La crise s'aggrave dans l'immobilier, en quête d'un plan de relance
Il y a 5 heures
PARIS (AFP) — L'immobilier s'enfonce dans la crise, avec une chute spectaculaire des mises en chantier et des ventes de logements depuis l'été, apportant de l'eau au moulin des professionnels qui réclament au gouvernement un plan de relance pour ce secteur gros pourvoyeur d'emplois.
Entre août et octobre, les mises en chantier de logements ont reculé de 20,6%, comparé à la même période un an plus tôt, et les ventes de logements neufs ont chuté de 44% au troisième trimestre, selon les chiffres publiés mardi par le ministère de l'Ecologie.
Le nombre de permis de construire a également baissé de 24,4% entre août et octobre.
"On ne trouve aucune trace d'une baisse d'une telle amplitude, même au début des années 90", relève Michel Mouillart, professeur d'économie à Paris X Nanterre.
Sur les douze derniers mois (novembre 2007 à octobre 2008), le nombre de mises en chantier est en repli de 14,3% et le nombre de permis de construire recule de 24,4%.
Pour répondre à la demande de logements non satisfaite en France, l'objectif affiché du gouvernement était de construire 500.000 nouveaux logements par an.
Ces mauvais chiffres dans la construction font suite à un effondrement des ventes des logements neufs, alimenté par les craintes des ménages pour leur pouvoir d'achat et un durcissement par les banques des conditions d'accès aux crédits.
Au troisième trimestre, un peu moins de 16.300 logements ont ainsi trouvé preneurs, soit 44% de moins qu'à la même époque en 2007. Le deuxième trimestre avait déjà été marqué par une baisse de 33,9%.
Cette année devrait se terminer avec environ 365.000 mises en chantier (-16% par rapport à 2007) et 2009 devrait connaître le "creux de la vague" avec un chiffre compris entre 325.000 et 330.000, pronostique M. Mouillart.
"Je suis très pessimiste pour le quatrième trimestre car la crise a paralysé les ventes en octobre et on ne sent pas une volonté des banques de prêter aux particuliers, ni d'accorder des garanties aux professionnels", souligne Jean-François Gabilla, président la Fédération des promoteurs constructeurs (FPC).
Pour Didier Ridoret, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), 2009 sera "l'année de tous les dangers" avec une chute prévue de l'activité de 6% en volume.
Aussi les professionnels réclament-ils des mesures de relance, à l'instar de celles qui pourraient être annoncées pour l'automobile.
Ils souhaitent notamment une baisse de la TVA de 19,6% à 5,5% pour les ménages qui peuvent bénéficier d'un prêt à taux zéro pour l'achat d'un logement neuf, soit les deux tiers des Français. Une disposition défendue aussi par la ministre du Logement Christine Boutin, mais retoquée par Bercy.
Cette mesure "est tout à fait appropriée car cela profite immédiatement aux acheteurs potentiels qui peuvent passer à l'acte", estime Christian-Louis Victor, président de l'Union nationale des constructeurs de maisons individuelles (UNCMI).
Face à la crise, le gouvernement, lui, met notamment en avant son "programme d'achat aux promoteurs privés de 30.000 logements" dont la construction était prévue mais n'a pas été lancée par crainte d'un manque d'acheteurs.
"Sans mesure de soutien, ce sont plusieurs centaines de milliers d'emplois qui sont à perdre" dans cette branche, prévient pour sa part Alexandre Mirlicourtois, du cabinet d'études Xerfi.
La construction emploie actuellement près de 1,5 million de salariés. En 1997, lors de la précédente "descente aux enfers de l'immobilier", rappelle M. Mirlicourtois, ce nombre était tombé à 1,136 million.