RÊVANT À LI BAI
Séparation par la mort : j'avale mes sanglots
Séparation mais vivant : je pleure sans cesse
Du sud du Fleuve, pays de malaria
On n'envoie pas de nouvelles
L'ami est entré dans mes songes
Il sait donc que je pense à lui toujours
Toi, maintenant, pris au filet,
Comment as-tu repris l'usage de tes ailes ?
C'est peut-être un simple fantôme
La route mène loin . On ne peut sonder le vrai .
Le fantôme vient d'un bois d'érables vert sombre
Le fantôme retourne par une passe noire
La lune qui tombe éclaire les poutres de ma pièce
Comme si elle faisait luire un visage
Eaux profondes, vagues étendues
Ne laisse pas les dragons t'attraper !
Les nuages flottant ne cessent d'aller
L'errant depuis longtemps ne revient pas
Trois nuits de suite, voilà que tu me hantes en songe
Tes sentiments pour moi sont bien visibles
A l'instant des adieux, tu es bien inquiet
Pénible est le chemin ; pas facile de marcher
Sur fleuves et lacs, beaucoup de vent et vagues
On a peur pour les rames, qu'elles sombrent
En sortant, tu te grattais le chef blanchi
Comme accablé des soucis de la vie ordinaire
Chapeaux de mandarins, baldaquins, plein la capitale !
Toi, seul, tu te ronges de chagrin
Qui dit que les mailles du filet enserrant le ciel sont lâches ?
Un homme vieillissant s'y est pris !
Pour mille automnes et dix mille ans, tu seras célèbre
Une vie passée dans la misère, voilà le prix !