Ils font des raccourcis, comme souvent, et simplifient un peu vite.
L'idée reçue, et qui a la vie dure, c'est "les écorces de pin acidifient le sol". C'est soit faux, soit incomplet, soit à nuancer en fonction de la nature du sol en question (ne t'attends pas à faire remonter le pH d'une terre argilo-calcaire ne serait-ce que d'un demi point avec quelques sacs d'écorces de pin).
Comme il n'existe aucune étude sérieuse et/ou dont les chiffres soient rendus publics à ce sujet, on persiste dans la simplification : écorces de pin = acidification de la terre = pas bon pour les rosiers.
La vraie question, ce n'est pas l'acidification, ce sont les tanins, les phénols (éventuellement la résine) et la faim d'azote qui s'explique par un rapport C/N (carbone/azote) très ou trop élevé. Ce rapport C/N, on peut en trouver des comparables avec un paillage de copeaux de bois frais apportés en grande quantité, pas seulement avec des écorces (de pin ou autre). Compostés ou à moitié compostés, tous ces paillages carbonés (ligneux) ne posent généralement plus de problème.
Partant de là, différentes combinaisons sont possibles dont les deux extrêmes seraient :
- écorces de pin maritime de petit calibre et déjà un peu compostées, apportées en fine couche sur une terre souple, légère et en pleine activité (lombrics transformant vite la matière organique), ça passe comme une lettre à la poste ;
- écorces d'épicéa fraîches, de gros calibre, appliquées en couche de 5 à 10 cm sur une terre lourde, compactée et un rien asphyxiée, ça coince.
Et pour en revenir à cette fameuse acidification, tous les paillages carbonés tendent à acidifier le sol. Tendent, ça ne veut pas dire qu'ils le font en 3 semaines, ni d'une façon significative et durable, ni qu'ils le font de manière égale dans une terre légère ou une terre lourde.
J'ai lu dans la Gazette que les racines de rosiers étaient nécrosées par le paillage avec des écorces de pin. J'ai enfin compris grâce à cette info pourquoi les jolis rosiers d'un des pauvres massifs de l'hôpital où je travaille avaient périclité. J'ai informé les "jardiniers" mais ils ne m'ont évidemment pas crue (de nouveaux rosiers ont été soigneusement paillés avec ces écorces tueuses). Je viens de lire dans "Rustica" une réponse à une question sur l'épaisseur du paillage de massifs de rosiers, qui citait entre autres matériaux cette fichue écorce. Apparemment seule la Gazette est informée de ça. Quelqu'un a-t-il d'autres références sur ce problème? Si des rosiéristes participent à ce forum, ont-ils cette info?
Bon, je ne suis pas une professionnelle, mais je sais depuis longtemps que l'écorce de pin, c'est mauvais pour les rosiers parce que ça acidifie la terre, et les rosiers détestent ça. les rosiers n'ont pas besoin d'être paillés. il suffit de désherber, biner un peu de temps en temps au pied, et surtout faire des arrosages profonds les premières années. ne jamais arroser en pluie, pour éviter les maladies. à propos de paillage des rosiers, le mois dernier, à bagatelle, je dicutais avec mon jardinier préféré, à qui je vais régulièrement demander des conseils, et je m'enquérais de la composition d'un paillage au pied d'un massif de rosiers (paillettes de lin, je crois) et il m'a dit que le paillage nuisait aux rosiers, leur apportait des maladies et les faisait vieillir prématurément. j'en ai été bien contente, parce que je ne paille jamais mes rosiers.
Dans le cadre de mon boulot, j'ai interrogé 2 spécialistes de la physiologie des plantes au sujet des écorces de pin.
Voici la question: Je soupçonne les écorces de pin d'affaiblir les rosiers en libérant des tannins ou autres substances néfastes. Avez-vous des informations la-dessus ?
La réponse: Pour répondre à votre question, je pense en effet qu'une trop forte teneur en tannin et polyphénol inhibe le développement de vos rosiers. De nombreux travaux montrent le rôle néfaste des tannins à trop forte concentration. D'autres part, il est possible que la dégradation même lente de vos écorces de pin influence le pH du sol qui pourrait être dans ce cas trop acide. Pour le rosier le pH doît être de l'ordre de 5,3 à 5,8 (pH idéal 5,6).
Bon il faudrait faire une analyse de sol pour ces rosiers.De toute manière, Je soupçonne moi aussi les écorces d'être néfastes: d'ailleurs elles n'ont pas bonne presse. Jean-Paul collaert (journaliste chroniqueur à la gazette des jardins) signait un article en première page avec comme gros titre "écorce de pin et rosiers = catastrophe !" Les pépinières Delbart me les déconseillent aussi en me disant: L'écorce de pin n'est pas conseillée aux pieds des rosiers ; ceux-ci n'aimant pas l'acidité produite par celle-ci.Pour le paillage, nous vous recommandons les paillettes de lin que vous trouverez en jardinerie ou coopérative agricole
J'ai voulu en savoir plus et j'ai demandé au 1er spécialiste de me préciser d'avantage sa réponse. La voici:
Concernant les effets inhibiteurs des tannins et des polyphénols je peux vous fournir quelques précisions. D'une part Les tannins et les polyphénols (molécules du métabolisme secondaire) renferment une très grande quantité de molécules très diverses impliquées dans de nombreuses fonctions physiologiques notamment les mécanismes de défense. D'autre part, ces molécules sont produites par les plantes lorsqu'elles sont soumise à des agressions extérieure liées à l'attaque d'un pathogène ou bien à des variations environnementales (froid, sécheresse...).
Chez les monocotylédones (en particulier le maïs), les jeunes plants sécrètent par les racines dans le sol des molécules (acides hydroxamiques) capables d'inhiber la croissance des adventices (il s'agit du phénomène d'allélopathie). Ces acides sont aussi retrouvés dans les feuilles pour protéger le plants des insectes durant les premières semaines de sa croissance.
Les plantes ligneuses (comme le pin) sont particulièrement riche en molécule du métabolisme secondaire comme les lignines, le subérine que l'on retrouve dans les paroi végétal et notamment les écorces.
Vu le rôle inhibiteurs de certaines catégories de molécules sur le développement des adventices (ceci à faible dose), on peut envisager que la dégradation de vos écorces de pin soit à l'origine de la libération progressive de molécules phénoliques ayant une action nocive sur le développement des rosiers.
Cependant il ne faut non plus exclure la présence de champignons vasculaires (localisés dans les vaisseaux du xyléme) qui affaiblissent les plants ou la présence de virus (Prunus Necrotic Ring Sopt Virus, Apple Mosaic Virus ...)
Voilà, les écorces n'ont pas l'air de plaire aux rosiers. Pour avoir un autre son de cloche j'ai decidé d'interroger un 2ème spécialiste de ma connaissance. Voici sa réponse au sujet de mes rosiers.
Voici des résultats d’analyse des caractéristiques physico-chimique de ce substrat. Je confirme donc que l’acidité des écorces n’est pas néfaste aux rosiers : (comme l’a dit le 1er spécialiste), le pH idéal du rosier est de 5,6. Or le pH de l’écorce de pin varie entre 6,88 (avant compostage) et 5,7 (après compostage); il n’y a donc pas de problème de ce côté là.
La phytotoxicité des écorces, liée à leur composition chimique (notamment en phénols, tains, terpènes, manganèse...), dépend de l’âge, de l’espèce de l’arbre, de la partie de l’arbre où le prélèvement a été fait... Par exemple, l’écorce d’un arbre de 35 ans est plus toxique que celle d’un arbre de 15 ans, l’écorce de la partie basse du tronc est généralement plus toxique que celle de la partie haute, une récolte d’hiver est plus toxique qu’une récolte de printemps, les écorces de feuillus sont plus toxiques que celles de résineux. Enfin, plusieurs études ont montré que la toxicité des écorces fraîches de pin maritime et de pin sylvestre est faible à nulle. En revanche, on peut avoir un effet dépressif lié à un manque d’azote (cet effet, qui n’est pas spécifique aux écorces, correspond à la consommation d’azote par les microorganismes qui dégradent la matière organique). De même, une dégradation des écorces réalisée en conditions défavorables peut conduire à l’apparition de toxicités mettant en cause des composés organiques ou minéraux (ce qui n’est pas non plus très spécifique aux écorces de pin...);
Pour conclure sur le chapitre des écorces de pin, ce substrat a fait ses preuves en horticulture, et ses qualités agronomiques sont reconnues. Par exemple, en proportion 1/1 avec de la tourbe (pour une meilleure rétention en eau), il est un bon support de culture pour la tomate. Le tout est d’avoir un bon contrôle sur la qualité du produit et la constance de ses caractéristiques physico-chimiques.
Le problème des rosiers est principalement lié à l’arrosage fréquent : il favorise les maladies foliaires et les pourritures racinaires, et provoque des carences en apportant du calcaire soluble. Tant que ce problème cultural ne sera pas réglé, vous ne pourrez pas avoir de beaux rosiers. Ensuite, la région ( Niçoise)n’est pas favorable d’un point de vue climatique aux rosiers, sauf certaines variétés qu’il faut sélectionner dans les catalogues, mais qui ne sont pas forcément les plus florifères (surtout dans la durée). Enfin, le sol est très argileux (et son caractère asphyxiant est aggravé par l’arrosage), et les rosiers ont besoin d’un sol profond, léger et humifère.
Je te suggère de rechercher dans les archives comment procédaient les “anciens” (par exemple aux XVIIIème, XIXème et début du XXème siècle) pour avoir de superbes roseraies : il est très probable que les variétés étaient mieux adaptées, et que l’arrosage était conçu pour les rosiers et non pas pour le gazon qui les entoure (et qui ne devait probablement pas exister).
Voilà, les spécialistes ne sont pas d'accord sur la toxicité des écorces ! Pour conclure, voici une réponse poétique (je ne me rapelle plus de l'auteur) donnée sur ce forum à ce sujet:
.
se desespérer que naisse du terreau ?
et que plein de bebes viennent pousser la dessus ???
c'est-ti pas trop mieux ?
car la pluralité venant du hazard est la base de l'écoresponsabilité,
et vive les mauvaises herbes !
l'écoresponsabilité ne dirait-elle pas
- de mettre des ecorces de pin sous les pins,
- les tontes de gazon sur la pelouse
- et des feuilles de rosier sous les rosiers
je ressent qu'en voulant tout coloniser et industrialiser, le mulching devient un nouveau produit industriel tout juste l'inverse de l'ecoresponsabilité, car :
Viennent elles de ton jardin les ecorces de pin ???
Je pense qu'il faut couvrir la terre, mais que le mulching doit etre pluriel, et les associations de plantes un autre type de mulching
et te proposes un élégant parterre de trefle au pied de tes rosiers, (le trèfle est un engrais vert) et quelques herbes folles pour donner un coté champètre, au printemps fais aussi pousser quelques pois de senteur qui se serviront de tes rosiers comme tuteur...
Jardin trop biné fait mal aux mains...
Jardin trop rangé fait tristounet