La ministre française de l'Environnement s'inquiète de "la vapeur radioactive" qui a été "relâchée" dans l'air.
Le Japon fait face à un "accident nucléaire très grave" après la série de pannes dans la centrale de Fukushima et le "risque de grande catastrophe ne peut être écarté", a affirmé lundi à Bruxelles la ministre française de l'Environnement Nathalie Kosciusko-Morizet, au cours d'un point de presse en marge d'une réunion avec ses homologues de l'UE.
La gravité de la situation est due au relâchement "de la vapeur radioactive" dans l'air, a-t-elle expliqué. Il s'agit de "réduire la pression dans les réacteurs et éviter d'endommager la structure de confinement". "Il y a également de l'hydrogène relâché qui explose au contact de l'air, ce qui explique les explosions et il vaut mieux qu'elles se produisent en dehors de la structure de confinement", a souligné la ministre. "La situation du réacteur numéro 1 semble maîtrisée depuis qu'il est refroidi avec de l'eau de mer. En revanche, la situation des réacteurs 2 et 3 n'est pas stabilisée", a-t-elle précisé. "Il faut éviter que la structure de confinement du réacteur soit endommagée (...) Si le confinement du coeur du réacteur ne tient pas, alors on part dans un scénario catastrophe", a-t-elle prévenu. La ministre pointe par ailleurs le manque d'informations précises. "Mais on ne peut blâmer les autorités japonaises. Elles sont dans la gestion de crise", a-t-elle considéré.
Polémique relancée
Le Japon tente d'éviter un accident nucléaire majeur après de nouvelles explosions dans la centrale de Fukushima, endommagée à la suite du plus puissant séisme de son histoire, suivi d'un tsunami dévastateur. La compagnie Tokyo Electric Power (Tepco), exploitante de la centrale nucléaire de Fukushima, n'a pas exclu lundi que le combustible du réacteur 2 soit un temps entré en fusion à cause d'une panne du système de refroidissement. "Le choix fait de refroidir le réacteur avec de l'eau de mer signifie qu'il est perdu", a ajouté la ministre française. "Nous comprenons les angoisses et les questions que se pose l'opinion publique et nous devrons tirer les conséquences de cet accident", a-t-elle assuré. "Nous devrons notamment savoir si le nucléaire est ou n'est pas une énergie maîtrisable", a-t-elle dit.
L'accident au Japon a relancé les polémiques sur le nucléaire et plusieurs gouvernements de l'UE ont annoncé le renforcement de la sécurité de leurs réacteurs. La Suisse, non membre de l'Union européenne, a pris les devants lundi en suspendant ses projets de renouvellement de centrales nucléaires, en l'attente d'éventuelles "normes plus strictes" de sécurité. "Il faut éviter de tomber dans l'emballement au niveau de l'UE alors que nous n'avons pas tous les éléments d'informations sur cette crise", a averti Nathalie Kosciusko-Morizet. "Toutes les questions sont très légitimes, mais il faudra attendre quelques jours pour pouvoir les traiter", a-t-elle estimé. La Commission européenne a convoqué pour mardi à Bruxelles une réunion des autorités nationales de sûreté nucléaire et des industriels du secteur pour tirer les premières leçons de la situation au Japon.
En attendant, pour suivre l'évolution de la contamination radioactive, "la France a activé 163 balises, dans l'Hexagone et dans les départements d'outre-mer".