La directrice de trois établissements d'enseignement supérieur du XIe aurait aidé, moyennant finance, de jeunes étrangers à rester en France.
Le Parisien | 18 Juin 2013, 07h00
L'affaire fait grand bruit dans le milieu des étudiants chinois à Paris. La directrice de trois écoles supérieures de commerce, destinées aux ressortissants de l'empire du Milieu, a été mise en examen, en fin de semaine dernière et placée en détention provisoire.
Un complice, présenté comme son principal rabatteur de faux étudiants, a également été écroué. Quatre autres personnes, notamment employées comme comptables dans des cabinets de notaires, ont été placées sous contrôle judiciaire.
L'enquête menée par les policiers de la Direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) a permis de mettre au jour l'ensemble du système mis en place par Qin R., 56 ans, née en Chine et installée en France depuis de nombreuses années. Cette dernière est soupçonnée d'avoir, via ses trois établissements d'enseignement supérieur, implantés dans le XIe arrondissement, aidé au maintien sur le territoire de plusieurs centaines de ressortissants chinois, munis d'un simple titre de séjour provisoire, en les faisant passer pour des étudiants.
Selon les premières investigations, la directrice est suspectée d'avoir fourni de multiples documents à ces faux étudiants, justifiant de leur scolarité dans ses établissements en échange de 2500 € par « élève ». « Elle fournissait notamment des certificats d'assiduité et des bulletins de notes et leur faisait passer des simulacres d'examen, confie une source proche de l'affaire. Les faux étudiants pouvaient ainsi renouveler leur titre de séjour pour un an. Mais ces personnes n'avaient pas le niveau en français pour suivre des cours ou habitaient trop loin pour se rendre régulièrement dans ces trois écoles. »
Selon une première estimation, près de 200 faux étudiants ont ainsi été accueillis dans ces établissements chaque année. Par ailleurs, Qin R. est également poursuivie par la justice pour avoir perçu l'intégralité de la taxe d'apprentissage auprès de 500 entreprises chinoises, alors qu'elle n'aurait pas dû le faire.
« Un organisme d'Etat est censé percevoir cette taxe auprès des sociétés, poursuit la même source. Cette directrice, avec la complicité de comptables de plusieurs études notariales, est parvenue à engranger la collecte de ce prélèvement. Elle a ainsi touché indûment près de 670000 € depuis 2010. » Les investigations financières ont aussi permis d'établir que Qin R. était à la tête d'un important patrimoine. « Cette femme possède, via des sociétés civiles immobilières, des biens estimés à 3 M€, confie un proche de l'affaire. Elle est notamment propriétaire de deux appartements dans le XIe d'une valeur de 1,5 M€ mais aussi de deux assurances vie pour un montant de 515000 €. » Les policiers ont également saisi 726000 € en espèces au fil de leur enquête. Sollicitée hier, l'avocate de Qin R. n'a pas donné suite à notre appel.