant-hier, j'ai acheté en ville un petit cercueil, en pensant que l'autre devait être pourri longtemps. J'ai engagé quatre hommes de peine, je me suis chargé de coton, d'une couverture, et j'ai gagné la campagne. Et, soudain, je me suis senti heureux : j'ai eu hâte d'ouvrir la tombe, de revoir le corps de ce jeune frère qui m'avait tant aimé ; c'était là quelque chose de nouveau pour moi. Arrivé là, je vis effectivement que la rivière s'en était pris à la tombe, l'eau n'en était plus qu'à deux pieds. Le pauvre tertre qui n'avait plus été remblayé depuis deux ans s'était affaissé. Debout dans la neige, je le désignai d'un geste ferme aux hommes et j'ordonnai : « Ouvrez ! » Je suis vraiment quelqu'un de tout à fait ordinaire ; mais il me sembla, à ce moment-là, que ma voix sonnait étrangement, et que cet ordre était le plus grandiose que j'aie donné de ma vie. Les terrassiers n'en furent nullement impressionnés, ils se mirent à creuser. Lorsqu'ils parvinrent à la cavité, je m'approchait, et jetait un coup d’œil. En effet, le cercueil avais pour ainsi dire complètement disparu. Il ne restait plus qu'un petit tas de fibres et de fragments. Mon cour battit plus vite, j'écartai précautionneusement le tout pour voir mon jeune frère. Et j'eus un choc. Couverture ouatée, vêtements, squelette, tout avait disparu. Je pensai : « Tout a pourri, et pourtant j'ai toujours entendu dire que les cheveux se conservent plus longtemps ; peut-être en reste-t-il ? » Je me penchai, fouillai là où aurait dû se trouver l'oreiller, et n'en trouvai pas trace. Il n'y avait plus rien. »

“一直挨到现在,趁着年假的闲空,我才得回南给他来迁葬。”他又喝干一杯酒,看说窗外,说,“这在那边那里能如此呢?积雪里会有花,雪地下会不冻。就在前天,我在城里买了一口小棺材,——因为我豫料那地下的应该早已朽烂了,——带着棉絮和被褥,雇了四个土工,下乡迁葬去。我当时忽而很高兴,愿意掘一回坟,愿意一见我那曾经和我很亲睦的小兄弟的骨殖:这些事我生平都没有经历过。到得坟地,果然,河水只是咬进来,离坟已不到二尺远。可怜的坟,两年没有培土,也平下去了。我站在雪中,决然的指着他对土工说,‘掘开来!’我实在是一个庸人,我这时觉得我的声音有些希奇,这命令也是一个在我一生中最为伟大的命令。但土工们却毫不骇怪,就动手掘下去了。待到掘着圹穴,我便过去看,果然,棺木已经快要烂尽了,只剩下一堆木丝和小木片。我的心颤动着,自去拔开这些,很小心的,要看一看我的小兄弟,然而出乎意外!被褥,衣服,骨骼,什么也没有。我想,这些都消尽了,向来听说最难烂的是头发,也许还有罢。我便伏下去,在该是枕头所在的泥土里仔仔细细的看,也没有。踪影全无!”

Je remarquai que le bord de ses paupières était devenu plutôt rouge, mais ce devait être l'effet du vin. S'il avait à peine touché aux plats, il avait bu sans arrêt ; il avait déjà ingurgité plus d'un livre. Maintenant son regard, ses gestes étaient plus vifs, il se mettait tout doucement à ressembler au Lü Weifu que j'avais connu. Je commandai deux autre mesures de vin, puis je me retournai, pris ma coupe et, face à lui, j'écoutai en silence tout ce qu'il avait à me dire.

我忽而看见他眼圈微红了,但立即知道是有了酒意。他总不很吃菜,单是把酒不停的喝,早喝了一斤多,神情和举动都活泼起来,渐近于先前所见的吕纬甫了,我叫堂倌再添二斤酒,然后回转身,也拿着酒杯,正对面默默的听着。

– Au fond, il n'y avait rien à transférer vraiment ; j'aurais pu niveler la terre, vendre le cercueil neuf, et alors tout était fini. Évidemment revendre le cercueil eût pu paraître un peu bizarre, cependant, à un prix suffisamment bas, la boutique où je l'avais acheté aurait pu me le reprendre ; et j'aurais eu un peu d'argent pour boire... Ce n'est pas ce que j'ai fait. J'ai mis le tout dans l nouveau cercueil que j'ai fait transporter et enterrer à côté de la tombe de mon père. Et comme j'ai fait maçonner avec des briques la cavité destinée au cercueil, toute ma journée d'hier s'est pour ainsi dire passée à surveiller le travail. Du moins, l'affaire est-elle réglée. Je pourrai donc rassurer ma mère, en lui cachant la vérité. Pourquoi me regardes-tu ainsi ? Trouves-tu que j'ai trop changé ? Oui, je me souviens que nous allions ensemble au Temple du dieu tutélaire pour y arracher la barbe des statues d'argile, et que nous discutions à longueur de journée sur les moyens d'entreprendre la réforme en Chine, jusqu'à en venir parfois aux mains. Et maintenant, voilà comme je suis, prêt à laisser aller les choses, à faire des compromis. Parfois, je me dis : « Si mes vieux amis me voyaient, ils ne m'accepteraient probablement plus comme ami. » Mais voilà à quoi je ressemble maintenant.

“其实,这本已可以不必再迁,只要平了土,卖掉棺材;就此完事了的。我去卖棺材虽然有些离奇,但只要价钱极便宜,原铺子就许要,至少总可以捞回几文酒钱来。但我不这佯,我仍然铺好被褥,用棉花裹了些他先前身体所在的地方的泥土,包起来,装在新棺材里,运到我父亲埋着的坟地上,在他坟旁埋掉了。因为外面用砖墩,昨天又忙了我大半天:监工。但这样总算完结了一件事,足够去骗骗我的母亲,使她安心些。——阿阿,你这样的看我,你怪我何以和先前太不相同了么?是的,我也还记得我们同到城隍庙里去拔掉神像的胡子的时候,连日议论些改革中国的方法以至于打起来的时候。但我现在就是这样子,敷敷衍衍,模模胡胡。我有时自己也想到,倘若先前的朋友看见我,怕会不认我做朋友了。——然而我现在就是这样。”

2012-7-1 17:22:05

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新浪微博达人勋

Il prit une autre cigarette, la porta à sa bouche, l'alluma.
– Il semble, à en juger par ton expression, que tu ne désespère pas encore de moi. Je suis évidemment plus obtus que dans le temps, mais il y a tout de même des choses que je réalise. Je te suis reconnaissant, et en même temps j'éprouve de la gêne, car je crains de ne pouvoir que décevoir les vieux amis qui mettent encore quelque espoir en moi...
Il s'interrompit, tira à plusieurs reprises sur sa cigarette, puis reprit sans hâte :
– Aujourd'hui, juste avant de venir à « La Maison de la bonne pinte », j'ai fait quelque chose de futile mais je l'ai fait avec plaisir. Un de mes vieux voisins, du côté est de ma maison, était un batelier appelé Changfu. Il avait une fille du nom de Ah Shun ; peut-être l'as-tu vue dans le temps en venant chez moi, mais tu n'as pas dû la remarquer, parce qu'elle était alors petite. Elle n'a pas embelli en grandissant, avec un visage d'un ovale ordinaire, trop maigre, et un teint terreux. Seuls ses yeux étaient remarquables, très grands, ombragés de longs cils, ils avaient la limpidité des ciels nocturnes sans nuage. Je parle du ciel du Nord, sans nuage, lorsqu'il n'y a pas de vent ; celui d'ici n'a pas cette transparence. Elle était très capable. Elle avait une dizaine d'années lorsqu'elle perdit sa mère, et c'est elle qui s'occupa de son jeune frère de sa sœur, et aussi de son père ; elle s'acquitta très bien de toutes ces tâches. Très économe, elle fit entrer petit à petit le bien-être dans la famille. Rares étaient les voisins qui ne faisaient pas son éloge, même Changfu lui exprimait souvent sa satisfaction. Quand cette fois-ci, je me mis en route pour le Sud, ma mère pensa à elle – chez les personnes âgées les souvenirs remontent loin. Elle se rappela qu'un jour Ah Shun avait aperçu quelqu'un portant une fleur en velours rouge dans les cheveux et qu'elle en avait désiré une semblable. Ne pouvant s'en procurer une, elle avait pleuré toute la nuit. Son père l'avait battue, elle avait eu les yeux rouges et gonflés pendant deux ou trois jours. Ces fleurs rouges sont fabriquées dans une autre province et ne se vendent pas à S, comment pouvait-elle espérer en obtenir jamais une ? Ma mère me dit de lui en acheter deux puisque je retournais dans le Sud.

他又掏出一支烟卷来,衔在嘴里,点了火。
“看你的神情,你似乎还有些期望我,——我现在自然麻木得多了,但是有些事也还看得出。这使我很感激,然而也使我很不安:怕我终于辜负了至今还对我怀着好意的老朋友。……”他忽而停住了,吸几口烟,才又慢慢的说,“正在今天,刚在我到这一石居来之前,也就做了一件无聊事,然而也是我自己愿意做的。我先前的东边的邻居叫长富,是一个船户。他有一个女儿叫阿顺,你那时到我家里来,也许见过的,但你一定没有留心,因为那时她还小。后来她也长得并不好看,不过是平常的瘦瘦的瓜子脸,黄脸皮;独有眼睛非常大,睫毛也很长,眼白又青得如夜的晴天,而且是北方的无风的晴天,这里的就没有那么明净了。她很能干,十多岁没了母亲,招呼两个小弟妹都靠她,又得服侍父亲,事事都周到;也经济,家计倒渐渐的稳当起来了。邻居几乎没有一个不夸奖她,连长富也时常说些感激的活。这一次我动身回来的时候,我的母亲又记得她了,老年人记性真长久。她说她曾经知道顺姑因为看见谁的头上戴着红的剪绒花,自己也想一朵,弄不到,哭了,哭了小半夜,就挨了她父亲的一顿打,后来眼眶还红肿了两三天。这种剪绒花是外省的东西,S城里尚且买不出,她那里想得到手呢?趁我这一次回南的便,便叫我买两朵去送她。

Cette commission, loin de m'ennuyer, me fit grand plaisir ; j'étais heureux de pouvoir faire quelque chose pour Ah Shun. Il y a deux ans, lorsque j'étais revenu pour prendre ma mère, un jour, j'avais trouvé Changfu chez lui et nous avions bavardé. Il m'invita à prendre un bol de gruau de sarrasin. Avec du sucre blanc, ajouta-t-il. Tu vois, une famille de batelier qui pouvait se permettre du sucre blanc n'était pas une famille pauvre ; et elle devait vraiment bien manger. Il insista tellement que j'acceptai, mais je demandai qu'on ne m'en servit qu'un petit bol. Changfu avait du savoir-vivre, il dit à Ah Shun : « Ces intellectuels n'ont pas d'appétit, sers-lui un petit bol et mets beaucoup de sucre ! » Mais j'eus un sursaut lorsqu'elle m'apporta sa préparation, car ce bol-là contenait de quoi me nourrir tout un jour ! Il est vrai que, comparé à celui de Changfu, il était petit. Je n'avais jamais mangé de gruau de sarrasin, et je trouvai affreux celui que je goûtai, quoique fort sucré. J'en avalai quelques bouchées sans y prêter attention, et j'étais décidé à m'arrêter là lorsque j'aperçus par hasard Ah Shun dans un coin éloigné de la pièce ; je n'eus plus alors le cœur de déposer mes baguettes. Il y avait à la fois de l'espoir et de la crainte sur son visage, la crainte probablement d n'avoir pas bien préparé la bouillie et l'espoir que nous la trouverions à notre goût. Je compris qu'elle serait désappointée et qu'elle se ferait des reproches si j'en laissais beaucoup dans mon bol. Je ramassai donc mon courage, ouvris grand la bouche et enfournai peu à peu le tout. Je mangeai presque aussi vite que Changfu. C'est alors que je réalisai ce qu'est se forcer à manger ; je me souviens avoir subi le même martyre quand, enfant, j'avais dû avaler un bol de cassonade additionnée de drogues contre les vers. Mais je fus amplement payé de ma peine par le sourire de satisfaction que Ah Shun essayait de réprimer en desservant, et je ne regrettai rien. Je dormais mal cette nuit-là, j'eus des cauchemars causés par cette digestion laborieuse, mais je formai des vœux de bonheur pour Ah Shun et je souhaitai que le monde changeât pour qu'elle eût une vie meilleure. De telles pensées étaient tout au plus un vertige de mes rêves de jeunesse. L'instant d'après, je me moquais de moi-même, et j'oubliai tout très vite.

“我对于这差使倒并不以为烦厌,反而很喜欢;为阿顺,我实在还有些愿意出力的意思的。前年,我回来接我母亲的时候,有一天,长富正在家,不知怎的我和他闲谈起来了。他便要请我吃点心,荞麦粉,并且告诉我所加的是白糖。你想,家里能有白糖的船户,可见决不是一个穷船户了,所以他也吃得很阔绰。我被劝不过,答应了,但要求只要用小碗。他也很识世故,便嘱咐阿顺说,‘他们文人,是不会吃东西的。你就用小碗,多加糖!’然而等到调好端来的时候,仍然使我吃一吓,是一大碗,足够我吃一天。但是和长富吃的一碗比起来,我的也确乎算小碗。我生平没有吃过荞麦粉,这回一尝,实在不可口,却是非常甜。我漫然的吃了几口,就想不吃了,然而无意中,忽然间看见阿顺远远的站在屋角里,就使我立刻消失了放下碗筷的勇气。我看她的神情,是害怕而且希望,大约怕自己调得不好,愿我们吃得有味,我知道如果剩下大半碗来,一定要使她很失望,而且很抱歉。我于是同时决心,放开喉咙灌下去了,几乎吃得和长富一样快。我由此才知道硬吃的苦痛,我只记得还做孩子时候的吃尽一碗拌着驱除蛔虫药粉的沙糖才有这样难。然而我毫不抱怨,因为她过来收拾空碗时候的忍着的得意的笑容,已尽够赔偿我的苦痛而有余了。所以我这一夜虽然饱胀得睡不稳,又做了一大串恶梦,也还是祝赞她一生幸福,愿世界为她变好。然而这些意思也不过是我的那些旧日的梦的痕迹,即刻就自笑,接着也就忘却了。

J'ignorais qu'elle avait été battue à cause d'une fleur artificielle ; lorsque ma mère me raconta la chose, je me rappelai l'histoire du gruau de sarrasin et je mis tout mon zèle à courir les magasins... Je ne trouvai rien à Taiyuan et ce n'était qu'à Jinan... »

“我先前并不知道她曾经为了一朵剪绒花挨打,但因为母亲一说起,便也记得了荞麦粉的事,意外的勤快起来了。我先在太原城里搜求了一遍,都没有;一直到济南……”

A ce moment, il y a eut un léger bruit derrière la fenêtre ; le paquet de neige qui courbait le camélia venait de tomber sur le sol. La plante s'était redressée, étalant davantage son feuillage épais et sombre, et ses fleurs rouge sang. Le ciel se plomba plus encore. Les moineaux se mirent à pépier, peut-être parce que le soir approchait et que, ne trouvant rien à manger à cause de la neige, ils rentraient plus tôt au nid.

窗外沙沙的一阵声响,许多积雪从被他压弯了的一技山茶树上滑下去了,树枝笔挺的伸直,更显出乌油油的肥叶和血红的花来。天空的铅色来得更浓,小鸟雀啾唧的叫着,大概黄昏将近,地面又全罩了雪,寻不出什么食粮,都赶早回巢来休息了。

– Ce n'est qu'à Jinan... Il regarda un moment par la fenêtre se retourna, vida une coupe de vin, tira quelques bouffées de sa cigarette et enchaîna : … que je trouvai les fleurs artificielles. Je ne savais pas si c'était pour des fleurs de ce genre-là qu'elle avait était battue, en tout cas, celles-ci étaient aussi en velours. Je ne savais pas non plus si elle préférait les teintes claires ou sombres, aussi en achetai-je une rose et une rouge, et les emportai.

“一直到了济南,”他向窗外看了一回,转身喝干一杯酒,又吸几口烟,接着说。“我才买到剪绒花。我也不知道使她挨打的是不是这一种,总之是绒做的罢了。我也不知道她喜欢深色还是浅色,就买了一朵大红的,一朵粉红的,都带到这里来。

Je suis resté un jours de plus pour m'acquitter de cette commission. Cet après-midi, j'ai été chez Changfu, juste après le déjeuner. La maison était toujours là, mais elle semblait triste ; peut-être était-ce un effet de mon imagination. Le fils et Ah Zhao, la deuxième fille, étaient sur le pas de la porte ; elle est laide comme le diable. Elle rentra précipitamment lorsqu'elle me vit approcher. Je parlai au garçon et j'appris que Changfu était sorti. « Ta sœur aînée est-elle à la maison ? » demandai-je. Il me fixa aussitôt, écarquillant les yeux : « Que lui voulez-vous ? » fit-il, l'air mauvais, comme s'il allait se jeter sur moi pour me mordre. Je répondis évasivement et m'en allai. Voilà maintenant comme je suis, je ne veux pas d'histoires...

“就是今天午后,我一吃完饭,便去看长富,我为此特地耽搁了一天。他的家倒还在,只是看去很有些晦气色了,但这恐怕不过是我自己的感觉。他的儿子和第二个女儿——阿昭,都站在门口,大了。阿昭长得全不像她姊姊,简直像一个鬼,但是看见我走向她家,便飞奔的逃进屋里去。我就问那小子,知道长富不在家。‘你的大姊呢?’他立刻瞪起眼睛,连声问我寻她什么事,而且恶狠狠的似乎就要扑过来,咬我。我支吾着退走了,我现在是敷敷衍衍……

Tu ne peux imaginer combien cela me coûte aujourd'hui de faire des visites. Je sais parfaitement bien que je suis indésirable, j'en suis même arrivé à me détester, alors, pourquoi imposer ma personne à d'autres ? Mais cette fois, je sentais que je devais m'acquitter de ma commission, et après réflexion, je revins sur mes pas pour m'adresser au marchand de bois situé en face de la maison de Changfu. Grand-mère Fa, la mère du patron, était là ; elle me reconnut, m'invita à entrer et à m'asseoir. Après quelques politesse, je lui dis pourquoi, revenu à S., je tenais à voir Changfu. Je restai tout interdit lorsqu'elle soupira : « Ah Shun n'aura pas la chance de porter les fleurs que vous lui apportez... »

“你不知道,我可是比先前更怕去访人了。因为我已经深知道自己之讨厌,连自己也讨厌,又何必明知故犯的去使人暗暗地不快呢?然而这回的差使是不能不办妥的,所以想了一想,终于回到就在斜对门的柴店里。店主的母亲,老发奶奶,倒也还在,而且也还认识我,居然将我邀进店里坐去了。我们寒暄几句之后,我就说明了回到S城和寻长富的缘故。不料她叹息说:‘可惜顺姑没有福气戴这剪绒花了。’”

Et elle me raconta toute l'histoire en détail. Au printemps dernier, Ah Shun s'était mise à devenir pâle et maigre. Plus tard, elle fondait brusquement en larmes et elle ne répondait pas lorsqu'on lui en demandait la cause. Parfois, elle pleurait même des nuits entières, elle pleurait jusqu'à ce que Changfu se fâchât et l'insultât en lui disant qu'elle avait trop tardé à se marier et qu'elle en devenait folle. Quand l'automne fut là, elle attrapa d'abord un refroidissement, puis elle dut s'aliter et ne se releva plus. Quelques jours seulement avant sa mort, elle confia à son père qu'elle était depuis longtemps devenue comme sa mère, elle crachait souvent du sang et elle avait des sueurs la nuit. Elle n'en avait rien dit, pour ne pas l'inquiéter. Un soir que son oncle Changgeng était venu lui demander de l'argent, comme cela lui arrivait souvent, elle avait refusé de lui en donner. Il avait eu alors un sourire méprisant et lui avait dit : « Ne fais pas la fière ; ton futur vaut encore moins que moi. » Elle en avait été remuée, mais trop timide pour poser des questions, elle ne faisait que pleurer. Dès que Changfu fut au courant, il lui dit que son futur mari était au contraire très comme il faut ; mais était trop tard. De plus, elle ne le croyait pas ; elle disait : « C 'est bien que je sois déjà dans cet état, plus rien n'a d'importance. »

“她于是详细的告诉我,说是‘大约从去年春天以来,她就见得黄瘦,后来忽而常常下泪了,问她缘故又不说;有时还整夜的哭,哭得长富也忍不住生气,骂她年纪大了,发了疯。可是一到秋初,起先不过小伤风,终于躺倒了,从此就起不来。直到咽气的前几天,才肯对长富说,她早就像她母亲一样,不时的吐红和流夜汗。但是瞒着,怕他因此要担心,有一夜,她的伯伯长庚又来硬借钱,——这是常有的事,——她不给,长庚就冷笑着说:你不要骄气,你的男人比我还不如!她从此就发了愁,又伯羞,不好问,只好哭。长富赶紧将她的男人怎样的挣气的话说给她听,那里还来得及?况且她也不信,反而说:好在我已经这样,什么也不要紧了。’”

La vieille ajouta : « Si vraiment son futur avait été pire que Changgeng, ç'aurait été effrayant ! Pire qu'un voleur de basse-cour ! Quel homme ce pouvait être ? Mais je l'ai vu moi-même le jour des funérailles ; ses vêtements étaient propres et il présentait bien. Il déclara, les larmes aux yeux, qu'il avait travaillé durement pendant toutes les années sur sa barque pour avoir des économies en vue de pouvoir se marier et voilà, maintenant, que la jeune fille était morte ! C'était certainement un brave homme et tout ce qu'avait débité Changgeng n'était que mensonge. Malheureusement, Ah Shun a cru ce sale voleur et elle est morte pour rien. Cependant nul ne doit être blâmé, car tel devait être le destin de Ah Shun. »

“她还说,‘如果她的男人真比长庚不如,那就真可怕呵!比不上一个偷鸡贼,那是什么东西呢?然而他来送殓的时候,我是亲眼看见他的,衣服很干净,人也体面;还眼泪汪汪的说,自己撑了半世小船,苦熬苦省的积起钱来聘了一个女人,偏偏又死掉了。可见他实在是一个好人,长庚说的全是诳。只可惜顺姑竟会相信那样的贼骨头的诳话,白送了性命。——但这也不能去怪谁,只能怪顺姑自己没有这一份好福气。’”

Ma tâche était donc terminée. Mais que faire des deux fleurs de velours ? Autant demander à la grand-mère Fa de les remettre à Ah Zhao... Celle-ci s'était sauvée en me voyant, comme si j'avais été un loup ou quelque monstre ; en réalité, je n'avais vraiment pas envie de lui faire cadeau des fleurs, mais je l'ai fait quand même. Je dirai à ma mère que Ah Shun a été enchantée. D'ailleurs, qui se préoccupe encore de pareilles futilités ? Il n'y a qu'à regarder tout cela avec indifférence. Quand j'aurais passé le Nouvel An, je retournerai à l'enseignement des classiques confucéens. »

“那倒也罢,我的事情又完了。但是带在身边的两朵剪绒花怎么办呢?好,我就托她送了阿昭。这阿昭一见我就飞跑,大约将我当作一只狼或是什么,我实在不愿意去送她。——但是我也就送她了,母亲只要说阿顺见了喜欢的了不得就是。这些无聊的事算什么?只要模模胡胡。模模胡胡的过了新年,仍旧教我的‘子曰诗云’去。”

– Est-ce cela que tu enseignes ? Demandai-je, étonné.
– Évidemment. Croyais-tu que j'enseignais l'anglais ? J'avais d'abord deux élèves, l'un pour le Livre des Odes, l'autre pour le Mencius. Dernièrement, j'en ai eu un de plus une jeune fille, qui étudie le Livre de la Jeune fille. Je n'enseigne pas les mathématiques, non que je ne le veuille pas, mais on n'y tient pas.
– Je n'aurais jamais cru que tu enseignerais de tels livres.
– Le père veut qu'ils les étudient ; je leur suis étranger, et cela m'est égal. Qui se soucie de pareilles futilités ? Nul besoin de prendre ces choses au sérieux.

“你教的是‘子曰诗云’么?”我觉得奇异,便问。
“自然。你还以为教的是ABCD么?我先是两个学生,一个读《诗经》,一个读《孟子》。新近又添了一个,女的,读《女儿经》。连算学也不教,不是我不教,他们不要教。”
“我实在料不到你倒去教这类的书,……”
“他们的老子要他们读这些,我是别人,无乎不可的。这些无聊的事算什么?只要随随便便,……”

Il était devenu écarlate, comme s'il avait trop bu, mais dans ses yeux la flamme s'était éteinte. Je soupirai discrètement, et demeurai un moment sans rien trouver à dire. Puis il y eut du bruit dans l'escalier, plusieurs clients arrivèrent : le premier était court, il avait le visage rond et bouffi ; le deuxième était élancé, il avait un imposant nez rouge. D'autres suivaient, et leurs pas faisaient vibrer le plancher. Je me tournai vers Lü Weifu qui essayait de saisir mon regard. Je demandai l'addition.

他满脸已经通红,似乎很有些醉,但眼光却又消沉下去了。我微微的叹息,一时没有话可说。楼梯上一阵乱响,拥上几个酒客来:当头的是矮子,拥肿的圆脸;第二个是长的,在脸上很惹眼的显出一个红鼻子;此后还有人,一叠连的走得小楼都发抖。我转眼去看吕纬甫,他也正转眼来看我,我就叫堂倌算酒账。

– Ton salaire te permet-il de vivre ? Demandai-je en me préparant à partir.
– J'ai vingt yuan par mois, pas tout à fait assez pour m'en tirer.
– Que comptes-tu faire plus tard ?
– Plus tard ? Je ne sais pas. Tu vois que rien ne s'est réalisé selon les espoirs que nous formulions jadis. Aujourd'hui, je ne suis sûr de rien, même pas de ce que je ferai demain, ni dans la minute qui viens...

“你借此还可以支持生活么?”我一面准备走,一面问。
“是的。——我每月有二十元,也不大能够敷衍。”
“那么,你以后豫备怎么办呢?”
“以后?——我不知道。你看我们那时豫想的事可有一件如意?我现在什么也不知道,连明天怎样也不知道,连后一分……”

Le serveur apporta l'addition et me la remit. Lü Weifu ne fit pas de manière comme au début ; il me lança un regard, continua de fumer et me laissa payer.

堂倌送上账来,交给我;他也不像初到时候的谦虚了,只向我看了一眼,便吸烟,听凭我付了账。

Nous sortîmes de l'estaminet et, nos logements respectifs se trouvant dans des directions opposées, nous nous quittâmes sur le seuil. Je me dirigeai vers mon hôtel ; le vent glacial m'envoyait de la neige au visage, mais cela me réconforta. Déjà le ciel s'assombrissait. Il semblait pris avec les toits, les maisons et les rues dans la trame mouvante et immaculée de la neige.

我们一同走出店门,他所住的旅馆和我的方向正相反,就在门口分别了。我独自向着自己的旅馆走,寒风和雪片扑在脸上,倒觉得很爽快。见天色已是黄昏,和屋宇和街道都织在密雪的纯白而不定的罗网里。

16 février 1924


一九二四年二月一六日


2012-7-1 17:22:40

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第五篇:《阿Q正传》(按章连载),摘自《Littérature chinoise》, 1977年,5,6月合刊

Chapitre premier
第一章
Introduction:

Voilà plusieurs années que je veux raconter la véritable histoire de Ah Q. Mais il me suffit d'y songer un peu sérieusement pour voir que je ne suis pas homme à « m'immortaliser par mes écrits » ; or, ce sont par définition les œuvres immortelles qui parlent de héros immortels, l'homme survivant grâce au texte et le texte grâce à l'homme – si bien qu'on finit par ne plus trop savoir lequel perpétue le souvenir de l'autre ; et, pour en revenir à l'histoire de Ah Q, je me demande quel démon me pousse à vouloir la raconter.

我要给阿Q做正传,已经不止一两年了。但一面要做,一面又往回想,这足见我不是一个“立言”的人,因为从来不朽之笔,须传不朽之人,于是人以文传,文以人传——究竟谁靠谁传,渐渐的不甚了然起来,而终于归接到传阿Q,仿佛思想里有鬼似的。

Pourtant, dès que je veux tracer le premier mot de ce non-immortel récit, je me heurte à d'innombrables difficultés. La première concerne le titre. Comme dit Confucius : « Si le nom n'est pas adéquat, le langage est incohérent ». Et il convient de s'y conformer à la lettre. Or il y a toutes sortes de noms possibles pour une biographie : biographie officielle d'histoire dynastique, autobiographie, biographie autorisée, légende, faits et gestes, chronique familiale, esquisse biographique... mais malheureusement, rien de tout cela ne convient. « Biographie officielle ? » Mon personnage ne peut figurer dans une histoire dynastique à côté de tant de personnage illustres. « Autobiographie ? » Je ne suis pas Ah Q, je le garantis ! « Biographie autorisée ? » Y en a-t-il qui ne le soient pas ? « Légende ? » Ah Q n'est sûrement pas un être surnaturel. « Faits et gestes ? » On ne peut s'inspirer d'aucune « dossier biographique » de Ah Q. Commandé par quelque chef d’État à une commission nationale d'historiens – encore qu'en Angleterre, où il n'y a pas d'historiographie officielle, le grand Dickens ait écrit Faits et gestes d'un joueur ; mais ce que est admissible chez un génie ne l'est pas chez ceux de mon espèce. Reste la « Chronique familiale », mais je sais pas si Ah Q et moi sommes parents et je n'ai pas été sollicité par ses descendants. Et il y enfin l'« esquisse biographique », mais encore faudrait-il que Ah Q ait une « biographie complète ». En conclusion, disons que ce récit serait plutôt un « dossier biographique » mais, comme il est écrit dans la langue des « tireurs de pousses et porteurs de palanches », le style en est trop vulgaire pour que je me permette de lui donner un titre aussi respectable. C'est donc vers les romanciers mis au ban des « trois doctrines religieuses » et des « neuf écoles orthodoxes » que je vais me tourner et extraire de l'une de leur formules rituelle, « Assez d'histoires, revenons à notre véritable histoire », le titre de ce récit ; et s'il prête à confusion avec celui d'un ouvrage de la plus pure tradition, La véritable histoire de la calligraphie, et bien, tant pis !

然而要做这一篇速朽的文章,才下笔,便感到万分的困难了。第一是文章的名目。孔子曰,“名不正则言不顺”。这原是应该极注意的。传的名目很繁多:列传,自传,内传,外传,别传,家传,小传……,而可惜都不合。“列传”么,这一篇并非和许多阔人排在“正史”里;“自传”么,我又并非就是阿Q。说是“外传”,“内传”在那里呢?倘用“内传”,阿Q又决不是神仙。“别传”呢,阿Q实在未曾有大总统上谕宣付国史馆立“本传”——虽说英国正史上并无“博徒列传”,而文豪迭更司也做过《博徒别传》这一部书,但文豪则可,在我辈却不可。其次是“家传”,则我既不知与阿Q是否同宗,也未曾受他子孙的拜托;或“小传”,则阿Q又更无别的“大传”了。总而言之,这一篇也便是“本传”,但从我的文章着想,因为文体卑下,是“引车卖浆者流”所用的话,所以不敢僭称,便从不入三教九流的小说家所谓“闲话休题言归正传”这一句套话里,取出“正传”两个字来,作为名目,即使与古人所撰《书法正传》的“正传”字面上很相混,也顾不得了。

La seconde difficulté, c'est que lorsqu'on écrit la biographie de quelqu'un, l'usage est de commencer par « Un tel, appelé... originaire de ... », et que j'ignore le nom de famille de Ah Q. On put croire, l'espace d'un jour, qu'il s'appelait Tchao, mais le lendemain rien n'était moins sûr. C'était au moment où le fils de Monsieur Tchao fut promu « Lauréat cantonal » ; lorsque la nouvelle parvint au village, orchestrée de coup de gongs, Ah Q, qui venait de boire deux bols de vin jaune, déclara en dansant de joie que la gloire en rejaillissait sur lui, car il était un parent de Monsieur Tchao, et même, pour être précis, de la génération du grand-père du Lauréat cantonal.

第二,立传的通例,开首大抵该是“某,字某,某地人也”,而我并不知道阿Q姓什么。有一回,他似乎是姓赵,但第二日便模糊了。那是赵太爷的儿子进了秀才的时候,锣声镗镗的报到村里来,阿Q正喝了两碗黄酒,便手舞足蹈的说,这于他也很光采,因为他和赵太爷原来是本家,细细的排起来他还比秀才长三辈呢。

Ceux qui l'entendirent éprouvèrent sur le moment quelque respect pour lui ; mais ô surprise, le lendemain, le garde-champêtre somma Ah Q de se rendre chez Monsieur Tchao ; à sa vue, celui-ci la face apoplectique, se mit à hurler :
– Ah Q, misérable, tu racontes que je suis ton parent ?
Ah Q n'ouvrit pas la bouche.
Monsieur Tchao, de plus en plus furieux, se précipita sur lui :
– Tu oses dire des inepties pareilles ? Toi, mon parent, mais c'est inconcevable ! T'appellerais-tu Tchao, par hasard ?
Ah Q n'ouvrit pas la bouche ; il voulut reculer mais Monsieur Tchao fit d'un bond sur lui et le gifla.
– Toi, t'appeler Tchao, inimaginable ! Tu ne t'es pas regardé !

其时几个旁听人倒也肃然的有些起敬了。那知道第二天,地保便叫阿Q到赵太爷家里去;太爷一见,满脸溅朱,喝道:

“阿Q,你这浑小子!你说我是你的本家么?”

阿Q不开口。

赵太爷愈看愈生气了,抢进几步说:“你敢胡说!我怎么会有你这样的本家?你姓赵么?”

阿Q不开口,想往后退了;赵太爷跳过去,给了他一个嘴巴。

“你怎么会姓赵!——你那里配姓赵!”

Ah Q ne chercha pas à prétendre qu'il s'appelait réellement Tchao, et la main sur la joue gauche, il sortit à la suite du garde-champêtre ; une fois dehors, il dut écourter ses exhortations peu amènes et l'en remercier par un pourboire de deux cents sapèques. De l'avis des gens au courant de l'incident, Ah Q exagérait et n'avait eu que ce qu'il méritait ; il n'y avait pas de raison qu'il s'appelle Tchao, et même s'il disait la vérité, il n'avait pas à la proclamer à tort et à travers, avec Monsieur Tchao au village. Et comme par la suite, personne plus jamais ne mentionna la famille de Ah Q, je n'ai jamais su son véritable nom.

阿Q并没有抗辩他确凿姓赵,只用手摸着左颊,和地保退出去了;外面又被地保训斥了一番,谢了地保二百文酒钱。知道的人都说阿Q太荒唐,自己去招打;他大约未必姓赵,即使真姓赵,有赵太爷在这里,也不该如此胡说的。此后便再没有人提起他的氏族来,所以我终于不知道阿Q究竟什么姓。

Troisièmement, je ne sais pas comment écrire le prénom Ah Q. De son vivant, on l'appelait « Ah Quei ! », mais après sa mort, on n'a plus prononcé son nom, et on l'a encore moins « transcrit sur le bambou et la soie ». S'il doit l'être dans ce récit, c'est sans doute pour la premier obstacle. Ce n'est pourquoi je suis arrêté d'emblée par ce premier obstacle. Ce n'est pas faute d'y avoir réfléchi : Ah Quei, c'est-à-dire « Ah le Laurier », ou « Ah le Noble ? » S'il avait eu pour surnom «  Le lunatique », ou fêté son anniversaire au huitième mois, ce serait certainement « Ah le Laurier ». Mais il n'avait pas de surnom – même s'il en avait un, personne ne le saurait – et son anniversaire n'a jamais été l'occasion d'échanges épistolaires. Il serait donc arbitraire d'écrire « Ah le Laurier ». D'autre part, s'il avait eu un frère, plus âgé ou plus jeune, nommé « Ah le Riche », lui serait certainement « Ah le Noble » ; mais comme il était seul au monde, rien ne le prouve. Quand aux autres noms se prononçant Quei, ils sont rares, et il est encore plus superflu d'en parler. Dans le temps, j'ai posé la question au fils de Monsieur Tchao, le Lauréat cantonal, et, à ma grande surprise, un savant aussi distingué que lui est resté bredouille ; il en a néanmoins conclu que si l'on n'avait plus aucun point de référence, c'est parce que Tchen Tou-sieou sabotait la culture nationale en prônant l'alphabet occidental dans la revue Nouvelle Jeunesse.
En dernier recours, j'ai demandé à quelqu'un du canton de consulter les minutes du procès de Ah Q ; il ne m'a répondu qu'au bout de huit mois, pour me dire qu'il n'avait pas trouvé trace d'un nom de cette consonance. Peu importe qu'il dise vrai, ou qu'il n'ait pas cherché, je ne peux rien faire de plus. Comme je crains que les nouveaux symboles phonétiques ne soient pas encore très répandus, je préfère me servir de l'alphabet latin et écrire, selon l'orthographe anglais, « Ah Quei », que j'abrège en « Ah Q ». Je m'excuse d'avoir l'air de suivre aveuglément les consignes de Nouvelle Jeunesse mais, quand un Lauréat cantonal a avoué son ignorance, vais-je prétendre savoir mieux que lui ?

第三,我又不知道阿Q的名字是怎么写的。他活着的时候,人都叫他阿Quei,死了以后,便没有一个人再叫阿Quei了,那里还会有“著之竹帛”的事。若论“著之竹帛”,这篇文章要算第一次,所以先遇着了这第一个难关。我曾仔细想:阿Quei,阿桂还是阿贵呢?倘使他号月亭,或者在八月间做过生日,那一定是阿桂了;而他既没有号——也许有号,只是没有人知道他,——又未尝散过生日征文的帖子:写作阿桂,是武断的。又倘使他有一位老兄或令弟叫阿富,那一定是阿贵了;而他又只是一个人:写作阿贵,也没有佐证的。其余音Quei的偏僻字样,更加凑不上了。先前,我也曾问过赵太爷的儿子茂才先生,谁料博雅如此公,竟也茫然,但据结论说,是因为陈独秀办了《新青年》提倡洋字,所以国粹沦亡,无可查考了。我的最后的手段,只有托一个同乡去查阿Q犯事的案卷,八个月之后才有回信,说案卷里并无与阿Quei的声音相近的人。我虽不知道是真没有,还是没有查,然而也再没有别的方法了。生怕注音字母还未通行,只好用了“洋字”,照英国流行的拼法写他为阿Quei,略作阿Q。这近于盲从《新青年》,自己也很抱歉,但茂才公尚且不知,我还有什么好办法呢。

Quatrième point d'interrogation, le lieu d'origine de sa famille. S'il s'était appelé Tchao, j'aurais pu consulter Les cents noms de famille et leur district d'origine, et y trouver qu'il était originaire de « Tien-chouei, province du Kansou » ; l'ignorance où nous sommes de son nom est donc d'autant plus regrettable qu'elle nous empêche de situer son lieu de naissance. Bien qu'il ait passé une grande partie de sa vie au village de Weichouang, il a aussi séjourné en d'autre endroits, rien ne permet de dire qu'il y est né ; l'affirmer serait contraire à l'objectivité historique.

第四,是阿Q的籍贯了。倘他姓赵,则据现在好称郡望的老例,可以照《郡名百家姓》上的注解,说是“陇西天水人也”,但可惜这姓是不甚可靠的,因此籍贯也就有些决不定。他虽然多住未庄,然而也常常宿在别处,不能说是未庄人,即使说是“未庄人也”,也仍然有乖史法的。

Ma seule consolation, c'est que le caractère du « Ah » est parfaitement correct, on ne peut le traiter d'emprunt hasardeux et même le plus savant docteur n'y trouverait rien à redire.
Pour le reste, ce n'est pas un être aussi inculte que moi qui résoudra l'énigme ; je ne puis qu'espérer que les disciples du professeur Hou Che, ce « fou d'histoire et de critique textuelle », trouveront un jour la solution, mais à ce moment, je le crains, il ne restera plus trace de ma Véritable histoire de Ah Q.

我所聊以自慰的,是还有一个“阿”字非常正确,绝无附会假借的缺点,颇可以就正于通人。至于其余,却都非浅学所能穿凿,只希望有“历史癖与考据癖”的胡适之先生的门人们,将来或者能够寻出许多新端绪来,但是我这《阿Q正传》到那时却又怕早经消灭了。

Et voilà pour l'introduction.

以上可以算是序。
2012-7-5 18:22:53

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Chapitre deux
第二章
A chacun sa victoire
优胜纪略
Notre ignorance ne se limite pas au nom de famille et au lieu de naissance de Ah Q, nous ne savons rien non plus de son « passé ». Pour les gens de Weichouang, Ah Q n'était qu'un domestique occasionnel ou une cible pour leurs plaisanteries et ils se souciaient fort peu de son passé. Ah Q lui-même n'en parlait d'ailleurs pas, sauf qu'il pouvait arriver qu'au cours d'une dispute, il déclare en toisant son adversaire :
– Nous étions bien plus riches que toi... dans le temps. Pour qui te prends-tu ?

阿Q不独是姓名籍贯有些渺茫,连他先前的“行状”也渺茫。因为未庄的人们之于阿Q,只要他帮忙,只拿他玩笑,从来没有留心他的“行状”的。而阿Q自己也不说,独有和别人口角的时候,间或瞪着眼睛道:
“我们先前——比你阔的多啦!你算是什么东西!”

Ah Q n'avait pas de domicile fixe et habitait dans le Temple du dieu tutélaire de Weichouang. Il n'avait pas davantage de métier régulier, faisant de menus travaux chez les uns ou chez les autres ; s'ils avaient du blé à couper, il coupait du blé ; du riz à piler, il pilait du riz ; un bateau à haler, il halait un bateau. Il lui arrivait de s'installer chez son maître temporaire quand le travail devait durer quelque temps, mais il s'en allait aussitôt qu'il avait terminé. Ainsi, les gens pensaient bien à Ah Q quand la besogne pressait, mais c'était à son travail présent qu'ils pensaient, et non à son passé ; dès qu'ils n'avaient plus rien à faire, ils avait vite oublié Ah Q et, à plus forte raison, son passé. Une fois pourtant, mais ce fut bien la seule, un vieillard parla de lui, sur un ton élogieux : « Ah Q fait du bon travail ! » Ah Q, qui se tenait justement devant lui, torse nu, apathique et maigre comme un clou, s'en montra tout heureux, tandis que d'autre se demandaient si c'était sincère ou ironique.

阿Q没有家,住在未庄的土谷祠里;也没有固定的职业,只给人家做短工,割麦便割麦,舂米便舂米,撑船便撑船。工作略长久时,他也或住在临时主人的家里,但一完就走了。所以,人们忙碌的时候,也还记起阿Q来,然而记起的是做工,并不是“行状”;一闲空,连阿Q都早忘却,更不必说“行状”了。只是有一回,有一个老头子颂扬说:“阿Q真能做!”这时阿Q赤着膊,懒洋洋的瘦伶仃的正在他面前,别人也摸不着这话是真心还是讥笑,然而阿Q很喜欢。

Ah Q, du reste, avait fort bonne opinion de lui-même et englobait dans une même mépris toute la population de Weitchouang ; pour comble, il n'aurait même pas gratifié d'un sourire les deux « aspirants-lettrés » qui seraient sans doute un jour « Lauréat cantonal » ; or, si Monsieur Tchao et Monsieur Tsien étaient si respectés dans le village, ce n'était pas seulement pour leur argent, mais aussi parce qu'ils étaient le père d'un « aspirant-lettré ». Seul Ah Q ne semblaient pas disposé à leur témoigner un respect exceptionnel : « Mes fils iront peut-être beaucoup plus loin », se disait-il. Et, naturellement, après être allé quelquefois à la ville, Ah Q eut encore meilleure opinion de lui-même, sans pour autant tenir les gens de la ville en très haute estime ; par exemple, une planche de bois arrangée pour faire un siège, on appelait cela un « petit banc » à Weitchouang, et c'est ainsi qu'il disait lui-même, mais, à la ville, ils l'appelaient un « tabouret » ; « Ils n'y connaissent rien, c'est ridicule ! » se disait-il. Autre exemple, pour faire frire le poisson, à Weitchouang, on coupait des tiges de ciboule en morceaux d'un demi-pouce, mais à la ville, la ciboule était hachée menu : « Ils n'y connaissent rien, c'est ridicule ! » se disait-il. Mais les gens de Weichouang, ces rustres qui n'étaient jamais sortis de leur trou, étaient encore plus ridicules, car ils n'avaient même pas vu le ridicule poisson frit de la ville !

阿Q又很自尊,所有未庄的居民,全不在他眼神里,甚而至于对于两位“文童”也有以为不值一笑的神情。夫文童者,将来恐怕要变秀才者也;赵太爷钱太爷大受居民的尊敬,除有钱之外,就因为都是文童的爹爹,而阿Q在精神上独不表格外的崇奉,他想:我的儿子会阔得多啦!加以进了几回城,阿Q自然更自负,然而他又很鄙薄城里人,譬如用三尺三寸宽的木板做成的凳子,未庄人叫“长凳”,他也叫“长凳”,城里人却叫“条凳”,他想:这是错的,可笑!油煎大头鱼,未庄都加上半寸长的葱叶,城里却加上切细的葱丝,他想:这也是错的,可笑!然而未庄人真是不见世面的可笑的乡下人呵,他们没有见过城里的煎鱼!

Ah Q, donc, « avait été riche... dans le temps », il « faisait du bon travail » et de plus, avait beaucoup d'expérience : il aurait été quasiment un « homme accompli » s'il n'avait eu à déplorer quelques imperfections physiques. La plus irritante se situait sur son crâne, où des teignes ramassées on ne sait quand avaient laissé des croûtes luisantes. Elles avaient beau être sur sa propre tête, cela ne suffisant pas à les ennoblir aux yeux de Ah Q ; aussi avait-il banni de son vocabulaire le mot « teigne » pour commencer, plus d'autres, tels que « ver luisant » en particulier ; puis il étendit le tabou à « luire », « briller », etc, et finit pas proscrire même des mots tels que « lampe » ou « bougie ». Quand le tabou était violé, intentionnellement ou non, Ah Q, rouge de colère jusqu'aux croûtes de son crâne, jaugeait l'offenseur, l'injuriant s'il n'avait pas la langue bien pendue, lui tapant dessus s'il avait l'air peu dégourdi. Mais on n'a jamais su pourquoi, c'était le plus souvent Ah Q qui avait le dessous. Aussi changea-t-il progressivement de tactique pour adopter celle du regard assassin.

阿Q“先前阔”,见识高,而且“真能做”,本来几乎是一个“完人”了,但可惜他体质上还有一些缺点。最恼人的是在他头皮上,颇有几处不知于何时的癞疮疤。这虽然也在他身上,而看阿Q的意思,倒也似乎以为不足贵的,因为他讳说“癞”以及一切近于“赖”的音,后来推而广之,“光”也讳,“亮”也讳,再后来,连“灯”“烛”都讳了。一犯讳,不问有心与无心,阿Q便全疤通红的发起怒来,估量了对手,口讷的他便骂,气力小的他便打;然而不知怎么一回事,总还是阿Q吃亏的时候多。于是他渐渐的变换了方针,大抵改为怒目而视了。

Cette conversion de Ah Q à l' « homicide oculaire » eut un effet inattendu : les badauds de Weichouang prirent encore plus de plaisir à le taquiner. Dès qu'ils le voyaient, ils s'écriaient, feignant la surprise :
– Oh, il y a de la lumière par ici ?
Invariablement furieux, Ah Q leur répondait par un regard assassin. Mais ils étaient intrépides :
– Ah oui, c'est une lampe-tempête !
Ah Q ne pouvait se dispenser de trouver une réplique vengeresse :
« Vous ne valez même pas... » Dans ces moments cruciaux, il lui semblait que ses teignes à lui étaient d'une race supérieure, sans rapport avec teignes communes ; mais, comme on l'a dit plus haut, Ah Q était un homme de grande expérience, et il préférait se taire, se rendant compte à temps qu'il allait violer un tabou.

谁知道阿Q采用怒目主义之后,未庄的闲人们便愈喜欢玩笑他。一见面,他们便假作吃惊的说:哙,亮起来了。”
阿Q照例的发了怒,他怒目而视了。
“原来有保险灯在这里!”他们并不怕。
阿Q没有法,只得另外想出报复的话来:
“你还不配……”这时候,又仿佛在他头上的是一种高尚的光容的癞头疮,并非平常的癞头疮了;但上文说过,阿Q是有见识的,他立刻知道和“犯忌”有点抵触,便不再往底下说。

Les badauds ne l'en tenaient pas quitte pour autant et ne cessaient de taquiner que pour lui taper dessus. Quand, selon toute apparence, Ah Q était vaincu, c'est-à-dire avait été traîné par la natte et eu la tête projetée quatre ou cinq fois contre un mur, les badauds s'en allaient enfin, satisfaits de leur victoire ; Ah Q restait un instant sur les lieux : « C'est comme si les fils battaient leur père », se disait-il, « le monde est à l'envers ! » Puis il s'en allait, lui aussi satisfait de sa victoire.

闲人还不完,只撩他,于是终而至于打。阿Q在形式上打败了,被人揪住黄辫子,在壁上碰了四五个响头,闲人这才心满意足的得胜的走了,阿Q站了一刻,心里想,“我总算被儿子打了,现在的世界真不像样……”于是也心满意足的得胜的走了。

Ah Q finissait toujours par dire tout haut ce qu'il pensait, aussi ceux qui le taquinaient connurent bientôt sa recette pour remporter des victoires morales et, chaque fois qu'ils l'attrapaient par la natte, aussitôt ils lui disaient :
– Ah Q, là ce n'est pas un fils qui bat son père, mais un homme qui bat une bête. Répète : un homme qui bat une bête.
Tenant le haut de sa natte à deux mains, la tête tordue, Ah Q répondait :
– Qui bat un insecte, ça va ? Je suis un insecte, lâchez-moi !
Tout insecte qu'il était, les badauds ne le lâchaient pas avant d'avoir fait sonner sa tête cinq ou six fois de suite contre l'obstacle le plus proche : après quoi ils s'en allaient, satisfaits de leur victoire et persuadés que, cette fois, Ah Q avait eu son compte. Mais dix secondes ne s'étaient pas écoulées que Ah Q s'en allait à son tour, satisfait lui aussi de sa victoire, avec le sentiment bien ancré d'être le premier pour ce qui est de se dénigrer et, à condition d'oublier en quoi, d'être « le premier » tout court ; n'y a-t-il pas « le premier » aux examens ? « Tous des moins que rien ! »

阿Q想在心里的,后来每每说出口来,所以凡是和阿Q玩笑的人们,几乎全知道他有这一种精神上的胜利法,此后每逢揪住他黄辫子的时候,人就先一着对他说:
“阿Q,这不是儿子打老子,是人打畜生。自己说:人打畜生!”
阿Q两只手都捏住了自己的辫根,歪着头,说道:
“打虫豸,好不好?我是虫豸——还不放么?”
但虽然是虫豸,闲人也并不放,仍旧在就近什么地方给他碰了五六个响头,这才心满意足的得胜的走了,他以为阿Q这回可遭了瘟。然而不到十秒钟,阿Q也心满意足的得胜的走了,他觉得他是第一个能够自轻自贱的人,除了“自轻自贱”不算外,余下的就是“第一个”。状元⒆不也是“第一个”么?“你算是什么东西”呢!?

Après avoir eu raison de l'ennemi par d'aussi subtils stratagèmes, Ah Q courait allègrement au cabaret, y buvait quelques bols de vin, plaisantait un coup avec les gens, se disputait un coup, remportait une victoire, rentrait allègrement au Temple du dieu tutélaire et s'en dormait aussitôt la tête sur l'oreiller. S'il avait de l'argent, il allait le risquer au jeu ; il se frayait une place au milieu des gens accroupis sur le sol, suant à grosses gouttes, et criait de toutes ses forces :
– Quatre cents sur le Dragon vert !
– Allons … Ouvrons... psalmodiait le croupier, ruisselant de sueur lui aussi, en soulevant le couvercle de la caisse. Port du ciel... Retour au coin... Passage de la popularité :; néant... Passez les sapèques de Ah Q...
Au rythme de la mélopée, les sapèques de Ah Q passaient peu à peu dans d'autres poches, tandis que tout le monde suait à grosses gouttes. Venait le moment où il ne lui restait plus qu'à se frayer un chemin hors de la foule, mais il s'attardait à regarder de loin, s'excitant sur le jeu des autres, jusqu'à la fin de la séance ; puis il rentrait à contrecœur dans son temple, et le lendemain, il avait les yeux gonflés en allant au travail.

阿Q以如是等等妙法克服怨敌之后,便愉快的跑到酒店里喝几碗酒,又和别人调笑一通,口角一通,又得了胜,愉快的回到土谷祠,放倒头睡着了。假使有钱,他便去押牌宝,一推人蹲在地面上,阿Q即汗流满面的夹在这中间,声音他最响:
“青龙四百!”
“咳……开……啦!”桩家揭开盒子盖,也是汗流满面的唱。“天门啦……角回啦……!人和穿堂空在那里啦……!阿Q的铜钱拿过来……!”
“穿堂一百——一百五十!”
阿Q的钱便在这样的歌吟之下,渐渐的输入别个汗流满面的人物的腰间。他终于只好挤出堆外,站在后面看,替别人着急,一直到散场,然后恋恋的回到土谷祠,第二天,肿着眼睛去工作。

Mais, comme dit le proverbe, « Cheval perdu porte bonheur », nul ne sait comment tourne la chance ; une fois, Ah Q eut le malheur de gagner, ce qui faillit le perdre.

但真所谓“塞翁失马安知非福”罢,阿Q不幸而赢了一回,他倒几乎失败了。

C'était le soir de la Fête des sacrifices aux dieux ; selon la coutume, on donnait un spectacle, et, selon la coutume également, on avait installé des tables de jeu tout près de la scène. Ah Q entendait aussi peu les tambours et les gongs que si la scène avait été à dix li de là, il n'avait d'oreilles que pour le chant des croupiers. Il gagna plusieurs fois coup sur coup, les sapèques de cuivre devenaient des pièces d'argent, les pièces d'argent des dollars, et les dollars s'empilaient. Il ne se sentait plus de joie :
– Deux dollars sur la Porte du ciel !
Une bagarre éclata : qui contre qui ? Pourquoi ? Il ne le sut jamais. Il resta hébété dans un brouhaha d'insultes, de coups, de piétinements, et quand il se releva enfin, les tables et les joueurs avaient disparu, il avait mal à différents endroits comme s'il avait reçu des coups de poings ou de pieds et les gens le regardaient sans avoir l'air de comprendre. Il rentra dans son temple avec le sentiment qu'il lui manquait quelque chose, et quand il eut repris ses esprits, il sut que c'était sa pile de dollars. Comme la plupart des bonimenteurs qui venaient pour les fêtes n'étaient pas du village, où chercher le coupable ?

这是未庄赛神的晚上。这晚上照例有一台戏,戏台左近,也照例有许多的赌摊。做戏的锣鼓,在阿Q耳朵里仿佛在十里之外;他只听得桩家的歌唱了。他赢而又赢,铜钱变成角洋,角洋变成大洋,大洋又成了叠。他兴高采烈得非常:
“天门两块!”
他不知道谁和谁为什么打起架来了。骂声打声脚步声,昏头昏脑的一大阵,他才爬起来,赌摊不见了,人们也不见了,身上有几处很似乎有些痛,似乎也挨了几拳几脚似的,几个人诧异的对他看。他如有所失的走进土谷祠,定一定神,知道他的一堆洋钱不见了。赶赛会的赌摊多不是本村人,还到那里去寻根柢呢?

Une belle pile de dollars blanche et brillante, et qui de plus lui appartenait... volatilisée ! Il avait beau se dire que c'étaient ses propres fils qui l'avaient volé, il restait inconsolable ; ou même qu'il était un insecte : inconsolable ! Pour la première fois, il goûta vaguement l'amertume de la défaite.

很白很亮的一堆洋钱!而且是他的——现在,不见了!说是算被儿子拿去了罢,总还是忽忽不乐;说自己是虫豸罢,也还是忽忽不乐:他这回才有些感到失败的苦痛了。

Mais il eut vite fait de retourner la défaite en victoire : de sa main droite bien haut levée, il s'administra deux gifles magistrales qui lui mirent les joues en feu ; ce geste accompli, il se rasséréna, car c'était lui qui avait donné les gifles, et celui qui les avait reçues était un autre lui-même, qui lui sembla bientôt être « un autre » tout court, que lui même avait giflé ; malgré ses joues en feu, satisfait de sa victoire, il se coucha.

但他立刻转败为胜了。他擎起右手,用力的在自己脸上连打了两个嘴巴,热剌剌的有些痛;打完之后,便心平气和起来,似乎打的是自己,被打的是别一个自己,不久也就仿佛是自己打了别个一般,——虽然还有些热剌剌,——心满意足的得胜的躺下了。

Et s'endormit.

他睡着了。
2012-7-6 19:20:18

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本帖最后由 toughkid 于 2012-7-7 23:11 编辑

Chapitre trois
第三章
De victoire en victoire
续优胜记略

Malgré ses innombrables victoires, ce n'est qu'à partir du jour mémorable où Ah Q, comme on l'a dit, reçut une gifle de Monsieur Tchao qu'il fut célèbre.

然而阿Q虽然常优胜,却直待蒙赵太爷打他嘴巴之后,这才出了名。

Après avoir versé deux cents sapèques de pourboire au garde-champêtre, il se coucha, encore tout indigné; mais ensuite il se dit: « C'est le monde à l'envers, voilà que les fils battent leur père... » et, à la pensée que le prestigieux Monsieur Tchao était désormais son fils, il retrouva peu à peu sa belle humeur ; il se leva et alla au cabaret en chantant Une jeune veuve sur la tombe de son époux. A ce moment, Monsieur Tchao lui apparut comme homme hors du commun.

他付过地保二百文酒钱,愤愤的躺下了,后来想:“现在的世界太不成话,儿子打老子……”于是忽而想到赵太爷的威风,而现在是他的儿子了,便自己也渐渐的得意起来,爬起身,唱着《小孤孀上坟》到酒店去。这时候,他又觉得赵太爷高人一等了。

Aussi étrange que cela paraisse, tout le monde sembla effectivement, à partir de ce jour, le traiter avec des égards extraordinaires. Ah Q se demanda si ce n'était pas parce qu'il était le père de Monsieur Tchao, mais il se trompait. La coutume à Weichouang était de ne pas faire  attention quand Ah-Sept battait son frère Ah-Huit, ou Li, son voisin Tchang ; il fallait qu'une personnalité aussi en vue que Monsieur Tchao soit impliquée pour qu'on en parle. Mais une fois que l'opinion publique s'en mêla, la célébrité du gifleur rejaillit sur le giflé. Que la faute fût rejetée sur Ah Q, il est inutile de le préciser. Pourquoi ? Parce que Monsieur Tchao était infaillible. Mais si Ah Q était fautif, pourquoi lui témoigner une telle considérations ? C'est difficile à dire, mais il y a peut-être une explication : comme Ah Q avait prétendu être de la famille de Monsieur Tchao, même si cela lui avait valu une gifle, on craignait qu'il y ait du vrai là-dedans et trouvait plus prudent d'être un peu poli avec lui. Sinon, on peut encore citer l'histoire du bœuf sacrificiel du temple de Confucius : bien que ce bœuf fût un animal exactement comme le porc ou le mouton, les confucéens d'autrefois n'osaient pas en manger de peur de commettre un impair, puisque le Sage en avait goûté.

说也奇怪,从此之后,果然大家也仿佛格外尊敬他。这在阿Q,或者以为因为他是赵太爷的父亲,而其实也不然。未庄通例,倘如阿七打阿八,或者李四打张三,向来本不算口碑。一上口碑,则打的既有名,被打的也就托庇有了名。至于错在阿Q,那自然是不必说。所以者何?就因为赵太爷是不会错的。但他既然错,为什么大家又仿佛格外尊敬他呢?这可难解,穿凿起来说,或者因为阿Q说是赵太爷的本家,虽然挨了打,大家也还怕有些真,总不如尊敬一些稳当。否则,也如孔庙里的太牢一般,虽然与猪羊一样,同是畜生,但既经圣人下箸,先儒们便不敢妄动了。

Après cet incident, Ah Q vécut satisfait pendant de longues années.
阿Q此后倒得意了许多年。

Une année, au printemps, il marchait dans les rues, complètement saoul, lorsqu'au pied d'un mur ensoleillé, il vit Wang-la-barbe en train de s'épouiller, le torse nu, et en éprouva ds démangeaisons. Ce Wang-la-barbe avait des teignes sur le crâne et des poils sur la figure et tout le monde l'appelait Teigne-à-barbe, sauf Ah Q qui retranchait le mot « teigne » mais ne l'en méprisait pas moins profondément. Ah Q avait son opinion à lui, c'est que les teignes n'ont rien d'extraordinaire tandis qu'une barbe qui vous mange la figure est vraiment choquante et vous déprécié aux yeux des gens. Pourtant il s'assit à côté de lui, ce qu'il n'aurait pas eu l'audace de faire avec un autre badaud. Mais qu'avait-il à craindre de Wang-la-barbe ? En vérité, c'était un honneur qu'il lui faisait de bien vouloir s'asseoir là.

有一年的春天,他醉醺醺的在街上走,在墙根的日光下,看见王胡在那里赤着膊捉虱子,他忽然觉得身上也痒起来了。这王胡,又癞又胡,别人都叫他王癞胡,阿Q却删去了一个癞字,然而非常渺视他。阿Q的意思,以为癞是不足为奇的,只有这一部络腮胡子,实在太新奇,令人看不上眼。他于是并排坐下去了。倘是别的闲人们,阿Q本不敢大意坐下去。但这王胡旁边,他有什么怕呢?老实说:他肯坐下去,简直还是抬举他。

Ah Q enleva lui aussi sa veste doublée et la retourna pour l'inspecter : avait-elle été lavée récemment, ou n'était-il pas assez attentif ? Au bout d'un long moment, il n'en avait trouvé que trois ou quatre. Et il voyait Wang-la-barbe en attraper en série, un, puis deux, puis trois... et les introduire dans sa bouche pour les croquer avec un bruit sec.

阿Q也脱下破夹袄来,翻检了一回,不知道因为新洗呢还是因为粗心,许多工夫,只捉到三四个。他看那王胡,却是一个又一个,两个又三个,只放在嘴里毕毕剥剥的响。

La déception initiale de Ah Q fit bientôt place à l'indignation : c'était scandaleux que ce pouilleux de Wang-la-barbe en ait tant et lui-même si peu ! Si seulement il avait pu en trouver un ou deux bien gros ! Mais il n'y avait rien à faire, c'est à peine s'il réussit à en attraper un tout maigrichon qu'il enfonça rageusement entre ses lèvres  épaisses et fit craquer entre ses dents avec le plus de bruit possible, mais sans réussir à égaler Wang-la-barbe.

阿Q最初是失望,后来却不平了:看不上眼的王胡尚且那么多,自己倒反这样少,这是怎样的大失体统的事呵!他很想寻一两个大的,然而竟没有,好容易才捉到一个中的,恨恨的塞在厚嘴唇里,狠命一咬,劈的一声,又不及王胡的响。

Ses croûtes virèrent au rouge, il jeta sa veste sur le sol et dit en crachant :
– Asticot poilu !
– A qui parles-tu, chien pelé ? Demanda Wang-la-barbe en levant des yeux méprisants.
Malgré la relative considération dont il jouissait alors et qui avait augmenté son autosatisfaction, Ah Q manifestait un reste de timidité en présence des badauds qui avaient coutume de le maltraiter ; mais, dans le cas présent, il fit preuve d'une bravoure exceptionnelle. Ce sac à barbe osait-il lui manquer de respect ?  
– Je parle à ceux qui se sentent visés ! Il se leva et se campa les poings sur les hanches.
– Ta carcasse te démange ? Wang-la-barbe se leva à son tour et mit sa veste.
Ah Q crut qu'il voulait se sauver et se précipita pour lui donner un coup de poing ; mais avant que ce poing n'atteigne son but, Wang-la-barbe l'attrapa au vol et tira d'un coup sec, faisant trébucher Ah Q, puis le saisit par la natte et voulut l'entraîner vers un mur pour lui cogner la tête.

他癞疮疤块块通红了,将衣服摔在地上,吐一口唾沫,说:
“这毛虫!”
“癞皮狗,你骂谁?”王胡轻蔑的抬起眼来说。
阿Q近来虽然比较的受人尊敬,自己也更高傲些,但和那些打惯的闲人们见面还胆怯,独有这回却非常武勇了。这样满脸胡子的东西,也敢出言无状么?
“谁认便骂谁!”他站起来,两手叉在腰间说。
“你的骨头痒了么?”王胡也站起来,披上衣服说。
阿Q以为他要逃了,抢进去就是一拳。这拳头还未达到身上,已经被他抓住了,只一拉,阿Q跄跄踉踉的跌进去,立刻又被王胡扭住了辫子,要拉到墙上照例去碰头。

– Les gens bien causent au lieu de cogner ! Dit Ah Q, la tête de travers.
Wang-la-barbe n'était sans doute pas quelqu'un de bien, car sans l'écouter le moins du monde, il la lui cogna cinq fois de suite puis, prenant bien sons élan, l'envoya à six pieds de là, et partit, ayant obtenu satisfaction.

“‘君子动口不动手’!”阿Q歪着头说。
王胡似乎不是君子,并不理会,一连给他碰了五下,又用力的一推,至于阿Q跌出六尺多远,这才满足的去了。

De mémoire de Ah Q, ce fut sans doute la première humiliation de sa vie ; d'habitude, c'était lui qui se moquait de Wang-la-barbe, à cause de ses horribles poils sur les joues, et jamais l'autre ne s'était moqué de lui et encore moins ne l'avait attaqué. Il n'aurait jamais cru cela vrai ? Que l'empereur avait supprimé les examens et qu'on n'aurait plus besoin de lauréats cantonaux ou provinciaux ? Dans ce cas, la famille Tchao aurait perdu de son prestige et on lui manquerait de respect par contrecoup.

在阿Q的记忆上,这大约要算是生平第一件的屈辱,因为王胡以络腮胡子的缺点,向来只被他奚落,从没有奚落他,更不必说动手了。而他现在竟动手,很意外,难道真如市上所说,皇帝已经停了考,不要秀才和举人了,因此赵家减了威风,因此他们也便小觑了他么?

Ah Q restait planté là, en proie à ses incertitudes.

阿Q无可适从的站着。

Au loin, quelqu'un arrivait dans sa direction, encore un ennemi. C'était un des êtres que Ah Q détestait le plus, le fils aîné de Monsieur Tsien. Ne tenant pas en place, il était d'abord allé à la ville pour faire des études dans une école étrangère, puis avait trouvé un moyen d'aller au Japon ; quand il revint chez lui ; au bout de six mois, il avait la démarché raide d'un Occidental et sa natte avait disparu ; sa mère en eut une douzaine de crises de larmes et sa femme, par trois fois, fit mine de se jeter dans un puits. Ensuite, sa mère déclara à tout le monde : « Ce sont des voyous qui lui ont coupé sa natte après l'avoir fait boire. Dire qu'il aurait pu faire une belle carrière dans l'administration, et maintenant il faut attendre qu'elle ait repoussé ! » Ah Q, qui n'en croyait pas un mot, l'appelait Faux-diable-étranger, ou encore Vendu, et ne manquait pas de l'insulter en pensée dès qu'il l'apercevait.

远远的走来了一个人,他的对头又到了。这也是阿Q最厌恶的一个人,就是钱太爷的大儿子。他先前跑上城里去进洋学堂,不知怎么又跑到东洋去了,半年之后他回到家里来,腿也直了,辫子也不见了,他的母亲大哭了十几场,他的老婆跳了三回井。后来,他的母亲到处说,“这辫子是被坏人灌醉了酒剪去了。本来可以做大官,现在只好等留长再说了。”然而阿Q不肯信,偏称他“假洋鬼子”,也叫作“里通外国的人”,一见他,一定在肚子里暗暗的咒骂。

Ce que Ah Q trouvait le plus intolérable, c'était sa nette postiche : quelqu'un capable d'aller jusque-là n'est pas un homme, et sa femme est une pas grand-chose de ne pas s'être jetée une quatrième fois dans un puits.

阿Q尤其“深恶而痛绝之”的,是他的一条假辫子。辫子而至于假,就是没了做人的资格;他的老婆不跳第四回井,也不是好女人。

Le Faux-diable-étranger était tout près.
« Tondu... âne... » Ah Q d'habitude ne l'insultait que mentalement, mais cette fois-ci, il avait tellement besoin d'épancher sa colère qu'il ne put s'empêcher de grommeler entre ses dents.

这“假洋鬼子”近来了。
秃儿。驴……”阿Q历来本只在肚子里骂,没有出过声,这回因为正气忿,因为要报仇,便不由的轻轻的说出来了。

Par un hasard malencontreux, le « tondu » tenait une canne laquée de jaune (que Ah Q appelait son bâton d'enterrement) et arrivait sur lui à grand pas. Pressentant aussitôt qu'il y avait des coups en perspective, Ah Q se mit en posture, muscles raidis et tête entre les épaules, pour attendre la suite ; en effet, il entendit un « Pan ! » et il lui sembla même que le coup avait atterri sur sa tête.
– Je parlais de lui ! Protesta Ah Q en montrant un enfant à côté d'eux.
« Pan ! Pan ! Pan ! »

不料这秃儿却拿着一支黄漆的棍子——就是阿Q所谓哭丧棒——大蹋步走了过来。阿Q在这刹那,便知道大约要打了,赶紧抽紧筋骨,耸了肩膀等候着,果然,拍的一声,似乎确凿打在自己头上了。
“我说他!”阿Q指着近旁的一个孩子,分辩说。
拍!拍拍!

De mémoire de Ah Q, ce fut sans doute la seconde humiliation de sa vie. Heureusement, quand les « Pan ! » se turent, il se sentit soulagé comme après avoir réglé une affaire, d'autant plus que l' « oubli », ce trésor légué par ses ancêtres, faisait son œuvre. Il s'en alla tranquillement et, avant même d'avoir atteint la porte du cabaret, il avait retrouvé presque toute sa bonne humeur.

在阿Q的记忆上,这大约要算是生平第二件的屈辱。幸而拍拍的响了之后,于他倒似乎完结了一件事,反而觉得轻松些,而且“忘却”这一件祖传的宝贝也发生了效力,他慢慢的走,将到酒店门口,早已有些高兴了。

En sens inverse arrivait une petite nonne du Temple du calme perfectionnement. Ah Q, qui jurait toujours en la voyant, fut encore plus tenté de le faire après cette humiliation. Tout lui revint en mémoire et il se sentit plein de haine.

但对面走来了静修庵里的小尼姑。阿Q便在平时,看见伊也一定要唾骂,而况在屈辱之后呢?他于是发生了回忆,又发生了敌忾了。

« Ah, je sais maintenant pourquoi la chance est contre moi aujourd'hui, c'est que je devais te rencontrer ! » se dit-il.
Il s'approcha d'elle, et cracha bruyamment.
Comme si elle n'avait rien remarqué, la nonne continuait à marcher, la tête baissée. S'approchant davantage, Ah Q allongea brusquement la main et palpa son crâne rasé de frais.

“我不知道我今天为什么这样晦气,原来就因为见了你!”他想。
他迎上去,大声的吐一口唾沫:
“咳,呸!”
小尼姑全不睬,低了头只是走。阿Q走近伊身旁,突然伸出手去摩着伊新剃的头皮,呆笑着,说:

– Chauvinette, rentre vite, ton moinillon t'attend... dit-il avec un rire niais.
– Ne me touche pas ! La nonne rougit jusqu'aux oreilles et se mit à marcher plus vite.
Les clients du cabaret éclatèrent de rire. Voyant qu'on admirait ses prouesses, Ah Q ne se sentit plus de joie :
– Ton moinillon te touche bien, pourquoi pas moi ? Et il lui pinça la joue.
Nouveaux éclats de rire au cabaret. Ah Q se rengorgea et, pour satisfaire ce public de connaisseurs, il lui tordit la joue à pleine main avant de la laisser partir.

“秃儿!快回去,和尚等着你……”
“你怎么动手动脚……”尼姑满脸通红的说,一面赶快走。
酒店里的人大笑了。阿Q看见自己的勋业得了赏识,便愈加兴高采烈起来:
“和尚动得,我动不得?”他扭住伊的面颊。
酒店里的人大笑了。阿Q更得意,而且为了满足那些赏鉴家起见,再用力的一拧,才放手。

Cette bataille lui fit instantanément oublier Wang-la-barbe et Faux-diable-étranger, il se sentit vengé de ce jour néfaste ; chose curieuse, il éprouvait encore plus de soulagement que lorsque les « Pan ! Pan ! » s'étaient tus, et il partit, léger comme s'il avait des ailes.

他这一战,早忘却了王胡,也忘却了假洋鬼子,似乎对于今天的一切“晦气”都报了仇;而且奇怪,又仿佛全身比拍拍的响了之后轻松,飘飘然的似乎要飞去了。

– Ah Q, tu es maudit et resteras sans fils ! Entendit-on la nonne murmurer au loin d'une voix sanglotante.
Ah, ah, ah ! Ah Q éclata de rire, absolument ravi.
– Ah, ah, ah ! Rirent en écho les clients du cabaret, à peine moins ravis que lui.

“这断子绝孙的阿Q!”远远地听得小尼姑的带哭的声音。
“哈哈哈!”阿Q十分得意的笑。
“哈哈哈!”酒店里的人也九分得意的笑。
2012-7-7 21:01:51

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Chapitre quatre
第四章
Un drame de l'amour
恋爱的悲剧
On raconte que certains vainqueurs ont besoin d'ennemis aussi redoutables que des tigres ou des aigles pour pouvoir jouir de leur victoire ; remportée sur des moutons bêlants, elle n'aurait plus de sens pour eux. D'autres, après avoir tout subjugué, face à la multitude des morts et de ceux qui se sont soumis, leur accordant droit de vie ou de mort sur eux, n'ayant plus ni ennemis, ni rivaux, ni égaux, maîtres absolus dans une solitude glacée, ressentent alors tout le tragique de leur victoire. Mais, pour en revenir à notre Ah Q, en voilà un qui n'avait pas de ces complaisances morbides et était toujours satisfait : faut-il, peut-être, y voir une preuve de la supériorité de la civilisation chinoise sur le reste du monde ?

有人说:有些胜利者,愿意敌手如虎,如鹰,他才感得胜利的欢喜;假使如羊,如小鸡,他便反觉得胜利的无聊。又有些胜利者,当克服一切之后,看见死的死了,降的降了,“臣诚惶诚恐死罪死罪”,他于是没有了敌人,没有了对手,没有了朋友,只有自己在上,一个,孤另另,凄凉,寂寞,便反而感到了胜利的悲哀。然而我们的阿Q却没有这样乏,他是永远得意的:这或者也是中国精神文明冠于全球的一个证据了。

Regardez-le s'en aller, léger comme s'il avait des ailes !

看哪,他飘飘然的似乎要飞去了!

Et pourtant, cette victoire-là changea quelque chose en lui. Il arriva, léger comme s'il avait des ailes, dans son temple, où il aurait dû se mettre à ronfler aussitôt couché ; mais ce soir-là, il ne put fermer l’œil, troublé par une curieuse sensation au pouce et à l'index qui lui semblaient d'une douceur extraordinaire. Il se demandait si quelque chose de velouté sur le visage de nonne était resté collé à ses doigts, ou se ceux-ci s'étaient adoucis au seul contact de ce visage.

然而这一次的胜利,却又使他有些异样。他飘飘然的飞了大半天,飘进土谷祠,照例应该躺下便打鼾。谁知道这一晚,他很不容易合眼,他觉得自己的大拇指和第二指有点古怪:仿佛比平常滑腻些。不知道是小尼姑的脸上有一点滑腻的东西粘在他指上,还是他的指头在小尼姑脸上磨得滑腻了?……

« Ah Q, tu es maudit et resteras sans fils ! »
Ces mots résonnèrent de nouveau à ses oreilles ; il réfléchit : « C'était vrai, je devrais avoir une femme ; si l'on meurt sans fils, personne ne sacrifie un bol de riz à votre esprit … oui, je devrais avoir une femme... » Comme disaient les anciens : « Des trois manières d'être un mauvais fils, la pire est de rester sans fils », ou « On peut mourir de faim même après sa mort », voilà bien l'un des drames de la vie humaine. Les pensées de Ah Q étaient donc en tout point conformes aux enseignements des sages d'autrefois, et il est d'autant plus regrettable que par la suite il soit devenu la proie de ses instincts.

“断子绝孙的阿Q!”
阿Q的耳朵里又听到这句话。他想:不错,应该有一个女人,断子绝孙便没有人供一碗饭,……应该有一个女人。夫“不孝有三无后为大”,而“若敖之鬼馁而”,也是一件人生的大哀,所以他那思想,其实是样样合于圣经贤传的,只可惜后来有些“不能收其放心”了

« Une femme... une femmes... Les moines peuvent bien … une femme... »
Nous ne savons pas à quelle heure Ah Q se mit enfin à ronfler ce soir-là. Mais depuis lors, il sentit sans doute toujours une certaine douceur sur ses doigts et resta léger comme s'il avait des ailles : « Une femme... »

“女人,女人!……”他想。
“……和尚动得……女人,女人!……女人!”他又想。
我们不能知道这晚上阿Q在什么时候才打鼾。但大约他从此总觉得指头有些滑腻,所以他从此总有些飘飘然;“女……”他想。

Voilà un nouvel exemple des ravages causés par les femmes.
Les mâles chinois auraient pu presque tous devenir des sages s'ils n'avaient absolument tous été perdus par les femmes. L'antique dynastie ds Chang fut ruinée par Taki, la favorite de son dernier empereur ; la dynastie suivante, celles des Tcheou, disparut à cause de la belle Paose ; la dynastie des Ts'in ne dura guère et même si l'histoire ne le précise pas, nous pouvons supposer sans risque d'erreur que ce fut à cause d'une femme ; il est certain, par contre, que la célèbre Tiaotchan causa la mort de l'illustre ministre Tong Tchouo.

即此一端,我们便可以知道女人是害人的东西。
中国的男人,本来大半都可以做圣贤,可惜全被女人毁掉了。商是妲己闹亡的;周是褒姒弄坏的;秦……虽然史无明文,我们也假定他因为女人,大约未必十分错;而董卓可是的确给貂蝉害死了。

Ah Q était au fond un brave garçon ; bien que nous ignorions quel maître éclairé avait fait son éducation, il respectait scrupuleusement les « interdits entre l'homme et la femme » et pourfendait avec un zèle fanatique ceux de l'espèce de la nonne ou du Faux-diable-étranger. Il avait sa théorie sur la question les nonnes forniquent en secret avec les moines ; quand une femme marche dans la rue, c'est pour séduire un brave type ; si un femme parle avec un homme, c'est pour lui faire des propositions malhonnêtes. Pour les châtier, il leur lançait un regard assassin ou essayait de les « dissuader » à haute voix, ou encore, pourvu que l'endroit soit désert, leur jetait discrètement un caillou.

阿Q本来也是正人,我们虽然不知道他曾蒙什么明师指授过,但他对于“男女之大防”却历来非常严;也很有排斥异端——如小尼姑及假洋鬼子之类——的正气。他的学说是:凡尼姑,一定与和尚私通;一个女人在外面走,一定想引诱野男人;一男一女在那里讲话,一定要有勾当了。为惩治他们起见,所以他往往怒目而视,或者大声说几句“诛心”话,或者在冷僻处,便从后面掷一块小石头。

Qui se serait douté que, parvenu à « l'âge d'homme », il perdrait la tête à cause d'une nonne et se sentirait pousser des ailes ? Or, si l'on en croit les textes canoniques, ce n'est pas bien de « se sentir des ailes » : la femme est vraiment haïssable, si le visage de la petite nonne n'avait pas été si doux, ou s'il avait été voilé, Ah Q n'aurait pas été séduit. Il y avait de cela cinq ou six ans, il avait pincé la cuisse d'une femme dans la foule qui se pressait à un spectacle, mais à cause de l'épaisseur du pantalon, il ne s'était pas senti des ailes. Par contre, la nonne, c'était différent, c'était la perversité dans toute son horreur.

谁知道他将到“而立”之年,竟被小尼姑害得飘飘然了。这飘飘然的精神,在礼教上是不应该有的,——所以女人真可恶,假使小尼姑的脸上不滑腻,阿Q便不至于被蛊,又假使小尼姑的脸上盖一层布,阿Q便也不至于被蛊了,——他五六年前,曾在戏台下的人丛中拧过一个女人的大腿,但因为隔一层裤,所以此后并不飘飘然,——而小尼姑并不然,这也足见异端之可恶。

« Une femme... » songeait Ah Q.
Il observait sans relâche les femmes qu'il soupçonnait de vouloir « séduire un brave type », mais jamais aucune ne lui sourit ; il écoutait attentivement les femmes qui lui parlaient mais jamais aucune ne lui fit de propositions malhonnêtes. Raison de plus pour les trouver haïssables : elles voulaient passer pour vertueuses !

“女……”阿Q想。
他对于以为“一定想引诱野男人”的女人,时常留心看,然而伊并不对他笑。他对于和他讲话的女人,也时常留心听,然而伊又并不提起关于什么勾当的话来。哦,这也是女人可恶之一节:伊们全都要装“假正经”的。

Un jour, Ah Q avait pilé du riz chez les Tchao pendant toute la journée, et il fumait, assis dans la cuisine après le dîner. S'il s'était agi d'autre gens, il serait rentré chez lui. Mais chez les Tchao, on dînait de bonne heure ; en principe on n'avait pas le droit d'allumer les lampes et allait se coucher après avoir mangé, mais ce principe souffrait des exceptions : premièrement, quand le fils de Monsieur Tchao n'était pas encore lauréat cantonal, il avait le droit d'allumer une lampe pour étudier ; deuxièmement, quand Ah Q venait travailler dans la maison, il avait le droit de s'éclairer le soir pour piler du riz. C'est en vertu de cette deuxième exception que Ah Q fumait dans la cuisine avant de se remettre au travail.

这一天,阿Q在赵太爷家里舂了一天米,吃过晚饭,便坐在厨房里吸旱烟。倘在别家,吃过晚饭本可以回去的了,但赵府上晚饭早,虽说定例不准掌灯,一吃完便睡觉,然而偶然也有一些例外:其一,是赵大爷未进秀才的时候,准其点灯读文章;其二,便是阿Q来做短工的时候,准其点灯舂米。因为这一条例外,所以阿Q在动手舂米之前,还坐在厨房里吸烟旱。

Tante Wou, l'unique servante de la famille Tchao, avait fini la vaisselle et vint s'asseoir sur le banc pour bavarder.
– Madame n'a rien mangé depuis deux jours parce que Monsieur veut acheter une petite...
« Une femme... Tante Wou... elle est veuve... » songeait Ah Q.
– Notre jeune dame aura un bébé au huitième mois...
« Une femme... » Ah Q posa sa pipe et se leva.
– Notre jeune dame … Tante Wou était volubile.
– Je veux coucher avec toi ! L'interrompit Ah Q en se jetant à genoux devant elle.

吴妈,是赵太爷家里唯一的女仆,洗完了碗碟,也就在长凳上坐下了,而且和阿Q谈闲天:
“太太两天没有吃饭哩,因为老爷要买一个小的……”
“女人……吴妈……这小孤孀……”阿Q想。
“我们的少奶奶是八月里要生孩子了……”
女人……”阿Q想。
阿Q放下烟管,站了起来。
“我们的少奶奶……”吴妈还唠叨说。
“我和你困觉,我和你困觉!”阿Q忽然抢上去,对伊跪下了。

Pendant un instant, on aurait entendu voler une mouche : Tante Wou en fut comme frappée de stupeur. Puis soudain, elle poussa un cri et se mit à trembler, et sortit en courant et criant, et il crut même l'entendre pleurer.

一刹时中很寂然。
“阿呀!”吴妈楞了一息,突然发抖,大叫着往外跑,且跑且嚷,似乎后来带哭了。

Frappé de stupeur lui aussi, Ah Q resta agenouillé face au mur, puis il se releva lentement en prenant appui des deux mains sur le banc vide, l'air plutôt penaud. Il était effectivement un peu ennuyé, et glissa à la hâte sa pipe dans sa ceinture pour retourner piler le riz. Juste à ce moment, « Pan ! » il reçut un bon coup sur la tête et tournant les yeux, vit le Lauréat cantonal debout devant lui avec une épaisse canne de bambou.
– Tu en as encore fait... espèce de …

阿Q对了墙壁跪着也发楞,于是两手扶着空板凳,慢慢的站起来,仿佛觉得有些糟。他这时确也有些忐忑了,慌张的将烟管插在裤带上,就想去舂米。蓬的一声,头上着了很粗的一下,他急忙回转身去,那秀才便拿了一支大竹杠站在他面前。
“你反了,……你这……”

La canne s'abattit à nouveau sur lui, mais comme il se protégeait la tête à deux mains, il reçut le coup sur les doigts, et ça fit mal ! Il eut encore l'impression de recevoir un coup sur le dos avant de se sauver de la cuisine.
– Œuf de tortue* ! Lui cria le Lauréat cantonal avec l'accent distingué de la capitale.
*Insulte qui met en doute la vertu de votre mère.

大竹杠又向他劈下来了。阿Q两手去抱头,拍的正打在指节上,这可很有些痛。他冲出厨房门,仿佛背上又着了一下似的。
“王八蛋!”秀才在后面用了官话这样骂。

Ah Q courut jusqu'à l'aire à piler le riz, où il se retrouva enfin seul, mais ses doigts lui faisaient mal et il ne pouvait oublier cet « œuf de tortue » qui lui inspirait une crainte d'autant plus profonde et durable que seuls les riches des familles de fonctionnaires le disaient, et jamais les simples villageois. A ce moment, il ne pensait plus aux femmes. Et puisqu'il s'était fait frapper et insulter, il se dit que l'incident était clos et sans conséquence, et il se mit à piler le riz. Quand il eut trop chaud, au bout d'un moment, il s'interrompit pour ôter sa veste.

阿Q奔入舂米场,一个人站着,还觉得指头痛,还记得“忘八蛋”,因为这话是未庄的乡下人从来不用,专是见过官府的阔人用的,所以格外怕,而印象也格外深。但这时,他那“女……”的思想却也没有了。而且打骂之后,似乎一件事也已经收束,倒反觉得一无挂碍似的,便动手去舂米。舂了一会,他热起来了,又歇了手脱衣服。

C'est alors qu'il entendit une grande agitation au-dehors, et comme rien ne l'amusait davantage, il partit en direction du bruit qui le guida jusque dans la cour intérieure de la maison ; malgré la nuit tombante, il distingua beaucoup de monde, toute la maisonnée Tchao, y compris Madame qui n'avait pas mangé depuis deux jours, plus la voisine, Belle-sœur Tseou, et les deux cousins Tchao Pai-yen et Tchao Se-tchen.

脱下衣服的时候,他听得外面很热闹,阿Q生平本来最爱看热闹,便即寻声走出去了。寻声渐渐的寻到赵太爷的内院里,虽然在昏黄中,却辨得出许多人,赵府一家连两日不吃饭的太太也在内,还有间壁的邹七嫂,真正本家的赵白眼,赵司晨。

La bru des Tchao sortait juste du logis des domestiques en traînant Tante Wou et en lui disant :
– Sors un peu, ne reste pas seule dans ta chambre à y penser...
– Tout le monde sait que tu es une femme respectable... il n'est pas question pour toi de penser au suicide ! Ajouta Belle-sœur Tseou.

少奶奶正拖着吴妈走出下房来,一面说:
“你到外面来,……不要躲在自己房里想……”
“谁不知道你正经,……短见是万万寻不得的。”邹七嫂也从旁说。

Tante Wou ne faisait que pleurer sans écouter ce qu'on pouvait lui dire.

吴妈只是哭,夹些话,却不甚听得分明。

« Tiens, intéressant ! Se dit Ah Q. Qu'a-t-elle bien pu faire comme bêtise, la petite veuve ? » Et il s'approcha de Tchao Se-tchen pour s'enquérir. Au même moment, il vit soudain Monsieur Tchao fondre sur lui, une épaisse canne de bambou à la main ; à la vue de cette canne, il se rappela en avoir déjà tâté et se demanda si cela avait un rapport avec cette agitation. Il fit demi-tour pour battre en retraite en direction de l'aire à piler le riz mais fut bien étonné de trouver la canne en travers de sa route ; refaisant alors demi-tour, il réussir à sortir sans encombre par la porte de derrière et fut bientôt rentré dans son temple.

阿Q想:“哼,有趣,这小孤孀不知道闹着什么玩意儿了?”他想打听,走近赵司晨的身边。这时他猛然间看见赵大爷向他奔来,而且手里捏着一支大竹杠。他看见这一支大竹杠,便猛然间悟到自己曾经被打,和这一场热闹似乎有点相关。他翻身便走,想逃回舂米场,不图这支竹杠阻了他的去路,于是他又翻身便走,自然而然的走出后门,不多工夫,已在土谷祠内了。

Après être resté assis un moment, Ah Q commença à avoir la chair de poule ; il se refroidissait lentement car, malgré le printemps, les nuits étaient encore trop fraîches pour rester torse nu ; il se rappela que sa veste était restée chez les Tchao, mais il avait peur d'aller la chercher à cause de la canne du Lauréat cantonal. C'est alors que le garde-champêtre entra.

阿Q坐了一会,皮肤有些起粟,他觉得冷了,因为虽在春季,而夜间颇有余寒,尚不宜于赤膊。他也记得布衫留在赵家,但倘若去取,又深怕秀才的竹杠。然而地保进来了。

– Ah Q, fils de pute ! Encore une agression, et contre une servante de la famille Tchao. C'est de la rébellion pure et simple ! Et je ne peux pas dormir tranquille ce soir à cause de toi, cela aggrave ton cas !

“阿Q,你的妈妈的!你连赵家的用人都调戏起来,简直是造反。害得我晚上没有觉睡,你的妈妈的!……”

Ah Q n'eut bien entendu rien à répliquer à cette réprimande. Et comme c'était le soir, le pourboire se montait à quatre cents sapèques qu'il n'avait pas ; il remit en gage un chapeau de feutre et accepta les cinq conditions suivantes :
1) Ah Q se rendra le lendemain chez Monsieur Tchao pour demander pardon, avec deux bougies rouges pesant chacune une livre et de l'encens.
2) La famille Tchao invitera un prêtre taoïste à exorciser les esprits qui pourraient tourmenter Tante Wou, les frais étant à la charge de Ah Q.
3) Ah Q n'est désormais plus autorisé à franchir le seuil de la demeure de la famille Tchao.
4) S'il arrivait malheur à Tante Wou par la suite, Ah Q en porterait l'entière responsabilité.
5) Ah Q n'est pas autorisé à aller réclamer son salaire et sa veste.

如是云云的教训了一通,阿Q自然没有话。临末,因为在晚上,应该送地保加倍酒钱四百文,Q正没有现钱,便用一顶毡帽做抵押,并且订定了五条件:

一、明天用红烛——要一斤重的——一对,香一封,到赵府上去赔罪。
二、赵府上请道士祓除缢鬼,费用由阿Q负担。
三、阿Q从此不准踏进赵府的门槛。
四、吴妈此后倘有不测,惟阿Q是问。
五、阿Q不准再去索取工钱和布衫。

Ah Q accepta tout, bien entendu. Malheureusement, il n'avait pas d'argent, mais heureusement, c'était le printemps : il pouvait se passer de sa couverture ouatée et la mit en gage pour deux mille sapèques, assez pour respecter ses obligations. Après s'être prosterné contre terre, torse nu, il lui resta encore quelques sapèques, mais au lieu de récupérer son chapeau, il les dépensa pour boire. Quant à la famille Tchao, elle ne fit brûler ni l'encens ni les bougies, mais les mit en réserve car Madame pouvait les utiliser pour ses dévotions au Bouddha. Et la pauvre veste servit en grande partie à confectionner des langes pour l'enfant que la jeune dame aurait au huitième mois, tandis que les morceaux les plus usés furent utilisés pour faire des semelles piquées pour Tante Wou.

阿Q自然都答应了,可惜没有钱。幸而已经春天,棉被可以无用,便质了二千大钱,履行条约。赤膊磕头之后,居然还剩几文,他也不再赎毡帽,统统喝了酒了。但赵家也并不烧香点烛,因为太太拜佛的时候可以用,留着了。那破布衫是大半做了少奶奶八月间生下来的孩子的衬尿布,那小半破烂的便都做了吴妈的鞋底。
2012-7-7 21:02:06

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本帖最后由 toughkid 于 2012-7-26 14:40 编辑

Chapitre cinq
第五章
Il faut manger pour vivre
生计问题
Quand Ah Q en eut fini avec ces formalités, il rentra comme de coutume au temple du dieu tutélaire et, après le coucher du soleil, il se mit peu à peu trouver le monde bizarre ; une réflexion attentive lui permit de comprendre pourquoi : il était torse nu ! Se rappelant qu'il possédait encore une vieille veste ouatée, il s'en couvrit et qu'il possédait encore une vieille veste ouatée, il s'en couvrit et s'allongea. Quand il rouvrit les yeux, le soleil éclairait déjà le mur ouest de sa chambre. Il s'assit en grommelant : « Je t'en foutrai... »

阿Q礼毕之后,仍旧回到土谷祠,太阳下去了,渐渐觉得世上有些古怪。他仔细一想,终于省悟过来:其原因盖在自己的赤膊。他记得破夹袄还在,便披在身上,躺倒了,待张开眼睛,原来太阳又已经照在西墙上头了。他坐起身,一面说道,“妈妈的……”

Une fois levé, il alla par les rues comme à son habitude ; et là, même sans commune mesure avec ce qu'il avait enduré à cause de son torse nu, il se remit à trouver le monde bizarre. Comme si, depuis ce jour-là, les femmes de Weitchouang étaient toutes d'une pudeur excessive, elles se réfugiaient chez elles dès qu'elles le voyaient arriver. Même Belle-sœur Tseou, qui approchait de la cinquantaine, prenait la fuite comme les autres, allant jusqu'à faire rentrer sa fille âgée de onze ans. Ah Q s'en étonna, tout en se disant : « Ces bonnes femmes se mettent à faire des manières comme des demoiselles. Toutes des salopes... »

他起来之后,也仍旧在街上逛,虽然不比赤膊之有切肤之痛,却又渐渐的觉得世上有些古怪了。仿佛从这一天起,未庄的女人们忽然都怕了羞,伊们一见阿Q走来,便个个躲进门里去。甚而至于将近五十岁的邹七嫂,也跟着别人乱钻,而且将十一的女儿都叫进去了。阿Q很以为奇,而且想:“这些东西忽然都学起小姐模样来了。这娼妇们……”

Mais ce qui lui arriva pendant les jours suivants lui fit trouver le monde encore plus bizarre. Premièrement, on ne lui fit plus crédit au cabaret ; deuxièmement, le vieux gardien du temple eut quelques mots incohérents qui semblaient lui signifier de s'en aller ; troisièmement, il s'écoula, il n'aurait su dire combien, mais certainement beaucoup de jours sans qu'on vienne lui proposer du travail. Qu'on ne lui fasse plus crédit au cabaret, passe encore ; que le vieux veuille le chasser, il n'y avait qu'à le laisser parler ; mais si personne ne le faisait travailler, il n'aurait rien à se mettre dans le ventre : les choses se gâtaient pour de bon.

但他更觉得世上有些古怪,却是许多日以后的事。其一,酒店不肯赊欠了;其二,管土谷祠的老头子说些废话,似乎叫他走;其三,他虽然记不清多少日,但确乎有许多日,没有一个人来叫他做短工。酒店不赊,熬着也罢了;老头子催他走,噜苏一通也就算了;只是没有人来叫他做短工,却使阿Q肚子饿:这委实是一件非常“妈妈的”的事情。

Cela ne pouvait plus durer et Ah Q en fut réduit à aller aux nouvelles chez ses anciens clients – seule la maison des Tchao lui était interdite – mais, partout, on l'accueillit d'étrange manière : c'était toujours un homme qui sortait et lui répondait d'un air excédé, avec le geste qu'on a pour écarter un mendiant :
– Nous n'avons rien pour toi, va-t'en !

阿Q忍不下去了,他只好到老主顾的家里去探问,——但独不许踏进赵府的门槛,——然而情形也异样:一定走出一个男人来,现了十分烦厌的相貌,像回复乞丐一般的摇手道:
“没有没有!你出去!”

Ah Q comprenait de moins en moins. Ces gens qui, avant, avaient toujours besoin d'un coup de main, ne pouvaient pas tout à coup ne plus rien avoir à faire, il y avait un mystère là-dessous. Il fit son enquête et apprit qu'ils s'adressaient tous à Petit Don (ou plutôt Petit D, car on n'est pas très sûr du nom). Qui aurait pu imaginer que ce gamin pauvre et souffreteux, encore au-dessous de Wang-la-barbe dans la classification de Ah Q, lui volerait un jour son bol de riz ? Ce dernier coup aggrava le désarroi de Ah Q, et tandis qu'il marchait, tout à son indignation, il leva soudain un bras, tout en chantant :
Ma main brandit une masse de fer pour l'abattre...

阿Q愈觉得稀奇了。他想,这些人家向来少不了要帮忙,不至于现在忽然都无事,这总该有些蹊跷在里面了。他留心打听,才知道他们有事都去叫小Don。这小D,是一个穷小子,又瘦又乏,在阿Q的眼睛里,位置是在王胡之下的,谁料这小子竟谋了他的饭碗去。所以阿Q这一气,更与平常不同,当气愤愤的走着的时候,忽然将手一扬,唱道:
“我手执钢鞭将你打!……”

Il finit par rencontrer Petit D, quelques jours plus tard, devant l'entrée de la maison de Tsien. « Deux ennemis ont l'un pour l'autre des yeux de lynx », dit le proverbe ; Ah Q s'avança, tandis que Petit D s'arrêtait.
– Sale bête ! dit Ah Q en lui jetant un regard assassin et en crachant.
– Je suis un insecte, tu es content ? dit Petit D.

几天之后,他竟在钱府的照壁前遇见了小D。“仇人相见分外眼明”,阿Q便迎上去,小D也站住了。
“畜生!”阿Q怒目而视的说,嘴角上飞出唾沫来。
“我是虫豸,好么?……”小D说。

Cette modestie redoubla la fureur de Ah Q, mais comme il n'avait pas de masse de fer, il se rua en avant, tendant ses mains nues, pour attraper la natte de Petit D, qui, tout en protégeant sa natte d'une main, essayait d'attraper avec avec l'autre main celle de Ah Q qui lui-même protégeait sa propre natte avec sa main restée libre. Pour le Ah Q d'autrefois, Petit D aurait été quantité négligeable, mais depuis que lui-même ne mangeait plus à sa faim, il était aussi souffreteux que Petit D, et la lutte était devenue égale : quatre mains accrochées à deux têtes et deux dos courbés dessinant un arc bleu sur le mur blanc de la maison des Tsien, pendant une demi-heure.

这谦逊反使阿Q更加愤怒起来,但他手里没有钢鞭,于是只得扑上去,伸手去拔小D的辫子。小D一手护住了自己的辫根,一手也来拔阿Q的辫子,阿Q便也将空着的一只手护住了自己的辫根。从先前的阿Q看来,,小D本来是不足齿数的,但他近来挨了饿,又瘦又乏已经不下于小D,所以便成了势均力敌的现象,四只手拔着两颗头,都弯了腰,在钱家粉墙上映出一个蓝色的虹形,至于半点钟之久了。

– C'est bien comme ça ! C'est bien ! criaient des spectateurs, sans doute pour les calmer.
– Bien ! Bien ! criaient d'autres, sans qu'on sache si c'était pour les calmer, les féliciter ou les exciter.
Mais ils n'écoutaient rien ni personne. Ah Q faisait trois pas en avant, Petit D trois en arrière, et ils s'immobilisaient ; Petit D faisait trois pas en avant, Ah Q trois en arrière, et ils s'immobilisaient. Au bout d'une demi-heure environ – ou peut-être vingt minutes, il est difficile de le dire car il n'y a pas d'horloge publique à Weitchouang –, alors qu'ils suaient sang et eau, Ah Q lâcha prise, imité à l'instant même par Petit D ; ils se redressèrent et reculèrent en même temps, et partirent en fendant la foule.
– Que cela te serve de leçon, bâtard ! lança Ah Q par-dessus son épaule.
– Que cela te serve de leçon, bâtard ! lança Petit D par-dessus son épaule.

“好了,好了!”看的人们说,大约是解劝的。
“好,好!”看的人们说,不知道是解劝,是颂扬,还是煽动。
然而他们都不听。阿Q进三步,小D便退三步,都站着;小D进三步,阿Q便退三步,又都站着。大约半点钟,——未庄少有自鸣钟,所以很难说,或者二十分,——他们的头发里便都冒烟,额上便都流汗,阿Q的手放松了,在同一瞬间,小D的手也正放松了,同时直起,同时退开,都挤出人丛去。
“记着罢,妈妈的……”阿Q回过头去说。
“妈妈的,记着罢……”小D也回过头来说。

L'issue de ce « combat du tigre et du dragon » resta indécise, et on ignore si les spectateurs furent satisfaits, car il n'y eut aucun commentaire, et, pas plus qu'avant, personne ne confia de travail à Ah Q.

这一场“龙虎斗”似乎并无胜败,也不知道看的人可满足,都没有发什么议论,而阿Q 却仍然没有人来叫他做短工。

Par un beau jour tiède, alors qu'une douce brise soufflait déjà l'été, Ah Q sentit qu'il avait froid, mais il pouvait en prendre son parti, le pire était la faim. Il y avait déjà longtemps qu'il n'avait plus sa couverture ouatée, son chapeau de feutre et sa veste ; ensuite il avait vendu sa veste ouatée ; à présent, il lui restait son pantalon, mais il ne pouvait vraiment pas le quitter, et une vieille veste doublée dont il pouvait à la rigueur faire cadeau pour confectionner des semelles, mais certainement pas tirer de l'argent. L'espoir qu'il nourrissait depuis longtemps de trouver de l'argent sur une route avait été déçu jusqu'à présent ; il espérait même découvrir de l'argent dans sa pauvre chambre, mais il eut beau la fouiller fébrilement, elle ne lui réserva pas la moindre surprise. Alors, il décida d'aller mendier sa nourriture.

有一日很温和,微风拂拂的颇有些夏意了,阿Q却觉得寒冷起来,但这还可担当,第一倒是肚子饿。棉被,毡帽,布衫,早已没有了,其次就卖了棉袄;现在有裤子,却万不可脱的;有破夹袄,又除了送人做鞋底之外,决定卖不出钱。他早想在路上拾得一注钱,但至今还没有见;他想在自己的破屋里忽然寻到一注钱,慌张的四顾,但屋内是空虚而且了然。于是他决计出门求食去了。

Tout en suivant son chemin pour aller « mendier », il vit bien des lieux familiers, comme le cabaret ou la boutique de petits pains, mais il passa sans s'arrêter, et sans même en avoir envie. Ce n'était pas cela qu'il voulait, sans pour autant savoir ce qu'il voulait.

他在路上走着要“求食”,看见熟识的酒店,看见熟识的馒头,但他都走过了,不但没有暂停,而且并不想要。他所求的不是这类东西了;他求的是什么东西,他自己不知道。

Weichouang n'était pas un grand bourg et il en fut vite sorti. La campagne était couverte de rizières et vert tendre des jeunes pousses s'étendait à perte de vue, parsemé de points noirs mobiles qui étaient les paysans au labour. Ah Q continuait de marcher, insensible à cette idylle champêtre, car il savait d'instinct que la voie dans laquelle il s'était engagé pour « mendier sa nourriture » le mènerait bien loin de tout cela. Mais, pour finir, il se retrouva devant le mur d'enceinte du Temple du calme perfectionnement.

未庄本不是大村镇,不多时便走尽了。村外多是水田,满眼是新秧的嫩绿,夹着几个圆形的活动的黑点,便是耕田的农夫。阿Q并不赏鉴这田家乐,却只是走,因为他直觉的知道这与他的“求食”之道是很辽远的。但他终于走到静修庵的墙外了。

Le mur blanc du temple se détachait sur le vert tendre des rizières, et derrière, un petit mur de terre entourait un potager. Ah Q hésita un moment, regardant bien tout autour de lui ; il n'y avait personne. Il grimpa sur le mur bas en s'accrochant à un polygonum, mais la terre s'effrita sous ses pieds qui se mirent à trembler ; se rattrapant à une branche de mûrier, il réussit à sauter de l'autre côté du mur. Le potager était luxuriant mais il n'y poussait apparemment ni vin jaune ni petits pains, ni quoi que ce soit de comestible. Il y avait bien contre le mur ouest une haie de bambous pleine de pousses mais hélas elles n'étaient pas cuites ; le colza était monté en graines, la moutarde était en fleur et les choux séchées sur pied.

庵周围也是水田,粉墙突出在新绿里,后面的低土墙里是菜园。阿Q迟疑了一会,四面一看,并没有人。他便爬上这矮墙去,扯着何首乌藤,但泥土仍然簌簌的掉,阿Q的脚也索索的抖;终于攀着桑树枝,跳到里面了。里面真是郁郁葱葱,但似乎并没有黄酒馒头,以及此外可吃的之类。靠西墙是竹丛,下面许多笋,只可惜都是并未煮熟的,还有油菜早经结子,芥菜已将开花,小白菜也很老了。

Se sentant frustré comme un « aspirant lettrés » recalé à l'examen, Ah Q s'approcha à pas lents de la porte du potager où il eut la bonne surprise de découvrir une plate-bande de navets flétris. Comme il s'accroupissait pour les arracher, une tête ronde se montra soudain à la porte et se retira tout aussi vite, celle de la petite petite nonne sans aucun doute. La petite nonne faisait partie des gens que Ah Q méprisait comme la mauvaise herbe, mais en ce monde il faut parfois faire des compromis et il arracha à la hâte quatre navets qu'il enveloppa dans une feuille et mit dans son giron. Entre temps, une vieille nonne était sortie.

阿Q仿佛文童落第似的觉得很冤屈,他慢慢走近园门去,忽而非常惊喜了,这分明是一畦老萝卜。他于是蹲下便拔,而门口突然伸出一个很圆的头来,又即缩回去了,这分明是小尼姑。小尼姑之流是阿Q本来视若草芥的,但世事须“退一步想”,所以他便赶紧拔起四个萝卜,拧下青叶,兜在大襟里。然而老尼姑已经出来了。

– Amida Bouddha ! Comment, Ah Q, tu sautes dans notre potager pour voler nos navets ! … C'est un péché, Amida Bouddha !...
– Quand est-ce que j'ai sauté dans votre potager pour voler des navets ? Cria Ah Q par-dessus son épaule en s'en allant.
– Mais à l'instant … ça, ce n'en est pas ? Dit la vieille nonne en montrant sa poche.
– Ils sont à vous ? Est-ce qu'ils viennent quand vous les sifflez ? Vous...

“阿弥陀佛,阿Q,你怎么跳进园里来偷萝卜!……阿呀,罪过呵,阿唷,阿弥陀佛!……”
“我什么时候跳进你的园里来偷萝卜?”阿Q且看且走的说。
“现在……这不是?”老尼姑指着他的衣兜。
“这是你的?你能叫得他答应你么?你……”

Sans finir sa phrase, Ah Q se mit à courir, car un gros chien noir s'était lancé à sa poursuite ; il était habituellement à la porte du devant, et on ne sait ce qui le prit de venir dans le potager du fond. Le chien noir arrivait sur Ah Q en aboyant et il allait lui mordre le mollet lorsque heureusement un navet tomba de sa poche et effraya le chien qui s'arrêta le temps pour Ah Q de grimper sur le mûrier, enjamber le mur et aller rouler avec ses navets de l'autre côté. Il laissait derrière lui le chien hurlant face au mûrier et la vieille nonne en train d'invoquer le Bouddha.

阿Q没有说完话,拔步便跑;追来的是一匹很肥大的黑狗。这本来在前门的,不知怎的到后园来了。黑狗哼而且追,已经要咬着阿Q的腿,幸而从衣兜里落下一个萝卜来,那狗给一吓,略略一停,阿Q已经爬上桑树,跨到土墙,连人和萝卜都滚出墙外面了。只剩着黑狗还在对着桑树嗥,老尼姑念着佛。

Comme Ah Q avait peur que les nonnes ne lâchent le chien noir sur lui, il ramassa les navets et partit, prenant quelques cailloux sur son chemin, mais le chien ne se montra pas. Ah Q jeta les cailloux et se mit à manger tout en marchant, se disant qu'il n'avait rien à chercher par là et qu'il ferait peut-être mieux de partir pour la ville...
Le temps de manger trois navets, sa décision d'aller en ville était prise.

阿Q怕尼姑又放出黑狗来,拾起萝卜便走,沿路又捡了几块小石头,但黑狗却并不再现。阿Q于是抛了石块,一面走一面吃,而且想道,这里也没有什么东西寻,不如进城去……
待三个萝卜吃完时,他已经打定了进城的主意了。
2012-7-7 21:02:18

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本帖最后由 toughkid 于 2012-7-26 14:42 编辑

Chapitre six
第六章
Echec d'une tentative de restauration
从中兴到末路
Lorsqu'on revit Ah Q à Weitchouang, on venait de célébrer la Fête de la mi-automne. Tout le monde fut bien étonné par la nouvelle, et on se demanda, par la même occasion, où il avait pu aller pendant tout ce temps. Les quelques fois où Ah Q était parti pour la ville, avant, il l'avait annoncé triomphalement, mais, cette fois, il n'en avait pas soufflé mot, et personne n'y avait fait attention. Peut-être l'avait-il dit au vieux gardien du temple mais, telle était la coutume à Weitchouang, il fallait que ce soit Monsieur Tchao, ou Monsieur Tsien, ou le Lauréat cantonal qui se rende en ville pour constituer un événement notable. Même le Faux-diable-étranger ne comptait pas, et Ah Q encore moins ! Cela explique que le vieux ne lui ait pas fait de publicité, laissant tout Weitchouang dans l'ignorance.

在未庄再看见阿Q出现的时候,是刚过了这年的中秋。人们都惊异,说是阿Q回来了,于是又回上去想道,他先前那里去了呢?阿Q前几回的上城,大抵早就兴高采烈的对人说,但这一次却并不,所以也没有一个人留心到。他或者也曾告诉过管土谷祠的老头子,然而未庄老例,只有赵太爷钱太爷和秀才大爷上城才算一件事。假洋鬼子尚且不足数,何况是阿Q:因此老头子也就不替他宣传,而未庄的社会上也就无从知道了。

Mais, cette fois, à l'inverse des précédentes, c'est le retour de Ah Q qui ne passa pas inaperçu. Un jour, à la tombée de la nuit, il apparut, avec un air de somnambule, à la porte du cabaret, s'approcha du comptoir et sortit de sa poche une poignée de pièces de cuivre et d'argent qu'il jeta devant lui en disant : « Je paye comptant ! A boire ! » Il portait une veste neuve qui laissait voir, pendue à sa taille, une bourse si lourde qu'elle incurvait profondément sa ceinture de pantalon. A Weitchouang, telle était la coutume, si quelqu'un surprenait par son apparence, on préférait être poli que grossier avec lui ; alors on avait beau savoir que c'était Ah Q, il était si différent de l'Ah Q en veste trouée et comme disaient les anciens, « après trois jours de séparation, on se revoit avec des yeux neufs », que tous serveurs, patron, consommateurs, passants, adoptèrent spontanément à son égard une attitude à la fois méfiante et respectueuse. Le patron lui fit d'abord un signe de tête, puis engagea la conversation :
– Alors, Ah Q, te voilà de retour ?
– Oui, me voilà.
– Tu as fait fortune, je vois. Tu étais...
– A la ville.

但阿Q这回的回来,却与先前大不同,确乎很值得惊异。天色将黑,他睡眼蒙胧的在酒店门前出现了,他走近柜台,从腰间伸出手来,满把是银的和铜的,在柜上一扔说,“现钱!打酒来!”穿的是新夹袄,看去腰间还挂着一个大搭连,沉钿钿的将裤带坠成了很弯很弯的弧线。未庄老例,看见略有些醒目的人物,是与其慢也宁敬的,现在虽然明知道是阿Q,但因为和破夹袄的阿Q有些两样了,古人云,“士别三日便当刮目相待”,所以堂倌,掌柜,酒客,路人,便自然显出一种凝而且敬的形态来。掌柜既先之以点头,又继之以谈话:
“豁,阿Q,你回来了!”
“回来了。”
“发财发财,你是——在……”
“上城去了!”

La nouvelle se répandit le lendemain dans tout Weitchouang. Comme tous voulaient connaître l'histoire de la soudaine prospérité de cet Ah Q vêtu de neuf et cousu d'argent, on était partout à l'affût d'informations, que ce soit au cabaret, à la maison de thé ou sous l'auvent du temple. Ah Q y gagna un prestige nouveau pour lui.

这一件新闻,第二天便传遍了全未庄。人人都愿意知道现钱和新夹袄的阿Q的中兴史,所以在酒店里,茶馆里,庙檐下,便渐渐的探听出来了。这结果,是阿Q得了新敬畏。

Ah Q, à l'en croire, avait travaillé chez Monsieur le Lauréat provincial. A ce point de son récit, ses auditeurs se sentirent pénétrés de respect. Ce lauréat provincial s'appelait Pai de son nom de famille, mais comme il était le seul de son grade dans toute la ville, il suffisait de dire Monsieur le Lauréat provincial, sans nom de famille, pour savoir que c'était lui ; il était si connu, à Weitchouang comme à cent li à la ronde, que beaucoup de gens n'étaient pas loin de croire que « Lauréat provincial » étaient ses noms et prénom.C'était un honneur de travailler chez lui. Mais, dit aussi Ah Q, l'envie d'y travailler lui avait passé parce que Monsieur le Lauréat provincial était un « salaud ». A ce point de son récit, ses auditeurs soupirèrent d'aise, puisque, malheureusement pour lui, Ah Q n'était pas digne de travailler chez Monsieur le Lauréat provincial.

据阿Q说,他是在举人老爷家里帮忙。这一节,听的人都肃然了。这老爷本姓白,但因为合城里只有他一个举人,所以不必再冠姓,说起举人来就是他。这也不独在未庄是如此,便是一百里方圆之内也都如此,人们几乎多以为他的姓名就叫举人老爷的了。在这人的府上帮忙,那当然是可敬的。但据阿Q又说,他却不高兴再帮忙了,因为这举人老爷实在太“妈妈的”了。这一节,听的人都叹息而且快意,因为阿Q本不配在举人老爷家里帮忙,而不帮忙是可惜的。

A ce que dit encore Ah Q, une des raisons de son retour était que les gens de la ville ne lui plaisaient pas : d'abord, ils appelaient un petit banc un tabouret et coupaient la ciboule trop fine pour faire frire le poisson, mais ensuite, et ce grief était nouveau, les femmes ne se dandinaient pas gracieusement en marchant. Il y avait aussi des choses à y admirez, par exemple, même les gamins des rues jouaient très bien au mahjong, alors qu'à Weichouang on utilisait un jeu de trente-deux jetons de bambou et que seul le Faux-diable-étranger savait y jouer ; et encore, confronté à un gamin de douze ans, il se serait vite trouvé dans la situation d' « un petit diable face au roi des enfers ». A ce point de sont récit, ses auditeurs rougirent de confusion.

据阿Q说,他的回来,似乎也由于不满意城里人,这就在他们将长凳称为条凳,而且煎鱼用葱丝,加以最近观察所得的缺点,是女人的走路也扭得不很好。然而也偶有大可佩服的地方,即如未庄的乡下人不过打三十二张的竹牌,只有假洋鬼子能够叉“麻酱”,城里却连小乌龟子都叉得精熟的。什么假洋鬼子,只要放在城里的十几岁的小乌龟子的手里,也就立刻是“小鬼见阎王”。这一节,听的人都赧然了。

– Avez-vous déjà vu une exécution ? Dit encore Ah Q. Ah, c'est beau ! Ils ont coupé la tête d'un révolutionnaire. Ah, c'était beau ! … Il secoua la tête, faisant voler un jet de salive sur le visage de Tchao se-tchen qui était en face de lui. A ce point du récit, ses auditeurs furent saisis d'une crainte respectueuse. Jetant un regard circulaire, Ah Q leva brusquement la main droite et la laissa retomber sur la nuque de Wang-la-barbe qui écoutait, le cou tendu, fasciné :
– Han !

“你们可看见过杀头么?”阿Q说,“咳,好看。杀革命党。唉,好看好看,……”他摇摇头,将唾沫飞在正对面的赵司晨的脸上。这一节,听的人都凛然了。但阿Q又四面一看,忽然扬起右手,照着伸长脖子听得出神的王胡的后项窝上直劈下去道:
“嚓!”

Wang-la-barbe sursauta et rentra sa tête avec la promptitude de l'éclair, tandis que les auditeurs étaient partagés entre la terreur et le ravissement. Wang-la-barbe mit plusieurs jours à s'en remettre et n'osa plus approcher Ah Q ; les autres non plus, d'ailleurs.

王胡惊得一跳,同时电光石火似的赶快缩了头,而听的人又都悚然而且欣然了。从此王胡瘟头瘟脑的许多日,并且再不敢走近阿Q的身边;别的人也一样。

A ce moment, Ah Q occupait aux yeux des habitants de Weitchouang une position qu'on n'oserait dire supérieure à celle de Monsieur Tchao, mais qu'on peut, sans risque d'erreur, qualifier de comparable.

阿Q这时在未庄人眼睛里的地位,虽不敢说超过赵太爷,但谓之差不多,大约也就没有什么语病的了。

Bientôt, la réputation de Ah Q pénétra dans tous les foyers de Weitchouang et même les femmes en entendirent parler. Excepté deux familles riches, les Tsien et les Tchao, les neuf dixièmes du village étaient modestes, mais une femme n'en est pas moins une femme, et il est à peine croyable qu'elles aient été toutes si vite au courant. Quand elles se rencontraient, elles se racontaient les dernières nouvelles : Belle-sœur Tseou avait acheté à Ah Q une jupe de soie bleue, d'occasion certes, mais ne l'avait payée que quatre-vingt-dix sapèques ; la mère de Tchao Pai-yen – ou selon une autre version, à vérifier, de Tchao Se-tchen – s'était procuré chez lui une tunique d'enfant en coton « étranger » rouge, presque neuve, à quatre-vingt-dix pour cent de sa valeur. Dès lors elles guettèrent toutes les occasions de rencontrer Ah Q, qui pour lui acheter une jupe de soie, qui pour lui acheter une tunique de coton, et loin de fuir à sa vue, elles lui couraient après en l'appelant s'il avait passé sans s'arrêter.
– Ah Q, as-tu encore des jupes de soie ? Non ? Il me faut aussi une tunique de coton, il t'en reste bien une ?

然而不多久,这阿Q的大名忽又传遍了未庄的闺中。虽然未庄只有钱赵两姓是大屋,此外十之九都是浅闺,但闺中究竟是闺中,所以也算得一件神异。女人们见面时一定说,邹七嫂在阿Q那里买了一条蓝绸裙,旧固然是旧的,但只化了九角钱。还有赵白眼的母亲,——一说是赵司晨的母亲,待考,——也买了一件孩子穿的大红洋纱衫,七成新,只用三百大钱九二串。于是伊们都眼巴巴的想见阿Q,缺绸裙的想问他买绸裙,要洋纱衫的想问他买洋纱衫,不但见了不逃避,有时阿Q已经走过了,也还要追上去叫住他,问道:
“阿Q,你还有绸裙么?没有?纱衫也要的,有罢?”

Ce furent les femmes des familles modestes qui commencèrent, mais les riches les imitèrent. Comme Belle-sœur Tseou, fière de sa jupe de soie, la fit admirer à Madame Tchao, celle-ci en parla avec enthousiasme à son mari. Monsieur Tchao en discuta au dîner avec le Lauréat cantonal ; à son avis, Ah Q avait quelque chose de suspect, et il valait mieux surveiller les entrées de la maison ; mais si on pouvait encore lui acheter quelque chose, peut-être que sa marchandise était bonne. Et justement, Madame Tchao cherchait un beau gilet de fourrure à un prix raisonnable. A l'issue d'un conseil de famille, on chargea Belle-sœur Tseou d'aller chercher Ah Q sur l'heure et l'on institua, pour la circonstance, une troisième exception à la règle : ce soir-là, la lampe à huile pourrait rester allumée un moment.

后来这终于从浅闺传进深闺里去了。因为邹七嫂得意之余,将伊的绸裙请赵太太去鉴赏,赵太太又告诉了赵太爷而且着实恭维了一番。赵太爷便在晚饭桌上,和秀才大爷讨论,以为阿Q实在有些古怪,我们门窗应该小心些;但他的东西,不知道可还有什么可买,也许有点好东西罢。加以赵太太也正想买一件价廉物美的皮背心。于是家族决议,便托邹七嫂即刻去寻阿Q,而且为此新辟了第三种的例外:这晚上也姑且特准点油灯。

Mais la lampe avait déjà consommé beaucoup d'huile, et Ah Q n'était toujours pas arrivé. La famille Tchao au grand complet se désolait et bâillait, pestant contre cet Ah Q qui n'était jamais là quand il fallait, ou contre l'incurie de Belle-sœur Tseou. Madame Tchao craignait qu'il n'ose pas venir à cause de l'engagement qu'il avait pris au printemps, mais, disait Monsieur Tchao, il n'y avait pas là motif à s'inquiéter puisque c'était « moi, Monsieur Tchao » qui l'avait convoqué. Et il avait vu juste, car enfin Ah Q entra à la suite de Belle-sœur Tseou.

油灯干了不少了,阿Q还不到。赵府的全眷都很焦急,打着呵欠,或恨阿Q太飘忽,或怨邹七嫂不上紧。赵太太还怕他因为春天的条件不敢来,而赵太爷以为不足虑:因为这是“我”去叫他的。果然,到底赵太爷有见识,阿Q终于跟着邹七嫂进来了。

– Tout ce qu'il sait dire, c'est qu'il n'a plus rien, et moi je lui dis : Va le leur dire toi-même, et il me dit toujours la même chose, et moi je lui dis... expliqua Belle-sœur Tseou en entrant, encore tout essoufflée.
– Monsieur ! Articula Ah Q avec une grimace qui voulait être un sourire, en restant sous l'auvent de la porte.
- Il paraît que tu as fait fortune au-dehors, Ah Q, dit Monsieur Tchao, marchant à pas lents et le toisant du regard. C'est bien, très bien. C'est que... il paraît que tu as de la marchandise d'occasion... tu pourrais peut-être nous la montrer... C'est simplement pour ça, parce que nous...
– Je l'ai déjà dit à Belle-sœur Tseou, je n'ai plus rien.
– Plus rien ? Dit Monsieur Tchao d'une voix blanche. Comment se fait-il que tout soit parti aussi vite ?
– Cela appartenait à des amis, il n'y avait pas grand-chose ; ils avaient acheté quelques...
– Il devrait bien en rester un peu !
– Tout ce qui me reste, c'est un rideau de porte.
– Eh bien, viens nous le montrer, dit précipitamment Madame Tchao.
– C'est ça, apporte-le demain, reprit Monsieur Tchao sans enthousiasme. Et si tu as d'autres marchandises, commence par nous les présenter à nous...
– Nous ne te payerons pas moins que les autres, dit le Lauréat cantonal. Et sa femme jeta un regard furtif sur Ah Q, pour voir si on avait réussi à l'émouvoir.
– Il me faut un gilet de fourrure, dit Madame Tchao.

“他只说没有没有,我说你自己当面说去,他还要说,我说……”邹七嫂气喘吁吁的走着说。
“太爷!”阿Q似笑非笑的叫了一声,在檐下站住了。
“阿Q,听说你在外面发财,”赵太爷踱开去,眼睛打量着他的全身,一面说。“那很好,那很好的。这个,……听说你有些旧东西,……可以都拿来看一看,……这也并不是别的,因为我倒要……”
“我对邹七嫂说过了。都完了。”
“完了?”赵太爷不觉失声的说,“那里会完得这样快呢?”
“那是朋友的,本来不多。他们买了些,……”
“总该还有一点罢。”
“现在,只剩了一张门幕了。”
“就拿门幕来看看罢。”赵太太慌忙说。
“那么,明天拿来就是,”赵太爷却不甚热心了。“阿Q,你以后有什么东西的时候,你尽先送来给我们看,……”
“价钱决不会比别家出得少!”秀才说。秀才娘子忙一瞥阿Q的脸,看他感动了没有。
“我要一件皮背心。”赵太太说。

Ah Q promit tout ce qu'on voulut, mais à le voir sortir, avec son air apathique, on pouvait se demander s'il tiendrait sa promesse. Partagé entre la déception, la colère et l'inquiétude, Monsieur Tchao s'arrêta de bâiller. Agacé par le comportement de Ah Q, le Lauréat cantonal déclara qu'il fallait se méfier de cet « œuf de tortue », et peut-être même ordonner au garde-champêtre de lui interdire de résider à Weitchouang. Mais Monsieur Tchao n'était pas de cet avis, car il craignait des représailles ; d'ailleurs, dans ce genre de commerce, et général, « l'aigle ne mange pas ses propres œufs », et le propre village de Ah Q n'avait rien à craindre ; il suffisait d'être un peu plus vigilant la nuit. Admirant la pertinence des « sages instructions paternelles », le Lauréat cantonal revint sur sa suggestion de Chasser Ah Q et recommanda instamment à Belle-sœur Tseou de n'en toucher mot à personne.

阿Q虽然答应着,却懒洋洋的出去了,也不知道他是否放在心上。这使赵太爷很失望,气愤而且担心,至于停止了打呵欠。秀才对于阿Q的态度也很不平,于是说,这忘八蛋要提防,或者不如吩咐地保,不许他住在未庄。但赵太爷以为不然,说这也怕要结怨,况且做这路生意的大概是“老鹰不吃窝下食”,本村倒不必担心的;只要自己夜里警醒点就是了。秀才听了这“庭训”,非常之以为然,便即刻撤消了驱逐阿Q的提议,而且叮嘱邹七嫂,请伊千万不要向人提起这一段话。

Mais le lendemain, en allant faire teindre en noir sa jupe bleue, Belle-sœur Tseou, sans dire ouvertement que le Lauréat cantonal aurait voulu chasser Ah Q, laissa entendre qu'il n'était à l'abri de tout soupçon ; cela suffit pour faire du tort à Ah Q. Pour commencer, le garde-champêtre se présenta chez lui pour confisquer le rideau de porte, et Ah Q eut beau lui dire que Madame Tchao voulait le voir, il refusa de le rendre, et par-dessus le marché fixa le montant d'un « tribut » que Ah Q lui payerait chaque mois. Ensuite, les villageois cessèrent d'être respectueux et, sans oser être franchement grossiers, se mirent à prendre leurs distances ; mais ce n'était pas comme au moment où ils se méfiaient de son « Han ! » car maintenant il ne se tenaient pas à distance, mais le tenaient à distance.

但第二日,邹七嫂便将那蓝裙去染了皂,又将阿Q可疑之点传扬出去了,可是确没有提起秀才要驱逐他这一节。然而这已经于阿Q很不利。最先,地保寻上门了,取了他的门幕去,阿Q说是赵太太要看的,而地保也不还并且要议定每月的孝敬钱。其次,是村人对于他的敬畏忽而变相了,虽然还不敢来放肆,却很有远避的神情,而这神情和先前的防他来“嚓”的时候又不同,颇混着“敬而远之”的分子了。

Seuls quelques désœuvrés cherchaient encore à connaître les dessous de l'histoire de Ah Q. Celui-ci n'en faisait pas mystère et racontait avec fierté ses aventures. On sut enfin que Ah Q n'était qu'un minable comparse, incapable de passer un mur ou de se faufiler par un trou, tout juste bon à faire le guet dehors pour recueillir le butin. Une nuit, alors que son chef, après lui avoir passé un paquet, venait de retourner à l'intérieur, il y entendit de grands cris, prit la fuite aussitôt, réussit à se glisser hors de la ville la nuit même et rentra se réfugier à Weitchouang. Depuis, il n'osait plus recommencer. Cette histoire lui fit encore plus d tort ; les villageois qui se tenaient à une distance respectueuse par crainte de représailles découvrirent avec stupéfaction qu'il n'était qu'un petit voleur qui n'osait plus voler. Il n'était même pas redoutable.

只有一班闲人们却还要寻根究底的去探阿Q的底细。阿Q也并不讳饰,傲然的说出他的经验来。从此他们才知道,他不过是一个小脚色,不但不能上墙,并且不能进洞,只站在洞外接东西。有一夜,他刚才接到一个包,正手再进去,不一会,只听得里面大嚷起来,他便赶紧跑,连夜爬出城,逃回未庄来了,从此不敢再去做。然而这故事却于阿Q更不利,村人对于阿Q的“敬而远之”者,本因为怕结怨,谁料他不过是一个不敢再偷的偷儿呢?这实在是“斯亦不足畏也矣”。
2012-7-7 21:02:32

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本帖最后由 toughkid 于 2012-7-26 14:57 编辑

Chapitre sept
第七章
La Révolution
革命

Le quatorzième jour du neuvième mois de la troisième année de l'empereur Siuantong ( c'est-à-dire le jour où Ah Q vendit sa bourse à Tchao Pai-yen), aux alentours de minuit, un grand bateau noir accosta au ponton de la maison des Tchao sur le fleuve. Il avait émergé de l'obscurité à l'insu des villageois profondément endormis ; mais au petit matin, quelques-uns le virent quand il repartit. L'enquête qui fut aussitôt rondement menée révéla que le bateau appartenait à Monsieur le Lauréat provincial.

宣统三年九月十四日——即阿Q将搭连卖给赵白眼的这一天——三更四点,有一只大乌篷船到了赵府上的河埠头。这船从黑魆魆中荡来,乡下人睡得熟,都没有知道;出去时将近黎明,却很有几个看见的了。据探头探脑的调查来的结果,知道那竟是举人老爷的船!

Ce bateau sema la perturbation à Weitchouang et, avant midi, tout le village fut en émoi. Malgré le mutisme de la famille Tchao sur les raisons de la venue de ce bateau, il était de notoriété publique que les révolutionnaires allaient entrer dans la ville, et que Monsieur le Lauréat provincial était venu se réfugier au village. Seule Belle-sœur Tseou n'en croyait rien, et disait qu'il ne s'agissait que de quelques vieux coffres que Monsieur le Lauréatt provincial voulait confier à Monsieur Tchao qui les avait refusés. Il est vrai que Monsieur le Lauréat provincial et le Lauréat cantonal n'avaient jamais été en très bons termes, et il était logique qu'il n'y ait pas entre eux une amitié à l'épreuve de l'adversité ; et comme de plus Belle-sœur Tseou, étant la voisine des Tchao, était particulièrement bien informée, sans doute était-ce elle qui avait raison.

那船便将大不安载给了未庄,不到正午,全村的人心就很动摇。船的使命,赵家本来是很秘密的,但茶坊酒肆里却都说,革命党要进城,举人老爷到我们乡下来逃难了。惟有邹七嫂不以为然,说那不过是几口破衣箱,举人老爷想来寄存的,却已被赵太爷回复转去。其实举人老爷和赵秀才素不相能,在理本不能有“共患难”的情谊,况且邹七嫂又和赵家是邻居,见闻较为切近,所以大概该是伊对的。

Cependant les ragots allaient bon train ; Monsieur le Lauréat provincial ne serait pas venu en personne, mais aurait envoyé une longue lettre énonçant ses liens de parenté complexes avec les Tchao. Après mûre réflexion, Monsieur Tchao en avait conclu qu'il n'y avait aucun inconvénient à garder les coffres qui seraient actuellement entreposés sous le lit de Madame Tchao. Quant aux révolutionnaires, certains racontaient qu'ils étaient entrés en ville dans la nuit, revêtus d'armures et de casques blancs : ils portaient le deuil de l'empereur Tchong-tcheng.

然而谣言很旺盛,说举人老爷虽然似乎没有亲到,却有一封长信,和赵家排了“转折亲”。赵太爷肚里一轮,觉得于他总不会有坏处,便将箱子留下了,现就塞在太太的床底下。至于革命党,有的说是便在这一夜进了城,个个白盔白甲:穿着崇正皇帝的素。

Ce mot de « révolutionnaires » était depuis longtemps familier aux oreilles de Ah Q ; cette année même, il avait vu de ses propres yeux l'exécution d'un révolutionnaire. Sans savoir pourquoi, il était convaincu que les révolutionnaires étaient des rebelles, et que des rebelles étaient gens à lui créer des ennuis, aussi leur avait-il voué une haine mortelle. Il n'aurait pourtant pas imaginé que Monsieur le Lauréat provincial, célèbre à cent li à la ronde, en ait tellement peur ; cela le consolait, sans parler de l'affolement de toutes ces bonnes gens de Weitchouang, encore plus réjouissant.

阿Q的耳朵里,本来早听到过革命党这一句话,今年又亲眼见过杀掉革命党。但他有一种不知从那里来的意见,以为革命党便是造反,造反便是与他为难,所以一向是“深恶而痛绝之”的。殊不料这却使百里闻名的举人老爷有这样怕,于是他未免也有些“神往”了,况且未庄的一群鸟男女的慌张的神情,也使阿Q更快意。

« La révolution a aussi du bon... elle nous débarrassera de ces salauds... tous les mêmes... et moi, eh bien, je vais me « rendre » aux révolutionnaires ! »

“革命也好罢,”阿Q想,“革这伙妈妈的命,太可恶!太可恨!……便是我,也要投降革命党了。”

Depuis quelque temps, Ah Q avait des embarras pécuniaires, ce qui le rendait facilement excitable ; de plus, il avait absorbé à midi, le ventre vide, deux bols de vin qui lui étaient encore plus vite montés à la tête ; et comme il se faisait ces réflexions tout en marchant, il se sentit à nouveau pousser des ailes. Il s'imagina tout à coup que les révolutionnaires, c'était lui, et que les habitants de Weitchouang étaient ses prisonniers. Dans sa joie, il perdit tout contrôle sur lui-même et se mit à hurler :
– Rébellion ! Rébellion !

阿Q近来用度窘,大约略略有些不平;加以午间喝了两碗空肚酒,愈加醉得快,一面想一面走,便又飘飘然起来。不知怎么一来,忽而似乎革命党便是自己,未庄人却都是他的俘虏了。他得意之余,禁不住大声的嚷道:
“造反了!造反了!”

On le regarda avec des yeux terrifiés ; Ah Q n'en avait jamais vu d'aussi pitoyables, et ce spectacle fut aussi rafraîchissant pour lui qu'un verre d'eau glacée en pleine canicule. Il se mit à marcher d'un pas encore plus allège, tout en criant :
– Je prendrai ce que je voudrai, j'aimerai qui me plaira.

未庄人都用了惊惧的眼光对他看。这一种可怜的眼光,是阿Q从来没有见过的,一见之下,又使他舒服得如六月里喝了雪水。他更加高兴的走而且喊道:
“好,……我要什么就是什么,我欢喜谁就是谁。

Tatata, boumlala
Fatale erreur, en pleine ivresse j'ai tué mon frère juré
Fatale erreur, baia, baia...
Tata, boumla, oulala
Ma main brandit une masse de fer pour t'abattre...

得得,锵锵!
悔不该,酒醉错斩了郑贤弟,
悔不该,呀呀呀……
得得,锵锵,得,锵令锵!
我手执钢鞭将你打……”

Les deux messieurs de la famille Tchao étaient sur le pas de leur porte, en train de parler de la révolution avec leurs deux cousins ; Ah Q passa sans les voir, chantant à gorge déployée.
– Tiens voilà ce vieil Ah Q ! s'écria timidement Monsieur Tchao en guise de salutation.

赵府上的两位男人和两个真本家,也正站在大门口论革命。阿Q没有见,昂了头直唱过去。
“得得,……”
“老Q,”赵太爷怯怯的迎着低声的叫。

« Tata boumlala... » Ah Q ne pouvait imaginer que ce qualificatif puisse être associé à son nom, et pensant que cela ne le concernait pas, continuait à chanter.
– Ah Q, mon vieux !
« Fatale erreur... »

“锵锵,”阿Q料不到他的名字会和“老”字联结起来,以为是一句别的话,与己无干,只是唱。“得,锵,锵令锵,锵!”
“老Q。”
“悔不该……”

– Ah Q ! aboya le Lauréat cantonal, essayant en dernier recours de l'appeler simplement par son nom.
Ah Q s'arrêta enfin : « Quoi ? » demanda-t-il en tournant la tête.

“阿Q!”秀才只得直呼其名了。
阿Q这才站住,歪着头问道,“什么?”

– Ah Q, cher vieil Ah Q... Maintenant... Monsieur Tchao ne savait au fond que lui dire. Est-ce que tu as fortune, à présent ?
– Fait fortune ? Naturellement ! Je prendrai ce que je voudrai...
– Ah Q, vieux frère, de pauvres amis comme nous n'ont rien à craindre, j'espère... dit craintivement Tchao Pai-yen, comme pour sonder les intentions des des révolutionnaires.
– Toi, un ami pauvre ? Tu es en tout cas plus riche que moi ! Répondit Ah Q en s'éloignant.

“老Q,……现在……”赵太爷却又没有话,“现在……发财么?”
“发财?自然。要什么就是什么……”
“阿……Q哥,像我们这样穷朋友是不要紧的……”赵白眼惴惴的说,似乎想探革命党的口风。
“穷朋友?你总比我有钱。”阿Q说着自去了。

Ils ne dirent mot, consternés. Les Tchao père et fils rentrèrent chez eux et tinrent conseil, le soir, jusqu'à l'heure d'allumer la lampe. Quant à Tchao Pai-yen, aussitôt rentré chez lui, il sortit sa bourse de sa poche et la remit à sa femme pour qu'elle la cache au fond d'un coffre.

大家都怃然,没有话。赵太爷父子回家,晚上商量到点灯。赵白眼回家,便从腰间扯下搭连来,交给他女人藏在箱底里。

Ah Q marcha encore un moment, léger comme s'il avait des ailes, mais il était déjà dégrisé en arrivant au Temple du dieu tutélaire. Ce soir-là, le vieux gardien se montra, lui aussi, particulièrement aimable, et lui offrit du thé ; du coup, Ah Q lui demanda deux galettes, et après les avoir mangées, une bougie de quatre onces déjà entamée et un socle ; il l'alluma et alla se coucher dans sa petite chambre solitaire. Il sentait merveilleusement frais et dispos, et tandis que la flamme pétillait avec autant d'éclat qu'à la Fête des lanternes, ses pensées se mirent aussi à pétiller :
« Rébellion ? Voilà qui me plaît... Une troupe de révolutionnaires arrivera, en armures et casques blancs, arec de grands couteaux, des massues d'acier, des bombes, des fusils, des sabres à triple pointe et double tranchant, des lances crochues ; ils passeront devant le temple et m'appelleront : « Ah Q, suis-nous ! Suis-nous, Ah Q ! » et moi je les suivrai... C'est alors qu'ils me feront bien rire, ces braves gens de Weitchouang, quand ils m'imploreront à genoux : « Ah Q, épargne-nous ! » Ils pourront toujours parler ! Les premiers à mourir seront Petit D et Monsieur Tchao, puis le Lauréat cantonal, puis le Faux-diable-étranger... est-ce que j'en laisserai quelques-uns ? Wang-la-barbe, à la rigueur, et puis non, il y a passera aussi... Leurs richesses... j'irai droit à leurs coffres : lignots, dollars, cotonnades... je transporterai dans le temple le beau lit de Ningbo de la femme du Lauréat cantonal et je le compléterai par la table et les chaises des Tsien (celles des Tchao peuvent aller aussi). Je ne remuerai pas le petit doigt, c'est Petit D qui sera chargé du déménagement, et si ce n'est pas vite fait, gare aux taloches...

阿Q飘飘然的飞了一通,回到土谷祠,酒已经醒透了。这晚上,管祠的老头子也意外的和气,请他喝茶;阿Q便向他要了两个饼,吃完之后,又要了一支点过的四两烛和一个树烛台,点起来,独自躺在自己的小屋里。他说不出的新鲜而且高兴,烛火像元夜似的闪闪的跳,他的思想也迸跳起来了:
“造反?有趣,……来了一阵白盔白甲的革命党,都拿着板刀,钢鞭,炸*弹,洋炮,三尖两刃刀,钩镰枪,走过土谷祠,叫道,‘阿Q!同去同去!’于是一同去。……
“这时未庄的一伙鸟男女才好笑哩,跪下叫道,‘阿Q,饶命!’谁听他!第一个该死的是小D和赵太爷,还有秀才,还有假洋鬼子,……留几条么?王胡本来还可留,但也不要了。……
“东西,……直走进去打开箱子来:元宝,洋钱,洋纱衫,……秀才娘子的一张宁式床。先搬到土谷祠,此外便摆了钱家的桌椅,——或者也就用赵家的罢。自己是不动手的了,叫小D来搬,要搬得快,搬得不快打嘴巴。……

La jeune sœur de Tchao Se-tchen est vraiment trop laide ; la fille de Belle-sœur Tcheou, on en reparlera dans quelques années ; la femme du Faux-diable-étranger est capable de coucher avec un homme qui n'a pas de natte, pouah, ce n'est pas une femme ; la femme du Lauréat cantonal a une cicatrice sur la paupière... Tante Wou, il y a longtemps que je ne l'ai pas vue, je me demande où elle est ; dommage que ses pieds soient trop grands ! »

“赵司晨的妹子真丑。邹七嫂的女儿过几年再说。假洋鬼子的老婆会和没有辫子的男人睡觉,吓,不是好东西!秀才的老婆是眼胞上有疤的。……吴妈长久不见了,不知道在那里,——可惜脚太大。”

Ah Q se mit à ronfler avant d'avoir épuisé le sujet ; la bougie n'avait diminué que d'un demi-pouce et projetait une vive lumière rouge sur sa bouche ouverte.

阿Q没有想得十分停当,已经发了鼾声,四两烛还只点去了小半寸,红焰焰的光照着他张开的嘴。

Il poussa soudain un grand cri ; il leva la tête et regarda anxieusement autour de lui et, en voyant la bougie, laissa retomber sa tête et se rendormit.

“荷荷!”阿Q忽而大叫起来,抬了头仓皇的四顾,待到看见四两烛,却又倒头睡去了。

Il se leva tard, et quand il sortit voir ce qui se passait dans la rue, tout était comme d'habitude. Il avait faim, comme toujours et avait beau réfléchir, ne trouvait rien; soudain, comme pris d'une idée subite, il se mit lentement en marche, et se retrouva comme par hasard au Temple du calme perfectionnement.

第二天他起得很迟,走出街上看时,样样都照旧。他也仍然肚饿,他想着,想不起什么来;但他忽而似乎有了主意了,慢慢的跨开步,有意无意的走到静修庵。

Le temple était aussi silencieux qu'au printemps, ses murs aussi blancs et sa porte aussi noire. Après avoir bien réfléchi, il alla d'abord frapper à la porte ; un chien aboya à l'intérieur. Aussitôt, il ramassa des morceaux de briques et les jeta avec force contre la porte qui était déjà couverte de marques lorsqu'il entendit enfin quelqu'un ouvrir.

庵和春天时节一样静,白的墙壁和漆黑的门。他想了一想,前去打门,一只狗在里面叫。他急急拾了几块断砖,再上去较为用力的打,打到黑门上生出许多麻点的时候,才听得有人来开门。

Ah Q attendait de pied ferme, jambes écartées, serrant une brique aux creux de sa main, prêt à engager les hostilités avec le chien noir. Mais quand la porte s'entrouvrit, aucun chien noir n'en bondit et il ne distingua dans l’entrebâillement qu'une vieille nonne.

阿Q连忙捏好砖头,摆开马步,准备和黑狗来开战。但庵门只开了一条缝,并无黑狗从中冲出,望进去只有一个老尼姑。

– Que veux-tu encore ? demanda-t-elle, effrayée.
– C'est la révolution... le savez-vous ? dit Ah Q sans réfléchir.
– Révolution, révolution ! Il y en a déjà eu une ! … Vous allez nous donner les tournis, avec vos révolutions ! dit la vieille nonne les yeux rougis de pleurs.
– Quoi ? Ah Q n'y comprenait plus rien.
– Tu ne le sais donc pas ? Ils sont déjà venus faire la révolution !
– Qui ? Ah Q était de plus en plus abasourdi.
– Le Lauréat cantonal et le Diable étranger.

“你又来什么事?”伊大吃一惊的说。
“革命了……你知道?……”阿Q说得很含胡。
“革命革命,革过一革的,……你们要革得我们怎么样呢?”老尼姑两眼通红的说。
“什么?……”阿Q诧异了。
“你不知道,他们已经来革过了!”
“谁?……”阿Q更其诧异了。
“那秀才和洋鬼子!”

Voilà qui prenait Ah Q au dépourvu et il ne put cacher son désarroi : la nonne profita de ce que son agressivité s'était calmée pour fermer prestement la porte ; Ah Q eut beau pousser, elle ne céda pas ; il eut beau taper, personne ne répondit.

阿Q很出意外,不由的一错愕;老尼姑见他失了锐气,便飞速的关了门,阿Q再推时,牢不可开,再打时,没有回答了。

La chose s'était passée dans l'après-midi. Dès que le Lauréat cantonal, toujours bien informé, apprit que les révolutionnaires étaient entrés dans la ville pendant la nuit, il enroula sa natte sur le sommet de sa tête et, de bon matin, alla trouver le fils Tsien, le Diable étranger, avec lequel il n'était pourtant pas en très bons termes. Mais puisque s'était l'époque qui « permet aux gens de se jeter dans un nouveau courant », ils eurent vite fait de se mettre d'accord et, désormais complices, décidèrent de faire ensemble la révolution. Après s'être bien creusé la tête, ils se rappelèrent que le Temple du calme perfectionnement conservait une petite stèle souhaitant dix mille années de vie à l'empereur, que la révolution se devait de supprimer de toute urgence. C'est donc au temps qu'ils allèrent porter la révolution. Une vieille nonne tenta de les en dissuader, mais à peine eut-elle dit quelques mots que, la traitant comme le gouvernement mandchou en personne, ils lui donnèrent une volée de coups de poing et de bâton sur la tête. Lorsqu'après leur départ, la nonne reprit ses esprits et inspecta les lieux, la stèle gisait brisée à terre et un brûle-parfum de l'époque Siuanteh qui était devant la statue de la miséricordieuse Kouanyin avait disparu.

那还是上午的事。赵秀才消息灵,一知道革命党已在夜间进城,便将辫子盘在顶上,一早去拜访那历来也不相能的钱洋鬼子。这是“咸与维新”的时候了,所以他们便谈得很投机,立刻成了情投意合的同志,也相约去革命。他们想而又想,才想出静修庵里有一块“皇帝万岁万万岁”的龙牌,是应该赶紧革掉的,于是又立刻同到庵里去革命。因为老尼姑来阻挡,说了三句话,他们便将伊当作满政府,在头上很给了不少的棍子和栗凿。尼姑待他们走后,定了神来检点,龙牌固然已经碎在地上了,而且又不见了观音娘娘座前的一个宣德炉。

Ah Q ne l'apprit que plus tard. Il regretta d'avoir dormi à ce moment, mais leur en voulut beaucoup de ne pas être venus lui faire signe. Puis il essaya d'être compréhensif :
« Ne savaient-ils pas encore, peut-être, que je me suis « rendu »aux révolutionnaires ? »

这事阿Q后来才知道。他颇悔自己睡着,但也深怪他们不来招呼他。他又退一步想道:
“难道他们还没有知道我已经投降了革命党么?”
2012-7-7 21:02:43

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本帖最后由 toughkid 于 2012-7-26 14:43 编辑

Chapitre huit
第八章
Défense de faire la révolution
不准革命

Les esprits se calmèrent peu à peu à Weitchouang. Selon les informations qui y parvenaient, on savait que l'entrée des révolutionnaires en ville n'avait pas changé grand-chose. Le magistrat chef du district était resté en place, seul son titre avait été modifié ; Monsieur le Lauréat provincial occupait lui aussi un poste officiel – mais les gens de Weitchouang s'y perdaient dans tous ces noms – et c'était toujours le même capitaine qui commandait le détachement local. Seuls étaient à craindre quelques mauvais révolutionnaires infiltrés parmi les autres, qui troublaient l'ordre public, et qui se mirent à couper des nattes dès le lendemain ; à ce qu'on disait, Sept-livres, le batelier du village voisin, aurait eu affaire à eux et aurait été arrangé de triste manière. Mais les gens de Weitchouang estimaient qu'il n'y avait pas de quoi s'alarmer, car ils allaient rarement à la ville, et celui qui par hasard en aurait eu l'intention changeait ses plans pour ne pas s'exposer au danger. A cette nouvelle, Ah Q, qui justement voulait aller en ville à la recherche de ses vieux amis, préféra y rencontrer.

未庄的人心日见其安静了。据传来的消息,知道革命党虽然进了城,倒还没有什么大异样。知县大老爷还是原官,不过改称了什么,而且举人老爷也做了什么——这些名目,未庄人都说不明白——官,带兵的也还是先前的老把总。只有一件可怕的事是另有几个不好的革命党夹在里面捣乱,第二天便动手剪辫子,听说那邻村的航船七斤便着了道儿,弄得不像人样子了。但这却还不算大恐怖,因为未庄人本来少上城,即使偶有想进城的,也就立刻变了计,碰不着这危险。阿Q本也想进城去寻他的老朋友,一得这消息,也只得作罢了。

On ne peut pas dire non plus qu'il n'y eut aucune réforme à Weitchouang. En quelques jours, on vit peu à peu s'accroître le nombre de ceux qui enroulaient leur natte sur le sommet de leur tête ; comme on l'a déjà dit, le premier fut naturellement le Lauréat cantonal, ensuite vinrent Tchao Se-tchen et Tchao Pai-yan, et pour finir, Ah Q. En été, cela n'aurait rien eu d'extraordinaire que tout le monde enroule sa natte ou la noue en chignon, mais comme on était à la fin de l'automne, cette façon de « se conformer en automne au calendrier de l'été » était sans conteste une décision héroïque de la part de ceux qui enroulaient leur natte, et grâce à elle on ne peut pas dire que Weitchouang ne fut pas touché par les réformes.

但未庄也不能说是无改革。几天之后,将辫子盘在顶上的逐渐增加起来了,早经说过,最先自然是茂才公,其次便是赵司晨和赵白眼,后来是阿Q。倘在夏天,大家将辫子盘在头顶上或者打一个结,本不算什么稀奇事,但现在是暮秋,所以这“秋行夏令”的情形,在盘辫家不能不说是万分的英断,而在未庄也不能说无关于改革了。

Lorsque Tchao Se-tchen se promenait avec sa nuque dégarnie, les gens se mettaient à crier en l'apercevant :
– Oh, un révolutionnaire !

赵司晨脑后空荡荡的走来,看见的人大嚷说,
“豁,革命党来了!”

Ah Q fut piqué d'émulation quand il l'apprit. Il connaissait depuis longtemps la grande nouvelle, c'est-à-dire que le Lauréat cantonal avait roulé sa natte, mais il n'aurait jamais cru possible de l'imiter. Maintenant qu'il avait vu Tchao Se-tchen en faire autant, il eut envie de suivre son exemple et résout de passer aux actes. Il enroula sa natte autour d'une baguette de bambou pour la fixer sur sa tête et, après de longues hésitations, trouva enfin le courage de sortir.

阿Q听到了很羡慕。他虽然早知道秀才盘辫的大新闻,但总没有想到自己可以照样做,现在看见赵司晨也如此,才有了学样的意思,定下实行的决心。他用一支竹筷将辫子盘在头顶上,迟疑多时,这才放胆的走去。

Dans la rue, les gens le regardèrent sans rien dire ; Ah Q en fut d'abord chagriné, et pour finir franchement furieux. Il était très irritable ces derniers temps. Pourtant, sa vie n'était pas plus dure qu'avant sa « rébellion », les gens étaient polis, le cabaret n'exigeait pas qu'il paye comptant. Mais Ah Q éprouvait une profonde déception : puisqu'on avait fait la révolution, il ne faudrait pas en rester là. Et il se sentit encore plus démoralisé le jour où il rencontra Petit D.

他在街上走,人也看他,然而不说什么话,阿Q当初很不快,后来便很不平。他近来很容易闹脾气了;其实他的生活,倒也并不比造反之前反艰难,人见他也客气,店铺也不说要现钱。而阿Q总觉得自己太失意:既然革了命,不应该只是这样的。况且有一回看见小D,愈使他气破肚皮了。

Petit D avait également enroulé sa natte sur le sommet de sa tête, et également avec une baguette de bambou. Ah Q n'aurait jamais imaginé qu'il ose le faire, et résolut de ne pas le tolérer. Pour qui se prenait-il, ce Petit D ? Il eut envie de se jeter sur lui, d'arracher la baguette de bambou et de lui faire retomber sa natte, le tout accompagné de quelques bonnes gifles pour le punir sur-le-champ d'avoir osé jouer les révolutionnaires en oubliant qu'il était un rien du tout. Mais en fin de compte, il se montra indulgent et se contenta d'un regard assassin accompagné d'un crachat méprisant.

小D也将辫子盘在头顶上了,而且也居然用一支竹筷。阿Q万料不到他也敢这样做,自己也决不准他这样做!小D是什么东西呢?他很想即刻揪住他,拗断他的竹筷,放下他的辫子,并且批他几个嘴巴,聊且惩罚他忘了生辰八字,也敢来做革命党的罪。但他终于饶放了,单是怒目而视的吐一口唾沫道“呸!”

En ces jours troublés, le seul à aller en ville était le Faux-diable-étranger. Le Lauréat cantonal aurait voulu rendre visite à Monsieur le Lauréat provincial sous prétexte de lui parler des coffres qu'il leur avait confiés, mais comme il courait le risque de se faire couper la natte, il rebroussa chemin. Il lui écrivit alors une lettre dite « en sceptre de mandarin » puis pria le Faux-diable-étranger de la porter en ville, et par la même occasion de patronner sa candidature au « Parti de la Liberté ». Au retour de celui-ci, il lui remboursa les quatre dollars qu'il réclamait et put exhiber sur sa poitrine une « Pêche d'argent ». Les gens de Weitchouang en furent très impressionnés, disant que c'était l'insigne du « Parti de la Longévité », qui valait bien la « Forêt des Pinceaux ». Monsieur Tchao y gagna brusquement en prestige, infiniment plus encore que lorsque son fils avait été reçu à l'examen cantonal, et il n'eut plus un regard pour personne, y compris Ah Q.

这几日里,进城去的只有一个假洋鬼子。赵秀才本也想靠着寄存箱子的渊源,亲身去拜访举人老爷的,但因为有剪辫的危险,所以也中止了。他写了一封“黄伞格”的信,托假洋鬼子带上城,而且托他给自己绍介绍介,去进自由党。假洋鬼子回来时,向秀才讨还了四块洋钱,秀才便有一块银桃子挂在大襟上了;未庄人都惊服,说这是柿油党的顶子,抵得一个翰林;赵太爷因此也骤然大阔,远过于他儿子初隽秀才的时候,所以目空一切,见了阿Q,也就很有些不放在眼里了。

Ah Q ne se sentait pas à l'aise dans la peau, et éprouvait constamment un sentiment de solitude ; mais il en comprit la raison aussitôt qu'il entendit parler de la « Pêche d'argent » : quand on veut faire la révolution, il ne suffit pas de parler de se « rendre », ou d'enrouler sa natte ; la première chose à faire est d'entrer en contact avec les révolutionnaires. De toute sa vie, il n'en avait connu que deux, et comme l'un avait été exécuté à la ville, depuis longtemps, il ne restait que le Faux-diable-étranger. Il n'y avait pas d'autre solution que d'aller au plus vite s'entendre avec lui.

阿Q正在不平,又时时刻刻感着冷落,一听得这银桃子的传说,他立即悟出自己之所以冷落的原因了:要革命,单说投降,是不行的;盘上辫子,也不行的;第一着仍然要和革命党去结识。他生平所知道的革命党只有两个,城里的一个早已“嚓”的杀掉了,现在只剩了一个假洋鬼子。他除却赶紧去和假洋鬼子商量之外,再没有别的道路了。

La porte principale de la maison des Tsien était ouverte et Ah Q entra, effrayé par son audace. Une fois à l'intérieur, il sursauta en apercevant le Faux-diable-étranger juste au milieu de la cour, dans un costume tout noir, sans doute occidental, arborant également une « Pêche d'argent », tenant à la main la canne dont il avait déjà tâté ; sa natte, qui avait déjà repoussé d'un pied, était défaite et ses cheveux flottaient sur ses épaules, le faisant ressembler à Lieou Haisien ; en face de lui, raides comme des piquets, Tchao Pai-yen et trois autres bons à rien l'écoutaient parler avec le plus profond respect.

钱府的大门正开着,阿Q便怯怯的躄进去。他一到里面,很吃了惊,只见假洋鬼子正站在院子的中央,一身乌黑的大约是洋衣,身上也挂着一块银桃子,手里是阿Q曾经领教过的棍子,已经留到一尺多长的辫子都拆开了披在肩背上,蓬头散发的像一个刘海仙。对面挺直的站着赵白眼和三个闲人,正在必恭必敬的听说话。

Ah Q entra sur la pointe des pieds et alla se placer derrière Tchao Pai-yen ; il aurait bien entendu pas question de l'appeler Faux-diable-étranger ; mais pas recommandé non plus de dire « Étranger » tout court, ni même, sans doute, « Monsieur le Révolutionnaire » ; finalement il opta pour « Monsieur l'Etranger ».

阿Q轻轻的走近了,站在赵白眼的背后,心里想招呼,却不知道怎么说才好:叫他假洋鬼子固然是不行的了,洋人也不妥,革命党也不妥,或者就应该叫洋先生了罢。

Mais Monsieur l'Etranger ne le voyait pas, les yeux au ciel, enflammé par son discours :
– Oui, je suis pressé d'agir, aussi chaque fois que je le rencontre, je lui répète : « Mon cher Hong, il est temps de passer à l'action ! » Mais il répond invariablement « No ! » – C'est de l'étranger, vous ne pouvez pas comprendre. Sinon, il y a longtemps que nous aurions réussi. Mais c'est son côté timoré, que voulez-vous. Il m'a demandé à plusieurs reprises de venir dans la province du Houpei, mais je n'ai pas encore dit oui. Qui aurait envie de travailler dans une petite ville ?

洋先生却没有见他,因为白着眼睛讲得正起劲:
“我是性急的,所以我们见面,我总是说:洪哥!我们动手罢!他却总说道N o!——这是洋话,你们不懂的。否则早已成功了。然而这正是他做事小心的地方。他再三再四的请我上湖北,我还没有肯。谁愿意在这小县城里做事情。……”

– Euh... Ah Q, qui attendait qu'il se taise, réussit à ouvrir la bouche au prix d'un courage surhumain, mais, on ne sait pourquoi, ne l'appela pas « Monsieur l'Etranger ».
En entendant parler, les quatre hommes se tournèrent vers lui, effrayés. Monsieur l'Etranger le vit enfin :
– Comment ?
– Je …
Dehors !
– Je viens me « rendre »...
– Fiche le camp ! Monsieur l'Etranger leva son bâton d'enterrement.
Tchao Pai-yen et ses compagnons reprirent en chœur :
– Puisque Monsieur te dit de fiche le camp ! Tu n'as entendu ?

“唔,……这个……”阿Q候他略停,终于用十二分的勇气开口了,但不知道因为什么,又并不叫他洋先生。
听着说话的四个人都吃惊的回顾他。洋先生也才看见:
“什么?”
“我……”
“出去!”
“我要投……”
“滚出去!”洋先生扬起哭丧棒来了。
赵白眼和闲人们便都吆喝道:“先生叫你滚出去,你还不听么!”

Ah Q se couvrit la tête des deux mains et, sans avoir eu le temps de s'en rendre compte, se retrouva dehors ; mais Monsieur l'Etranger ne le poursuivit pas. Il fit plus de soixante pas en courant avant de se remettre à marcher lentement, le cœur débordant de tristesse : si Monsieur l'Etranger ne lui permettait pas de faire la révolution, il ne voyait plus à qui s'adresser. Il était inutile d'attendre que les hommes en armure et casque blancs viennent l'appeler. Ses ambitions, ses désirs, ses espoirs, ses projets, tout était rayé d'un trait de pinceau ; même l'idée que les badauds pourraient le crier sur les toits, faisant rire à ses dépens Petit D, Wang-la-barbe et autre racaille lui semblait secondaire en comparaison.

阿Q将手向头上一遮,不自觉的逃出门外;洋先生倒也没有追。他快跑了六十多步,这才慢慢的走,于是心里便涌起了忧愁:洋先生不准他革命,他再没有别的路;从此决不能望有白盔白甲的人来叫他,他所有的抱负,志向,希望,前程,全被一笔勾销了。至于闲人们传扬开去,给小D王胡等辈笑话,倒是还在其次的事。

Jamais encore il ne s'était senti aussi désemparé. Il lui semblait que cela n'avait aucun sens de rouler sa natte, que c'était même méprisable ; il fut tenté de la laisser retomber sur-le-champ, pour se venger, puis se ravisa. Il erra dans les rues jusqu'à la nuit, et quand il eut dans le ventre deux bols de vin acheté à crédit qui lui remontèrent le moral, ses pensées se repeuplèrent enfin d'armures et de casques blancs.

他似乎从来没有经验过这样的无聊。他对于自己的盘辫子,仿佛也觉得无意味,要侮蔑;为报仇起见,很想立刻放下辫子来,但也没有竟放。他游到夜间,赊了两碗酒,喝下肚去,渐渐的高兴起来了,思想里才又出现白盔白甲的碎片。

Un jour, il avais traîné, comme à son habitude, jusqu'à la nuit et, comme le cabaret avait fermé ses portes, il rentrait dans son temple.

有一天,他照例的混到夜深,待酒店要关门,才踱回土谷祠去。

Il entendit soudain un bruit curieux, comme une détonation, mais ce n'était pas un pétard. Ah Q adorait être le témoin d'incidents ou se mêler de ce qui ne le regardait pas, aussi se mit-il en chasse dans l'obscurité. Il lui sembla entendre des bruits de pas devant lui et comme il tendait l'oreille, quelqu'un arriva droit sur lui en courant. Aussitôt, Ah Q fit demi-tour et se mit à courir à ses trousses, tournant quand l'autre tournait et s'arrêtant quand l'autre s'arrêtait. Il découvrit alors qu'il n'y avait rien derrière eux et que l'autre était Petit D.

他忽而听得一种异样的声音,又不是爆竹。阿Q本来是爱看热闹,爱管闲事的,便在暗中直寻过去。似乎前面有些脚步声;他正听,猛然间一个人从对面逃来了。阿Q一看见,便赶紧翻身跟着逃。那人转弯,阿Q也转弯,那人站住了,阿Q也站住。他看后面并无什么,看那人便是小D。

– Quoi ? Ah Q se sentit furieux.
– Les Tchao... il y a eu un cambriolage chez les Tchao ! dit Petit D, à bout de souffle, puis il repartit.

“什么?”阿Q不平起来了。
“赵……赵家遭抢了!”小D气喘吁吁的说。

Ah Q en eut un coup au cœur. Il reprit la fuite, s'arrêtant à deux ou trois reprises. Mais comme en fin de compte, il avait lui aussi déjà fait ce genre de « travail », témoignant d'une audace exceptionnelle, il alla s'embusquer au coin de la rue ; tendant l'oreille, il crut entendre une vague rumeur ; regardant de tous ses yeux ; il crut voir une cohorte d'hommes en armure et casque blancs sortir en flot continu en transportant des coffres, des ustensiles, et même le lit de Ningbo de la femme du Lauréat cantonal. Mais tout cela était assez confus et, malgré son désir de s'approcher, ses pieds ne bougèrent pas.

阿Q的心怦怦的跳了。小D说了便走;阿Q却逃而又停的两三回。但他究竟是做过“这路生意”,格外胆大,于是躄出路角,仔细的听,似乎有些嚷嚷,又仔细的看,似乎许多白盔白甲的人,络绎的将箱子抬出了,器具抬出了,秀才娘子的宁式床也抬出了,但是不分明,他还想上前,两只脚却没有动。

C'était une nuit sans lune, et Weitchouang, dans le noir, semblait aussi paisible que le monde au temps de Fouhsi. Ah Q continua à observer jusqu'à la lassitude, et il lui semblait que le même spectacle se répétait, en un va-et-vient continuel de gens déménageant des coffres, des ustensiles, le lit de Ningbo... à n'en plus croire ses yeux. Mais il décida de ne pas s'approcher davantage, et de rentrer plutôt dans son temple.

这一夜没有月,未庄在黑暗里很寂静,寂静到像羲皇时候一般太平。阿Q站着看到自己发烦,也似乎还是先前一样,在那里来来往往的搬,箱子抬出了,器具抬出了,秀才娘子的宁式床也抬出了,……抬得他自己有些不信他的眼睛了。但他决计不再上前,却回到自己的祠里去了。

Il faisait encore plus noir dans le Temple du dieu tutélaire ; Ah Q ferma la porte et gagna sa chambre à tâtons. Une fois couché, il lui fallut du temps pour se calmer avant de pouvoir penser à lui-même : les hommes vêtus de blanc étaient là, c'était certain, mais ils n'étaient pas venus lui faire signe ; ils avaient emporté beaucoup de belles choses, sans qu'il en ait sa part. – « Tout cela à cause de ce Faux-diable-étranger qui ne m'a pas permis de participer à la rébellion, sinon, pourquoi n'aurais-je pas eu ma part, cette fois ? » – Sentant peu à peu monter en lui une colère irrépressible, il se mit à soliloquer rageusement en agitant la tête : « Tu ne veux pas que je me révolte, c'est bon pour toi seul, sale bâtard de Faux-diable-étranger !...
Révolte-toi, tu verras ! Les rebelles, on leur coupe la tête, je vais te dénoncer, et j'irai te voir arrêter et emmener en ville pour être exécuté... et toute ta famille avec toi... Han ! Han ! »

土谷祠里更漆黑;他关好大门,摸进自己的屋子里。他躺了好一会,这才定了神,而且发出关于自己的思想来:白盔白甲的人明明到了,并不来打招呼,搬了许多好东西,又没有自己的份,——这全是假洋鬼子可恶,不准我造反,否则,这次何至于没有我的份呢?阿Q 越想越气,终于禁不住满心痛恨起来,毒毒的点一点头:“不准我造反,只准你造反?妈妈的假洋鬼子,——好,你造反!造反是杀头的罪名呵,我总要告一状,看你抓进县里去杀头,——满门抄斩,——嚓!嚓!”
2012-7-7 21:02:56

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本帖最后由 toughkid 于 2012-7-26 14:45 编辑

Chapitre neuf
第九章
Apothéose
大团圆

Le cambriolage chez les Tchao réjouit et inquiéta tout à la fois la plupart des gens à Weitchouang, et Ah Q ne fit pas exception. Mais quatre jours plus tard, il fut arrêté et emmené en ville au milieu de la nuit. Au moment où l'obscurité était la plus profonde, un détachement de soldats, un de miliciens, un de gendarmes et cinq agents spéciaux arrivèrent à Weitchouang dans le plus grand secret et encerclèrent le Temple du dieu tutélaire, une mitrailleuse braquée sur la porte. Mais Ah Q ne se montra pas. Au bout d'un long moment de silence, le capitaine donna des signes de nervosité, et lorsqu'il eut offert vingt mille sapèques de récompense, deux miliciens, bravant le danger, escaladèrent le mur et entrèrent ; grâce à cette infiltration, les autres purent envahir le temple, et ils en ressortirent en tenant Ah Q. Lorsqu'on l'eut traîné auprès de la mitrailleuse, il commença enfin à se douter de ce qui lui arrivait.

赵家遭抢之后,未庄人大抵很快意而且恐慌,阿Q也很快意而且恐慌。但四天之后,阿Q在半夜里忽被抓进县城里去了。那时恰是暗夜,一队兵,一队团丁,一队警察,五个侦探,悄悄地到了未庄,乘昏暗围住土谷祠,正对门架好机关枪;然而阿Q不冲出。许多时没有动静,把总焦急起来了,悬了二十千的赏,才有两个团丁冒了险,逾垣进去,里应外合,一拥而入,将阿Q抓出来;直待擒出祠外面的机关枪左近,他才有些清醒了。

Il était déjà midi lorsqu'ils arrivèrent à la ville. Ah Q fut entraîné, presque porté, dans un vieux yamen et, après avoir suivi un dédale tortueux, poussé dans une petite pièce. A peine avait fait un pas en trébuchant que la porte à claire-voie faite de rondins se referma sur ses talons ; les trois autres côtés étaient des murs pleins, et en regardant avec attention, il distingua deux hommes dans un coin.

到进城,已经是正午,阿Q见自己被搀进一所破衙门,转了五六个弯,便推在一间小屋里。他刚刚一跄踉,那用整株的木料做成的栅栏门便跟着他的脚跟阖上了,其余的三面都是墙壁,仔细看时,屋角上还有两个人。

Ce fut un choc pour Ah Q, mais il ne se sentit pas trop malheureux, car sa chambre à coucher du temple n'était pas plus spacieuse que cette pièce. Ses deux compagnons étaient aussi de la campagne, apparemment, et ils se mirent peu à peu à échanger des confidences ; l'un lui dit que Monsieur le Lauréat provincial l'avait fait poursuivre pour un fermage non payé par son grand-père, l'autre ne savait pas ce qu'il avait fait. A leurs questions, Ah Q répondit sans hésiter : « Parce que je voulais me révolter. »

阿Q虽然有些忐忑,却并不很苦闷,因为他那土谷祠里的卧室,也并没有比这间屋子更高明。那两个也仿佛是乡下人,渐渐和他兜搭起来了,一个说是举人老爷要追他祖父欠下来的陈租,一个不知道为了什么事。他们问阿Q,阿Q爽利的答道,“因为我想造反。”

Dans l'après-midi, on lui fit repasser la porte à claire-voie et on le mena dans une grande salle où trônait un vieillard au crâne rasé et luisant. Ah Q se demanda si ce n'était pas un moine, mais il vit, au pied de l'estrade, une rangée de soldats et, de part et d'autre, une dizaine de personnages en longue robe, les uns rasés comme le vieillard, les autres avec des cheveux d'un pied de long flottant sur leurs épaules comme le Faux-diable-étranger, qui tous le regardaient avec un air féroce et des yeux irrités. Voyant qu'il était en face de personnages importants, il sentit ses jambes flageoler et s'agenouilla.

他下半天便又被抓出栅栏门去了,到得大堂,上面坐着一个满头剃得精光的老头子。阿Q疑心他是和尚,但看见下面站着一排兵,两旁又站着十几个长衫人物,也有满头剃得精光像这老头子的,也有将一尺来长的头发披在背后像那假洋鬼子的,都是一脸横肉,怒目而视的看他;他便知道这人一定有些来历,膝关节立刻自然而然的宽松,便跪了下去了。

– Parle debout, pas à genoux ! Hurlèrent les personnages en longue robe.
Ah Q semblait avoir compris, mais il ne tenait pas sur ses jambes, et quand, bien malgré lui, il se retrouva accroupi, il en profita pour se remettre à genoux.
– Mentalité d'esclave... proférèrent avec mépris les personnages en longue robe. Mais ils ne lui ordonnèrent plus de se relever.

“站着说!不要跪!”长衫人物都吆喝说。
阿Q虽然似乎懂得,但总觉得站不住,身不由己的蹲了下去,而且终于趁势改为跪下了。
“奴隶性!……”长衫人物又鄙夷似的说,但也没有叫他起来。

– Avoue toute la vérité, cela t'épargnera des ennuis. Je sais déjà tout. Si tu avoues, nous pourrons te relâcher, dit le vieillard au crâne rasé d'une voix posée et articulée en regardant Ah Q dans les yeux.
– Avoue ! Répétèrent d'une voix forte les personnages en longues robe.
– Je … en fait, je voulais me rendre... bafouilla Ah Q après avoir essayé, dans son affolement, de rassembler ses idées.
– Eh bien, pourquoi n'es-tu pas venu ? Demanda le vieillard avec bienveillance.
– Le Faux-diable-étranger ne m'a pas permis !
– Ne dis pas n'importe quoi ! En tout cas, c'est trop tard maintenant ! Où sont tes complices, à présent ?
– Comment ?
– La bande qui a cambriolé la maison de la famille Tchao ce soir-là.
– Ils ne sont pas venus m'appeler ; ils ont tout déménagé eux-mêmes ! Rien que d'en parler, Ah Q fut de nouveau tout indigné.
– Où sont-ils allés ? Dis-le et nous te relâcherons. Le vieillard se fit encore plus bienveillant.
– Je ne sais pas... ils ne sont pas venus m'appeler...

“你从实招来罢,免得吃苦。我早都知道了。招了可以放你。”那光头的老头子看定了阿Q的脸,沉静的清楚的说。
“招罢!”长衫人物也大声说。
“我本来要……来投……”阿Q胡里胡涂的想了一通,这才断断续续的说。
“那么,为什么不来的呢?”老头子和气的问。
“假洋鬼子不准我!”
“胡说!此刻说,也迟了。现在你的同党在那里?”
“什么?……”
“那一晚打劫赵家的一伙人。”
“他们没有来叫我。他们自己搬走了。”阿Q提起来便愤愤。
“走到那里去了呢?说出来便放你了。”老头子更和气了。
“我不知道,……他们没有来叫我……”

Sur un signe du vieillard, Ah Q fut ramené derrière la porte à claire-voie. Quand il en sortit pour la seconde fois, on était le lendemain matin.

然而老头子使了一个眼色,阿Q便又被抓进栅栏门里了。他第二次抓出栅栏门,是第二天的上午。

Dans la grande salle tout était comme la veille ; le vieillard au crâne rasé siégeait sur l'estrade et Ah Q se mit à genoux.

大堂的情形都照旧。上面仍然坐着光头的老头子,阿Q也仍然下了跪。

Le vieillard demanda avec bienveillance :
– N'as-tu toujours rien à dire ?
Ah Q réfléchit, ne trouva rien à dire et répondit : « Non. »

老头子和气的问道,“你还有什么话说么?”
阿Q一想,没有话,便回答说,“没有。”

Alors un des personnage en longue robe alla placer devant Ah Q une feuille de papier et un pinceau qu'il voulut lui enfoncer dans la main. Ah Q sentit ses esprits s'envoler et ce pour une raison bien simple : c'était la première fois que sa main entrait en contact avec un pinceau ; il ne savait vraiment pas comment le tenir. Cependant, l'homme lui disait de signer à l'endroit qu'il lui indiquait.
– Je... je... ne sais pas écrire, dit Ah Q, craintif et honteux, les doigts agrippés au pinceau.
– Eh bien, ne t'en fais pas, dessine un cercle !

于是一个长衫人物拿了一张纸,并一支笔送到阿Q的面前,要将笔塞在他手里。阿Q这时很吃惊,几乎“魂飞魄散”了:因为他的手和笔相关,这回是初次。他正不知怎样拿;那人却又指着一处地方教他画花押。
“我……我……不认得字。”阿Q一把抓住了笔,惶恐而且惭愧的说。
“那么,便宜你,画一个圆圈!”

Ah Q voulut dessiner un cercle, mais sa main crispée sur le pinceau tremblait trop. L'homme posa la feuille de papier par terre devant lui : il se pencha et se concentra de toutes ses forces sur ce dessin. Craignant par-dessus tout qu'on ne se moque de lui, il voulait coûte que coûte faire un cercle bien rond ; mais ce maudit pinceau était aussi lourd que désobéissant, et juste au moment où le tracé tremblant allait se refermer sur lui-même, il fit un brusque saut de côté, dessinant pour finir une sorte de graine de pastèque.

阿Q要画圆圈了,那手捏着笔却只是抖。于是那人替他将纸铺在地上,阿Q伏下去,使尽了平生的力气画圆圈。他生怕被人笑话,立志要画得圆,但这可恶的笔不但很沉重,并且不听话,刚刚一抖一抖的几乎要合缝,却又向外一耸,画成瓜子模样了。

Ah Q était vraiment honteux que son cercle ne soit pas rond, mais l'homme avait déjà emporté papier et pinceau sans faire de commentaire, et on le ramena une seconde fois dans sa cellule.

阿Q正羞愧自己画得不圆,那人却不计较,早已掣了纸笔去,许多人又将他第二次抓进栅栏门。

Cette fois-ci, le désespoir d'Ah Q n'était plus aussi total. Il pensait qu'après tout, durant sa vie entre le ciel et la terre, l'homme est sans doute obligé, parfois, d'entrer dans un cachot et d'en sortir ou de dessiner des cercles sur un papier... Seulement il avait maintenant entaché son « passé » à cause d'un cercle mal dessiné ! Mais bientôt ce fut oublié et il se dit que seuls les demeurés peuvent dessiner des cercles parfaitement ronds. Sur ce, il s'endormit.

他第二次进了栅栏,倒也并不十分懊恼。他以为人生天地之间,大约本来有时要抓进抓出,有时要在纸上画圆圈的,惟有圈而不圆,却是他“行状”上的一个污点。但不多时也就释然了,他想:孙子才画得很圆的圆圈呢。于是他睡着了。

Cette nuit-là, par contre, ce fut Monsieur le Lauréat provincial qui ne dormit pas : il s'était disputé avec le capitaine. Le Lauréat estimait qu'il fallait avant tout retrouver les objets volés, le capitaine, qu'il fallait avant tout procéder à une exécution exemplaire. Le capitaine, qui depuis quelque temps tenait Monsieur le Lauréat provincial en piètre estime, frappa sur la table :
– Un de puni, cent qui se tiennent tranquilles ! Regardez , cela fait à peine vingt jours que je suis révolutionnaire, et il y a eu plus de dix affaires de cambriolage dont aucune n'a été élucidée, je vais perdre la face ! Pour une fois qu'un cas est clair, vous voilà en train d'ergoter à perte de vue ! Cela suffit ! Cette affaire, c'est moi qui m'en occupe !
Monsieur le Lauréat provincial se sentit touché au vif, mais s'entêta et déclaré que si l'on ne retrouvait pas son bien, il démissionnerait de son poste d'administrateur civil. « Comme vous voudrez ! » lui répondit le capitaine. Voilà pourquoi Monsieur le Lauréat provincial ne dormit pas cette nuit, mais heureusement, il ne donna pas sa démission le lendemain.

然而这一夜,举人老爷反而不能睡:他和把总呕了气了。举人老爷主张第一要追赃,把总主张第一要示众。把总近来很不将举人老爷放在眼里了,拍案打凳的说道,“惩一儆百!你看,我做革命党还不上二十天,抢案就是十几件,全不破案,我的面子在那里?破了案,你又来迂。不成!这是我管的!”举人老爷窘急了,然而还坚持,说是倘若不追赃,他便立刻辞了帮办民政的职务。而把总却道,“请便罢!”于是举人老爷在这一夜竟没有睡,但幸第二天倒也没有辞。

Le troisième fois que Ah Q fut sorti de sa cellule, ce fut le matin qui suivit la nuit blanche de Monsieur le Lauréat provincial. Quand il arriva dans la grande salle, le vieillard au crâne rasé siégeait comme d'habitude et, comme d'habitude il se mit à genoux.

阿Q第三次抓出栅栏门的时候,便是举人老爷睡不着的那一夜的明天的上午了。他到了大堂,上面还坐着照例的光头老头子;阿Q也照例的下了跪。

Le vieillard lui demanda avec bienveillance :
– As-tu encore quelque chose à dire ?
Ah Q réfléchit, ne trouva rien à dire et répondit : « Non ».

老头子很和气的问道,“你还有什么话么?”
阿Q一想,没有话,便回答说,“没有。”

Il fut tout à coup entouré d'une foule de personnages en longues robes ou en tuniques qui lui firent enfiler une sorte de gilet en coton blanc avec des caractères noirs dessus. Ah Q sentit sa gorge se serrer, car cela ressemblait à un vêtement de deuil, ce qui lui porterait malheur. Au même moment, on lui attacha les mains dans le dos et on le traîna hors du yamen.

许多长衫和短衫人物,忽然给他穿上一件洋布的白背心,上面有些黑字。阿Q很气苦:因为这很像是带孝,而带孝是晦气的。然而同时他的两手反缚了,同时又被一直抓出衙门外去了。

Ah Q fut placé dans une charrette découverte où prirent place avec lui quelques hommes en tuniques courtes. La charrette s'ébranla, précédée d'une escouade de soldats et de miliciens le fusil sur l'épaule, et encadrée d'une foule de badauds ébahis, mais escortée par qui, Ah Q ne pouvait le voir. Soudain, il comprit : « Ils ne vont tout de même pas me couper la tête ? » Ses nerfs le lâchèrent, ses yeux se voilèrent et ses oreilles bourdonnèrent, comme s'il allait s'évanouir ; mais il ne s'évanouit pas tout à fait, tour à tour tremblant d'excitation ou calme et résigné. Il lui semblait dégager un sens de tout cela, c'est que durant sa vie entre le ciel et la terre, l'homme est sans doute obligé, parfois, d'avoir la tête coupée.

阿Q被抬上了一辆没有蓬的车,几个短衣人物也和他同坐在一处。这车立刻走动了,前面是一班背着洋炮的兵们和团丁,两旁是许多张着嘴的看客,后面怎样,阿Q没有见。但他突然觉到了:这岂不是去杀头么?他一急,两眼发黑,耳朵里皇的一声,似乎发昏了。然而他又没有全发昏,有时虽然着急,有时却也泰然;他意思之间,似乎觉得人生天地间,大约本来有时也未免要杀头的。

Comme il connaissent la route, il se demanda avec étonnement pourquoi on n'allait pas en direction du champ d'exécution. Il ne savait pas qu'on le promenait d'abord par les rues pour faire un exemple. S'il l'avait su, cela n'aurait rien changé, simplement il aurait pu se dire que durant sa vie entre le ciel et la terre, l'homme est sans doute obligé, parfois, d'être promené par les rues pour faire un exemple.

他还认得路,于是有些诧异了:怎么不向着法场走呢?他不知道这是在游街,在示众。但即使知道也一样,他不过便以为人生天地间,大约本来有时也未免要游街要示众罢了。

Lorsqu'il reprit ses esprits, il était sur la route qui fait le tour du champ d'exécution ; il n'y avait plus de doute, on allait faire « Han ! » Il regarda mélancoliquement à droite et à gauche la foule qui suivait comme une cohorte de fourmis quand, à sa grand surprise il aperçut parmi les gens qui faisaient la haie le long de la route, Tante Wou. S'il ne l'avait pas vue depuis si longtemps, c'est parce qu'elle travaillait en ville.
Il eut soudain honte de ne pas avoir plus de cran ; il n'avait pas chanté le moindre couplet d'opéra ! Ses idées à tourbillonner dans sa tête : Une jeune veuve sur la tombe de son époux n'était pas assez solennel ; « Fatale erreur... » du Combat du Tigre et du Dragon, manquait aussi de panache ; restait « Ma main brandit une masse de fer », qui allait. Mais voulant lever la main en même temps, il se rappela qu'il avait les deux mains liées et cela lui passa l'envie de chanter cet air.

他省悟了,这是绕到法场去的路,这一定是“嚓”的去杀头。他惘惘的向左右看,全跟着马蚁似的人,而在无意中,却在路旁的人丛中发见了一个吴妈。很久违,伊原来在城里做工了。阿Q忽然很羞愧自己没志气:竟没有唱几句戏。他的思想仿佛旋风似的在脑里一回旋:《小孤孀上坟》欠堂皇,《龙虎斗》里的“悔不该……”也太乏,还是“手执钢鞭将你打”罢。他同时想手一扬,才记得这两手原来都捆着,于是“手执钢鞭”也不唱了。

« Quand vingt ans auront passé, je serai de nouveau... » : à force de se creuser la tête, Ah Q réussit à s'extraire sans qu'on la lui souffle cette formule qu'il avait apprise sans professeur.
« Bravo ! » Les encouragements de la foule ressemblaient à des hurlements de chacals.

“过了二十年又是一个……”阿Q在百忙中,“无师自通”的说出半句从来不说的话。
“好!!!”从人丛里,便发出豺狼的嗥叫一般的声音来。

La charrette avançait toujours et, au milieu des ovations, Ah Q tourna les yeux vers Tante Wou, comme si elle ne l'avait pas vu, elle regardait fixement, fascinée, les fusils sur le dos des soldats.
Alors Ah Q regarda à nouveau les gens qui l'applaudissaient.

车子不住的前行,阿Q在喝采声中,轮转眼睛去看吴妈,似乎伊一向并没有见他,却只是出神的看着兵们背上的洋炮。
阿Q于是再看那些喝采的人们。

Au même instant ses pensées se remirent à tourbillonner dans sa tête. Il y avait de cela quatre ans, il avait rencontré au pied de la montagne un loup affamé qui l'avait suivi, toujours à la même distance, pour le dévorer. Il avait cru mourir de peur, mais, heureusement, il tenait à la main une serpe qui lui donna le courage de tenir jusqu'à Weitchouang. Il n'avait jamais oublié les yeux de ce loup, à la fois cruels et craintifs, scintillants comme deux feux-follets, qui semblaient vouloir le transpercer à distance. Mais, cette fois, il voyait des yeux encore plus terrifiants, tels qu'il n'en avait jamais vus, à la fois mornes et perçants qui, après avoir englouti ses paroles, semblaient vouloir engloutir quelque chose de plus que son corps et qui le suivaient toujours à la même distance.

这刹那中,他的思想又仿佛旋风似的在脑里一回旋了。四年之前,他曾在山脚下遇见一只饿狼,永是不近不远的跟定他,要吃他的肉。他那时吓得几乎要死,幸而手里有一柄斫柴刀,才得仗这壮了胆,支持到未庄;可是永远记得那狼眼睛,又凶又怯,闪闪的像两颗鬼火,似乎远远的来穿透了他的皮肉。而这回他又看见从来没有见过的更可怕的眼睛了,又钝又锋利,不但已经咀嚼了他的话,并且还要咀嚼他皮肉以外的东西,永是不近不远的跟他走。

Il vit ces multiples yeux se fondre en un seul, et déjà son âme en avait senti la morsure.
– Au secours...
Mais Ah Q ne parla pas. Ses yeux ne voyaient déjà plus rien, ses oreilles bourdonnaient, et il sentit son corps s'éparpiller comme une fine poussière.

这些眼睛们似乎连成一气,已经在那里咬他的灵魂。
“救命,……”
然而阿Q没有说。他早就两眼发黑,耳朵里嗡的一声,觉得全身仿佛微尘似的迸散了。

Parmi les réactions immédiates, il faut citer en premier Monsieur le Lauréat provincial qui versa des larmes amères ainsi que toute sa famille puisque cela ne lui avait pas fait retrouver son bien. Puis la famille Tchao qui pleura tout aussi amèrement parce que le Lauréat cantonal s'était fait couper sa natte par de méchants révolutionnaires en se rendant à la ville pour porter plainte et avait dû gaspiller vingt mille sapèques de récompense. Ce jour marque le commencement du déclin de la famille.

至于当时的影响,最大的倒反在举人老爷,因为终于没有追赃,他全家都号啕了。其次是赵府,非特秀才因为上城去报官,被不好的革命党剪了辫子,而且又破费了二十千的赏钱,所以全家也号啕了。从这一天以来,他们便渐渐的都发生了遗老的气味。

Quand à l'opinion publique, elle fut unanime à Weitchouang : naturellement, Ah Q était un méchant ; la pauvre, c'est qu'il avait été fusillé ; aurait-il été fusillé s'il n'avait pas été un méchant ? Mais en ville, l'opinion publique ne fut pas très favorable ; la plupart des gens n'étaient pas satisfaits car, disaient-ils, c'est moins beau de voir fusiller quelqu'un que de le voir décapiter ; d'autre part, que dire d'un condamné aussi ridicule qui se laisse promener si longtemps par les rues sans chanter un seul air d'opéra : ils avaient suivi pour rien.

至于舆论,在未庄是无异议,自然都说阿Q坏,被枪毙便是他的坏的证据:不坏又何至于被枪毙呢?而城里的舆论却不佳,他们多半不满足,以为枪毙并无杀头这般好看;而且那是怎样的一个可笑的死囚呵,游了那么久的街,竟没有唱一句戏:他们白跟一趟了。

Décembre 1921
1921年12月

2012-7-7 21:03:09

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新浪微博达人勋

终于一字一句敲完了,避免了“烂尾楼”的尴尬...
本人认为,这最后一篇《阿Q正传》译得最为精彩,最大程度地保留了原文幽默讽刺的风格。
只是有几句话,我不知道是我没看懂,还是译文与原文确实有出入,特摘录如下,望高手评判指点:

第六章:
人人都愿意知道现钱和新夹袄的阿Q的中兴史,...
Comme tous voulaient connaître l'histoire de la soudaine prospérité de cet Ah Q vêtu de neuf et cousu d'argent, ...
(cousu d'argent,cousu,是coudre的p.p. cousu d'argent, 是“兜儿里带银子”的意思吗?)


还有赵白眼的母亲,——一说是赵司晨的母亲,待考,——也买了一件孩子穿的大红洋纱衫,七成新,只用三百大钱九二串。
la mère de Tchao Pai-yen – ou selon une autre version, à vérifier, de Tchao Se-tchen – s'était procuré chez lui une tunique d'enfant en coton « étranger » rouge, presque neuve, à quatre-vingt-dix pour cent de sa valeur.
(“à quatre-vingt-dix pour cent de sa valeur” 好像不是“三百大钱九二串”的意思)



第七章:

“好,……我要什么就是什么,我欢喜谁就是谁。
– Je prendrai ce que je voudrai, j'aimerai qui me plaira.
(j'aimerai qui me plaira,我怎么觉得有点儿废话... 我觉得应该是J'aurai qui me plaira.)


秀才娘子的一张宁式床...
le beau lit de Ningbo de la femme du Lauréat cantonal ...
(我觉得“宁”可能指“南京”而非“宁波”)


第九章:
从这一天以来,他们便渐渐的都发生了遗老的气味。
Ce jour marque le commencement du déclin de la famille.
(我觉得“遗老”是指“怀念前朝时光”,类似于萨科奇所说的“s'en remettre aux vieilles lunes du passé”)
2012-7-26 14:28:10

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