l'aviateur :
Je demande pardon aux enfants
D'avoir dédié cette histoire
A une grande personne
Mais cette grande personne
Est le meilleur ami que j'ai au monde
J'ai d'autres excuses
Cette grande personne peut tout comprendre
Même les livres pour enfants
De plus elle vit dans un pays
Où je sais qu'elle a faim et froid
Si vous saviez à quel point
Cette personne a besoin
De se sentir consolée
Si je peux avec ces mots
Un peu la réconforter
J'espère que vous comprendrez
Mais si quoiqu'il en soit
Ces excuses ne suffisent pas
Je dédie cette histoire
A l'enfant que cette homme a été
Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants
Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants
Choeur d'enfants :
Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants
St Exupéry :
Toutes les grandes personnes
Choeur d'enfants:
Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants
St Exupéry :
Ont d'abord été des enfants
Des enfants
Mais peu d'entre elles s'en souviennent
Peu d'entre elles d'en souviennent
l'aviateur :
Moteur esquinté, avion enlisé; en plein désert, peut-être à mille milles de toute région habitée. 30 décembre 1935. La réparation sera difficile. De l'eau pour 8 jours.
Eh ben mon petit vieux, t'as voulu être aviateur, tu l'es. T'aurais mieux fait de continuer à dessiner des serpents boas.
l'aviateur :
- Vous savez ce que c'est, ça ?
Les grandes personnes :
- Oh...
- C'est un chapeau.
l'aviateur :
- Et ça ?
Les grandes personnes :
- Euh...
l'aviateur :
- C'est un boa.
Les grandes personnes :
- Ah...
Grande personne n°1 : - As-tu appris tes leçons de calcul ? 9 x 8 ? 7x 6 ? 6 x 9 ?
Grande personne n°2 : - Où est la Chine, où est le Japon, l'Arizona ?
Grande personne n°3 : - Tu ferais mieux de jouer à autre chose, au golf, au bridge...
Grande personne n°4 : - Sois raisonnable. Il faut être raisonnable.
Grande personne n°5 : - C'est un chapeau.
Grande personne n°6 : - N'oublie pas d'éteindre ta lampe.
Grande personne n°7 : - On a dit " éteins ta lampe ".
La bonne : - Mon Dieu, quel malheur cet enfant, tu vas prendre froid, attention aux courants d'air, et mets ton cache-nez.
l'aviateur:
Est-ce que mon dessin vous a fait peur?
Les grandes personnes
Pourquoi un chapeau ferait-il peur?
l'aviateur:
Je ne comprends pas personne ne voit
L'éléphant au fond de ce boa
Alors j'ai rangé tous mes crayons
Mes drôles de dessins dans des cartons
J'ai trouvé enfin ma vocation
Je suis devenu pilote d'avion
Les grandes personnes c'est fatiguant
Elles ne comprennent plus tellement
Elles ont besoin d'explications
Toujours et toujours des explications
Depuis j'ai croisé des tas de gens
Mon avis n'a pas changé vraiment
Je ne parle plus jamais d'étoiles
De serpents boas de fleurs tropicales
J'ai quand même voulu faire l'essai
De mon dessin à nouveau
Mais les grandes personnes répondaient
Toujours et toujours : "C'est un chapeau !"
Alors je parlais de politique
De cravates, de golf de courses hippiques
Et les grandes personnes se rassuraient
De connaître un homme aussi sensé
Est-ce que mon dessin vous a fait peur?
Les grandes personnes:
Pourquoi un chapeau ferait-il peur?
l'aviateur :
Je ne comprends pas personne ne voit
Au-delà des choses au delà de soi
Les grandes personnes :
- C'est un chapeau ! C'est un chapeau ! C'est un chapeau !
l'aviateur :
- Les grandes personnes, elles ne comprennent rien toutes seules, et
c'est très fatiguant pour les enfants de toujours et toujours leur
donner des explications.
le Petit Prince : - S'il vous plaît, dessine-moi un mouton. Dessine-moi un mouton.
l'aviateur : - Mais qu'est-ce que tu fais là ?
le Petit Prince : - S'il vous plaît, dessine-moi un mouton.
l'aviateur : - Oh ! Tu sais, j'ai surtout étudié la géographie, l'histoire, le calcul... je ne sais pas dessiner.
le Petit Prince : - Ca ne fait rien, dessine-moi un mouton.
l'aviateur : - Ecoute... le seul dessin dont je sois capable, c'est ça. Regarde. Viens, viens...
le Petit Prince:
- Mais non, je ne veux pas d'un éléphant dans un boa. Un boa, c'est très dangereux, et un éléphant, c'est très encombrant. Chez moi c'est tout petit. J'ai besoin d'un mouton. Dessine-moi un mouton.
- Celui-là est déjà très malade. Fais-en un autre.
- C'est pas un mouton, c'est un bélier. Il a des cornes.
- Oh ! Celui-là est trop vieux. Je veux un mouton qui vive longtemps.
l'aviateur : - Ca c'est la caisse, le mouton que tu veux est dedans.
le Petit Prince: - Ah ! C'est tout à fait comme ça que je le voulais. Mais crois-tu qu'il faille beaucoup d'herbe à ce mouton ?
l'aviateur : - Pourquoi ?
le Petit Prince: - Parce que chez moi, c'est tout petit.
l'aviateur : - Ca suffira sûrement, je t'ai donné un tout petit mouton.
le Petit Prince: - Pas si petit que ça. Tiens, il s'est endormi...
Coucher de soleil
le Petit Prince : - Qu'est-ce que c'est que cette chose-là ?
l'aviateur : - Ca, mais ce n'est pas une chose, ça vole, c'est un avion. C'est mon avion.
le Petit Prince : - Comment, tu es tombé du ciel, toi aussi ?
l'aviateur : - Mais d'où viens-tu, mon petit bonhomme ?
le Petit Prince : - Ce qui est bien, avec la caisse que tu m'as donnée, c'est que la nuit ça lui servira de maison.
l'aviateur : - Et... et je te donnerai une corde pour l'attacher le jour, et un piquet.
le Petit Prince : - Mais où veux-tu qu'il aille ?
l'aviateur : - Mais n'importe où, droit devant lui.
le Petit Prince :
C'est vrai qu'avec ces drôles d'ailes
On ne va pas bien loin
Droit devant soi on n'peut pas aller tellement
Tellement loin
l'aviateur:
Devant moi je n'sais même pas aller jusqu'à toi
le Petit Prince:
Quelle drôle d'idée d'attacher
Mon mouton à ton piquet
l'aviateur:
Mais si tu ne l'attaches pas
Il ira n'importe où
le Petit Prince:
Droit devant soi on n'peut pas aller tellement
Tellement loin
l'aviateur:
Devant moi je n'sais même pas aller jusqu'à toi
le Petit Prince:
Mais où crois-tu qu'il ira?
l'aviateur:
N'importe où droit devant lui
le Petit Prince:
Jamais il ne se perdra
C'est si petit chez moi
Droit devant soi on n'peut pas aller tellement
Tellement loin
l'aviateur:
Devant moi je n'sais même pas
Reconnaître la voie jusqu'à toi
le Petit Prince:
Droit devant soi
Ce chemin ne nous apprend rien
On doit s'égarer pour mieux se trouver
L'aviateur : - J'ai trouvé un ami !
grandes personnes : - Oh !
l'aviateur : - Il vient d'une autre planète.
grandes personnes :
- Ah...
- Quel âge a-t-il ?
- Combien a-t-il de frères ?
- Combien gagne son père ?
- Combien pèse-t-il ?
l'aviateur : - Mais pourquoi ne me demandez-vous pas quel est le son de sa voix, quels sont ses jeux préférés, s'il collectionne les papillons ?
grandes personnes :
- Quoi ?
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Où habite-t-il ?
l'aviateur : - Une planète, petite, avec deux volcans en activité, qu'il faut ramoner soigneusement parce que c'est pratique pour réchauffer le petit déjeuner le matin. Et un volcan éteint, qu'il faut ramoner aussi.On ne sait jamais.
le Petit Prince : - On ne sait jamais.
grandes personnes : - On ne sait jamais.
l'aviateur : - C'est pour éviter les éruptions volcaniques, qui sont quelque chose comme les feux de cheminée.
grandes personnes : - Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Qu'est-ce que tu es encore allé inventer ?
le Petit Prince : - Sur Terre, les grandes personnes sont trop petites pour ramoner leurs volcans, c'est pourquoi ils leur causent des tas d'ennuis.
l'aviateur : - Aujourd'hui, troisième jour dans le désert. La preuve que le Petit Prince a existé, c'est qu'il était ravissant, qu'il riait... et qu'il voulait un mouton.
grandes personnes : - Oh...
l'aviateur : - Quand on veut un mouton, c'est la preuve qu'on existe. Et la planète d'où il venait est l'astéroïde B612.
le Petit Prince : - Mais c'est, c'est...
l'aviateur : - Les enfants doivent être indulgents avec les grandes personnes.
l'aviateur:
J'ai de sérieuses raisons de croire
Que la planète du Petit Prince
Est l'astéroïde B612
Cet astre n'a été aperçu
Qu'une seule fois en 1909
Par un astronome turc
Il avait alors démontré
Sa découverte à un congrès
Mais personne ne l'avait jamais cru
A cause de son costume
Les grandes personnes sont comme ça
Elles ne savent pas
Un dictateur turc imposa
A son peuple en 1920
De s'habiller à l'européenne
Alors l'astronome put refaire
Sa démonstration magistrale
Dans un habit très élégant
Et cette fois-ci évidemment
Tout le monde fut de son avis
Rien n'avait changé pourtant chez lui
Excepté son costume
Les grandes personnes sont comme ça
Elles ne veulent croire
Que ce qu'elles voient
Elles sont comme ça
Elles sont comme ça
le Petit Prince : - C'est bien vrai que les moutons mangent les arbustes ?
l'aviateur : - Oui, c'est vrai.
le Petit Prince : - Par conséquent, ils mangent aussi les baobabs
l'aviateur : - Oh, tu sais, les baobabs ne sont pas des arbustes, mais des arbres grands comme des églises, et même si tu emportes avec toi tout un troupeau d'éléphants, ce troupeau ne viendrait pas à bout d'un seul baobab.
le Petit Prince:- Les baobabs, avant de grandir, ça commence par être petit, non ?
l'aviateur : - Ah ?
le Petit Prince : - Donc les moutons mangeront les petits baobabs.
l'aviateur : - Pourquoi veux-tu que les moutons mangent les petits baobabs ?
le Petit Prince: - Ben voyons. Parce que si on laisse pousser les petits baobabs sur ma petite planète, ils seront trop nombreux et ils la feront éclater. C'est terrible, le drame des baobabs. Fais un dessin pour prévenir les enfants de ta planète.
le Petit Prince:
On n'sait jamais les dangers qui nous guettent
Là sous nos pieds par-dessus nos têtes
l'aviateur:
Ces petites graines qui nous sont invisibles
Quelques brindilles qui deviennent terribles
le Petit Prince:
Elles sommeillent dans le secret de la terre
Jusqu'au jour où elles s'ouvrent à la lumière
l'aviateur:
Il faut faire vite avant que ne s'installent
Sur nos planètes les racines du mal
On n'voit jamais les dangers qui reviennent
La mauvaise herbe pour la mauvaise graine
le Petit Prince:
Comme on doit faire le matin sa toilette
On doit prendre soin de sa planète
Il ne faut pas la laisser s'encombrer
Si non elle va finir par éclater
l'aviateur:
Enfants je n'aime pas vous faire la morale
Mais avec ces arbres l'erreur est fatale
ensemble:
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
Ils l'étouffent ils la déchiquettent
Il faut les surveiller
Il faut les arracher
Il faut s'en débarrasser
Faites attention aux baobabs
Il n'faut surtout pas remettre
Ce travail à plus tard
Car plus tard c'est trop tard
Faites attention aux baobabs
Il faut leur couper la tête
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
Ils l'étouffent, ils la déchiquettent
Il faut les repérer
Il faut les supprimer il faut les éradiquer
Faites attention aux baobabs
Il n'faut surtout pas remettre
Ce travail à plus tard
Car plus tard c'est trop tard
Faites attention aux baobabs
Il faut faire place nette
grandes personnes:
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
Faites attention aux baobabs
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
ensemble:
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
Ils l'étouffent, ils la déchiquettent
Il faut les démolir
Les détruire les occire il faut les anéantir
Faites attention aux baobabs
Il n'faut surtout pas remettre
Ce travail à plus tard
Car plus tard c'est trop tard
Faites attention aux baobabs
Il faut que ça s'arrête
Faites attention aux baobabs
Ils envahissent la planète
Faites attention aux baobabs
Il n'faut surtout pas remettre
Ce travail à plus tard
Car plus tard c'est trop tard
Faites attention aux baobabs
Il faut que ça s'arrête
l'aviateur : - Tu as raison, faut pas laisser pousser les petits baobabs. Dans certaines circonstances, sur certaines planètes, c'est un très grave danger.
l'aviateur : - Tu as l'air mélancolique.
le Petit Prince : - J'aime bien les couchers de soleil. Allons voir un coucher de soleil !
l'aviateur : - Mais il faut attendre.
le Petit Prince: - Attendre quoi ?
l'aviateur : - Attendre que le soleil se couche !
le Petit Prince : - Chez moi, c'est tellement petit qu'il me suffit de tirer ma chaise de quelques pas. Et je regardais le crépuscule chaque fois que je le désirais. Un jour, j'ai vu le soleil se coucher quarante-quatre fois...
Quand on est triste, on aime les couchers de soleil.
l'aviateur :
- Ce jour-là, tu étais donc tellement triste ?
- Aujourd'hui, quatrième jour dans le désert.
le Petit Prince : - Un mouton, s'il mange les arbustes, il mange aussi les fleurs ?
l'aviateur : - Un mouton mange tout ce qu'il rencontre.
le Petit Prince : - Même les fleurs qui ont des épines ?
l'aviateur : - Même les fleurs qui ont des épines.
le Petit Prince :
- Alors les épines, à quoi servent-elles ?
- Les épines, à quoi servent-elles ?
l'aviateur : - Elles ne servent à rien. C'est de la pure méchanceté de ma part des fleurs.
le Petit Prince: - Je ne te crois pas. Les fleurs sont faibles, elles sont naïves. Elles se rassurent comme elles peuvent. Elles se croient terribles avec leurs épines... Alors, tu crois que les fleurs... ?
l'aviateur : - Non, je ne crois rien. Je t'ai répondu n'importe quoi. Je m'occupe, moi, de choses sérieuses.
le Petit Prince : - De choses sérieuses ? Tu parles comme les grandes personnes ! Je connais une planète où il y a un monsieur qui n'a jamais rien fait d'autre que des additions. Il n'a jamais respiré une fleur, jamais regardé une étoile, et toute la journée il répète, comme toi, " je suis un homme sérieux, je suis un homme sérieux ", et ça le fait gonfler d'orgueil, mais ça n'est pas un homme, c'est un champignon.
l'aviateur : - Un quoi ?
le Petit Prince : - Un champignon ! Il y a des millions d'années que les fleurs fabriquent des épines, il y a des millions d'années que les moutons mangent quand même les fleurs. Et c'est pas important ça, la guerre des moutons et des fleurs ? Si quelqu'un aime une fleur qui n'existe qu'à un seul exemplaire dans les millions et les millions d'étoiles, ça suffit pour qu'il soit heureux quand il les regarde. Il se dit : " Ma fleur est là quelque part ". Mais si le mouton mange la fleur, c'est pour lui comme si brusquement toutes les étoiles s'éteignaient ! Et c'est pas important ça, la guerre des moutons et des fleurs ?
l'aviateur : - La fleur que tu aimes n'est pas en danger, lui dessinerais une muselière à ton mouton, je te donnerai une armure pour ta fleur. Attends, regarde...
le Petit Prince: - Des fleurs, il y en a toujours eu sur ma planète, des fleurs très simples, armées d'un rang de pétales, qui ne tiennent pas de place et ne dérangent personne. Mais un jour est arrivée ma fleur, une graine apportée on ne sait d'où. J'avais peur au début que ce soit un nouveau genre de baobab. Mais l'arbuste a vite cessé de croître et a formé une fleur, un bouton énorme.
le Petit Prince:
Bien à l'abri de sa chambre verte
Elle n'en finit pas dans cette cachette
De choisir avec soin ses couleurs
De s'habiller lentement le coeur
Ses pétales ajustés un à un
Pour lui faire un corset de satin
Près d'elle
Je sens un miracle qui s'apprête
Un soleil
Qui vient pour éclairer ma planète
Je n'ai connu que des fleurs fragiles
Jusqu'à ce qu'apparaisse cette brindille
Des fleurs qui ne tenaient pas de place
Et qui passaient sans laisser de trace
Avec ses manières si émouvantes
Celle-ci a l'air tellement différente
Près d'elle
Je sens un miracle qui s'apprête
Un soleil
Qui vient pour réchauffer ma planète
Petite graine perdue dans l'univers
Qui a trouvé sa place sur ma terre
Elle se prépare avec tant d'amour
A naître en étant belle comme le jour
Près d'elle
Je sens un miracle qui s'apprête
Un soleil
Qui vient pour éclairer ma planète
Près d'elle...
le Petit Prince : - Vous êtes belle.
La rose : - N'est-ce pas ?
le Petit Prince : - Vous êtes belle, mais bien compliquée.
La rose : - Ah ! Je me réveille à peine. Ah ! Je vous demande pardon. Ah ! Je suis toute décoiffée. Mais je suis née en même temps que le soleil.
le Petit Prince : - Elle est belle, mais un peu menteuse.
La rose : - Ah ! Sans trop vous déranger, ah ! Pourriez-vous m'apporter juste un petit déjeuner ? Je prendrais bien quelques gouttes de rosée.
le Petit Prince : - Elle est belle, mais un peu capricieuse.
La rose : - Ah ! Avec mes quatre épines , ah ! Je ne me laisse pas prendre, moi je n'ai pas peur des tigres, ils peuvent toujours venir, je sais me défendre.
le Petit Prince : - Elle est belle, mais un peu prétentieuse.
La rose : - Ah ! J'ai toujours un peu froid. Ah ! Je crains les courants d'air. J'aime tant qu'on prenne soin de moi. Vous n'auriez pas par hasard un paravent ?
le Petit Prince : - Non. Il n'y a pas de tigre sur ma planète, et les tigres, ça ne mange pas d'herbes.
La rose : - Je ne suis pas une herbe. De toute façon, le soir vous me mettrez sous globe.
le Petit Prince : - Euh ?
La rose : - Il fait très froid chez vous. C'est mal installé. Là d'où je viens...
La rose : - Oh, pardon ! Ah, des oieseaux sauvages ! Si, si !
le Petit Prince: - Ah, je ne veux plus l'écouter, ah, il vaut mieux se sauver, je prendrai le premier vol d'oiseaux sauvages qui voudront m'emporter.
le Petit Prince : - Bon et bien voilà, je pars. J'ai fait tout ce que je pouvais. Les volcans sont ramonés. Est-ce que tu veux ton globe pour la nuit ?
Adieu
Et tâche d'être heureux
J'ai perdu du temps
A vouloir cacher
Tous nos sentiments
Voilà que tu pars
Je te demande pardon
J'aurais dû te dire
Depuis si longtemps
Que je t'aimais tant
Va
Maintenant va t'en
J'apprendrai sans toi
A aimer le vent
L'air frais de la nuit
J'apprendrai sans toi
Avec les chenilles
Et les papillons
A tromper l'ennui
Ne traîne pas, adieu
Et tâche d'être heureux
Le roi :
Je t'ordonne de bâiller
Je t'ordonne de parler
Je t'ordonne de t'asseoir
Et de m'interroger
Je t'ordonne d'arrêter !
Moi je règne sur tout
Tout ce qui tourne autour de nous
Monarque universel
Des étoiles et du ciel
Et je ne tolère pas
La désobéissance
Mes ordres sont raisonnables
On peut me faire confiance
Par contre si j'ordonnais
A un quelconque général
De voler de fleur en fleur
Ou si j'exigeais de mon peuple
Qu'ils se jettent à la mer
S'ils n'obéissaient pas
Et s'ils se révoltaient
Ils seraient dans leur droit
Alors celui qui aurait tort
Bien sûr ce serait moi
L'autorité repose
D'abord sur la raison
Il faut exiger de chacun
Ce que chacun peut donner
le Petit Prince : - Et sur quoi régnez-vous ?
Le roi : - Sur tout. Je suis un monarque absolu et universel.
le Petit Prince : - Même les étoiles vous obéissent ?
Le roi : - Bien sûr. Je ne tolère pas l'indiscipline.
le Petit Prince : - Dans ce cas, faites-moi plaisir. Ordonnez au soleil de se coucher.
Le roi : - Je l'y obligerai. Mais j'attendrai dans la science de mon gouvernement que les conditions soient favorables.
le Petit Prince : - Et quand cela sera-t-il ?
Le roi : - Ce soir. Vers...sept heures quarante. Tu verras comme je suis bien obéi.
le Petit Prince : - J'ai compris. Je vais repartir.
Le roi : - Non, ne pars pas, je te fais ministre. De la justice.
le Petit Prince : - Il n'y a personne sur votre planète !
Le roi : - Non, mais tu te jugeras donc toi-même. Il est bien plus difficile de se juger soi-même que de juger autrui.
le Petit Prince : - Je puis me juger moi-même n'importe où, je n'ai pas besoin d'habiter ici. Adieu.
Le roi : - Non, attends. Je crois qu'il y a quelque part un vieux rat que j'entends courir la nuit. Tu le condamneras à mort de temps en temps, mais tu le gracieras chaque fois pour l'économiser, il n'y en a qu'un.
le Petit Prince : - Je n'aime pas condamner à mort, et je crois bien que je m'en vais.
Le roi : - Non.
le Petit Prince : - Ordonnez-moi, par exemple, de partir avant une minute.
Le roi : - Non.
Le roi : - Je te fais mon ambassadeur, va.
le Petit Prince : - Les grandes personnes sont bien étranges.
Le vaniteux:
J'aime qu'on me jette des fleurs
J'aime la lumière des projecteurs
J'aime les flatteurs j'aime les honneurs
J'aime même les menteurs
Quand ils savent me dire
Ce que je veux entendre
A quoi je peux prétendre
J'aime les compliments
La chaleur des applaudissements
J'aime la gloire et tous ses égards
J'aime tous ces boniments
Si je dois me sentir
Ne serait-ce qu'un instant
Le plus intéressant
Moi, je suis le plus beau
Moi, je suis le plus riche
Moi, je suis le plus drôle
Moi, je suis moi, je suis moi
Moi, je suis le meilleur
De toute la planète
Mais je suis toujours seul
Pour le reconnaître
J'aime tellement qu'on m'aime
Alors frappe des mains
Admire-moi quand même
Tu me feras plaisir
J'aime tellement qu'on m'aime
le Petit Prince : - Je t'admire, mais en quoi cela peut-il bien t'intéresser ?
le Petit Prince : - Les grandes personnes sont décidément bien bizarres.
Le buveur:
Plus rien ne me paraît très net
Vous êtes sur ma drôle de planète
Tout est tordu tout est flou
Je suis tout sens dessus dessous
Je collectionne pour la peine
Les bouteilles vides les bouteilles pleines
Toi qui t'en viens vers moi
Tu te demandes ce que je fais là
Je bois pour oublier
le Petit Prince:
Mais tu bois pour oublier quoi ?
Le buveur:
Oublier que j'ai honte
le Petit Prince:
Que tu as honte de quoi ?
Le buveur:
Que j'ai honte de boire
le Petit Prince :
Alors tu te ressers un verre
Le buveur:
Je bois pour oublier
Pour oublier que je bois
le Petit Prince :
- Les grandes personnes sont décidément très, très bizarres.
le Petit Prince :
- Bonjour ! Votre cigarette est éteinte. Bonjour !
le businessman:
Trois et deux font cinq
Et cinq plus sept font douze
Et douze plus trois égalent bien quinze
- Bonjour
Vingt-deux et six vingt-huit
Pas l'temps d'la rallumer
Vingt-six et cinq font trente et un
Ca me fait donc cinq cent un millions
Six cent vingt-deux mille
Sept cent trente et un
le Petit Prince :
- Cinq cent un millions de quoi ?
le businessman:
Tiens tu es toujours là
Cinq cent un millions de
Je ne sais même plus
le Petit Prince :
- Cinq cent un millions de quoi ?
le businessman:
J'ai tellement de travail
Je n'peux pas m'amuser
Avec toutes ces balivernes
le Petit Prince :
- Des millions de quoi ?
le businessman:
Tu n'dois pas me déranger
Deux et cinq font sept
je suis un homme sérieux
le Petit Prince :
- Cinq cent un millions de quoi ?
le businessman:
Des millions d'étoiles
Auxquelles rêvent les paresseux
Que je change en calcul mental
Moi qui suis un homme sérieux j'ai besoin
J'ai besoin de posséder pour me rassurer
J'ai besoin de me sentir riche pour exister
Des millions d'étoiles
Que je ne sais que compter
Moi qui n'ai jamais rêvé
Trois et deux font cinq
Et cinq plus sept font douze
Et douze plus trois égalent bien quinze
Quinze et sept vingt-deux
Vingt-deux et six vingt-huit
Vingt-six et cinq font trente et un
Ca me fait donc cinq cent un millions
Six cent vingt-deux mille
Sept cent trente et un...
le Petit Prince :
- D'étoiles, je sais. J'ai déjà vu un roi qui possédait une étoile.
le businessman :
- Mais les rois ne possèdent pas, ils règnent sur, c'est très différent.
le Petit Prince :
- Et comment peut-on posséder une étoile ?
le businessman :
- Je possède les étoiles parce que personne avant moi n'a pensé à les posséder.
le Petit Prince :
- Ca c'est vrai, mais tu ne peux pas cueillir une étoile comme je peux cueillir une fleur et l'emporter.
le businessman :
- Non, mais je peux les placer en banque. J'écris sur un petit papier le nombre de mes étoiles et je l'enferme à clé dans un tiroir.
le Petit Prince :
- C'est assez poétique, mais ce n'est vraiment pas très sérieux. Moi je ramone mes volcans et j'arrose ma fleur, aussi c'est utile à mes volcans et c'est utile à ma fleur que je les possède. Mais toi tu n'es pas utile aux étoiles. Je voudrais aller voir ailleurs. Voilà une jolie planète.
le businessman :
- C'est une planète minuscule, et absurde. A quoi peut bien servir, dans le ciel, sur une planète sans maison ni population, un réverbère et un allumeur de réverbère ?
le Petit Prince :
- Peut-être bien que cet homme est absurde. Moins cependant que vous tous, parce que, quand il allume son réverbère, c'est comme s'il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère, ça endort l'étoile ou la fleur. C'est une occupation très jolie et véritablement utile, puisque c'est joli. Adieu.
le Petit Prince :
- Les grandes personnes sont décidément tout à fait extraordinaires.
le Petit Prince : - Pourquoi éteins-tu ton réverbère ? Tu viens à peine de l'allumer.
L'allumeur de réverbères:
J'éteins mon réverbère
Je l'allume aussitôt
C'est la consigne
Bonjour bonsoir
J'allume mon réverbère
Je l'éteins à nouveau
C'est la consigne
Bonjour bonsoir
Mon métier est terrible
Je n'dois pas réfléchir
J'obéis sans rien dire
La consigne c'est la consigne
Bonjour bonsoir
Bonjour bonsoir
Je regrette autrefois
Quand je n'avais encore
Qu'à éteindre le matin
Et allumer le soir
Année après année
La planète a tourné
Chaque jour un peu plus vite
Sans que change la consigne
Bonjour bonsoir
Et maintenant elle fait
En soixante secondes
Sur elle un tour entier
Et je n'ai en ce monde
Plus un instant de paix
Bonjour bonsoir
J'éteins mon réverbère
Je l'allume aussitôt
C'est la consigne
Bonjour bonsoir
J'allume mon réverbère
Je l'éteins à nouveau
C'est la consigne
Bonjour bonsoir
le Petit Prince : - Au moins lui ne s'occupe pas que de lui-même. S'il y avait eu de la place pour deux, j'aurais aimé en faire mon ami. Et puis soixante couchers de soleil par heure, ça fait… mille quatre cent quarante couchers de soleil par jour ! j'y retourne.
le Petit Prince : - Quel est ce gros livre ? Que faites-vous ici ?
Le géographe : - Je suis géographe, et je prends en note les souvenirs des explorateurs.
le Petit Prince : - Elle est bien belle votre planète. Est-ce qu'il y a des océans ?
Le géographe : - Je ne puis pas le savoir.
le Petit Prince : - Et des montagnes, des villes, des fleuves, des déserts ?
Le géographe : - Je ne puis pas le savoir.
le Petit Prince : - Mais vous êtes géographe ?
Le géographe : - C'est exact, mais je ne suis pas explorateur. Le géographe est trop important pour flâner. Il ne quitte pas son bureau. Mais il y reçoit les explorateurs. Et si les souvenirs de l'un d'eux lui paraissent intéressants, alors le géographe fait faire une enquête sur la moralité de l'explorateur.
le Petit Prince : - Pourquoi ça ?
Le géographe : - Si l'explorateur mentait, tu imagines la catastrophe. Et si c'est un ivrogne, il voit double, il noterait deux montagnes là où il n'y en a qu'une.
le Petit Prince : - Ah, ah, ah.
Le géographe : - Et toi, tu viens de loin ? Je vais noter ton récit, au crayon d'abord, à l'encre quand tu auras fourni les preuves.
le Petit Prince : - Quelles preuves ?
Le géographe : - C'est très simple. S'il s'agit, par exemple, de la découverte d'une grosse montagne, on exige de l'explorateur qu'il en rapporte de grosses pierres. Alors ?
le Petit Prince : - Chez moi, c'est tout petit, deux volcans en activité, un volcan éteint...
Le géographe : - Je prends note, on ne sait jamais.
le Petit Prince : - J'ai aussi une fleur.
Le géographe : - Nous ne notons pas les fleurs, elles sont éphémères. Nous n'écrivons que les choses éternelles, qui ne se démodent pas.
le Petit Prince : - Qu'est-ce que ça signifie, " éphémère " ?
Le géographe : - Ca signifie... " qui est menacé de disparition prochaine ".
le Petit Prince : - Ma fleur est éphémère, et elle n'a que quatre épines pour se défendre contre le monde ! Et je l'ai laissée toute seule chez moi !
Le géographe:
Je dois connaître les déserts
Les sources qui jaillissent de la terre
Les océans les rivières
Et les îles plantées sous la mer
Et je rêve de volcans qui grondent
Dans des flots incandescents
De ces voiliers amarrés aux ondes
Dans les Quarantièmes Rugissants
Je prends note
Enfermées au fond d'un cahier
S'étalent mes seules lignes d'horizon
Ce bureau est ma dernière prison
Je prends note
Je ne vis rien je ne vois rien
Je vis tout par procuration
En voyageur immobile
A travers vos explorations
Je prends note
Je n'écris que des choses éternelles
Je prends note
Je n'ai que faire de ces choses précaires
Qui encombrent la terre et le ciel
Les poèmes et les dictionnaires
Je prends note
Mais je ne sais rien de ma planète
Je n'connais même pas un cours d'eau
Je sais juste où mes frontières s'arrêtent
Coincé à l'arrière d'un bureau
Je prends note
le Petit Prince :
- J'aurais dû ne pas l'écouter. Il ne faut jamais écouter les fleurs. Il faut les regarder et les respirer. La mienne embaumait ma planète, mais je ne savais pas m'en réjouir. Cette histoire de griffes, qui m'avait tellement agacé, aurait dû m'attendrir. Je n'ai rien su comprendre. J'aurais dû la juger sur les actes et non sur les mots. Elle m'embaumait et m'éclairait. Je n'aurais jamais dû m'enfuir. J'aurais dû deviner sa tendresse derrière ses pauvres ruses. Les fleurs sont si contradictoires. J'étais trop jeune pour savoir l'aimer.
Le géographe :
- Tout cela, nous n'en prenons pas note.
le Petit Prince :
- Que me conseillez-vous d'aller visiter ?
Le géographe :
- La planète Terre. Elle a bonne réputation.
Le géographe:
La septième planète sera donc la Terre
La Terre n'est pas une planète quelconque
On y compte cent onze rois
En n'oubliant pas bien sûr les rois nègres
le Petit Prince : - Très drôle...
Le géographe:
Sept mille géographes
neuf cent mille businessmen
Sept millions et demi d'ivrognes
Trois cent onze millions de vaniteux
C'est-à-dire environ deux milliards de grandes personnes
l'aviateur :
La Terre
Dans cet univers
Et ses particules élémentaires
Ce mystère
Au milieu des airs
Ces mers ces déserts
Une légère goutte de boue
Perdue dans l'éther
Où tous les hommes se tiennent debout
Accrochés au clair
De leur étoile
Solitaire
Planète en colère
Du système solaire
Révolutionnaire
C'est la Terre
Ses années lumière
Et ses allumeurs de réverbères
- Pour vous donner une idée des dimensions de la Terre, je vous dirai qu'avant l'invention de l'électricité on y devait entretenir, sur
l'ensemble des six continents, une véritable armée de quatre cent soixante deux mille cinq cent onze allumeurs de réverbères. Vu d'un peu loin ça faisait un effet splendide.
La Terre
Une légère goutte de boue
Perdue dans l'éther
Où tous les hommes se tiennent debout
Le temps d'un éclair
La Terre
Dans cet univers
Ridicule et fière
Particulière
Volontaire
A ne pas se taire
Cette mère nourricière
Qui nous enterre
C'est la Terre
La Terre
l'aviateur:
On veut croire à des choses éternelles
Pour oublier toutes ces choses précaires
Qui encombrent la terre et le ciel
Les poèmes et les dictionnaires
Car nous sommes
Ephémères
Menacés par une fin prochaine
Les explosions en chaîne
Les amours et les gloires passagères
Ephémères
Avoir la sagesse nécessaire
De prendre un peu tout à la légère
Et savoir se détacher de la Terre
Ephémères
Epris de folie temporaire
Qui nous laisse espérer le ciel
Et nous attache à des pierres
Ephémères
Qui en prières
Trouvent un sens à leurs destins
Si incertains
Ephémères
Pris au piège sous l'effet de serre
Comme ces fragiles insectes qui naissent
Pour s'éteindre en pleine lumière
Ephémères
Avoir la sagesse nécessaire
De prendre un peu tout à la légère
Et savoir se détacher de la Terre
Ephémères
Epris de folie temporaire
Qui nous laisse espérer le ciel
Et nous attache à des pierres
Ephémères
Pour enfin
N'être dans ces déserts
Plus qu'un grain de poussière
le Petit Prince : - Sur quelle planète suis-je tombé ?
Le serpent : - Sur la Terre, en Afrique.
le Petit Prince : - Où sont les hommes ?
Le serpent : - Ici c'est le désert, il n'y a personne dans les déserts. La Terre est grande.
le Petit Prince : - Je sais, deux milliards d'habitants, avec une armée de 472 511 allumeurs de réverbères sur six continents, ça faisait un effet superbe vu d'en haut, comme un ballet d'opéra. D'abord les allumeurs de réverbères de Nouvelle-Zélande, d'Australie, et puis...
Le serpent : - Attention, quand on veut faire de l'esprit, il arrive qu'on invente un peu. Tu vas donner une fausse idée de la planète à ceux qui ne la connaissent pas. Les hommes occupent très peu de place sur la Terre. Si tous les habitants se tenaient debout et un peu serrés, on pourrait entasser l'humanité entière sur le moindre petit ilôt du Pacifique.
le Petit Prince : - Les grandes personnes ne te croiront jamais.
Le serpent : - Elles se voient importantes comme des baobabs.
le Petit Prince : - Je me demande si les étoiles sont éclairées afin que chacun puisse un jour retrouver la sienne. Regarde ma planète, elle est juste au- dessus de nous. Comme elle est loin...
Le serpent : - Elle est belle. Mais que viens-tu faire ici ?
le Petit Prince : - J'ai des difficultés avec une fleur.
Le serpent : - Une fleur ?
le Petit Prince : - Non, ça c'est une fleur à trois pétales, une fleur de rien du tout. La mienne est éphémère.
Le serpent : - (il fredonne).
le Petit Prince : - Où sont les hommes ? On est un peu seul dans le désert.
Le serpent : - On est seul aussi chez les hommes.
le Petit Prince : - Tu es une drôle de bête. Tu n'as même pas de pattes. Tu ne peux même pas voyager.
Le serpent : - Oh, je puis t'emporter plus loin qu'un navire. Celui que je touche, je le rends à la terre dont il est sorti. Tu es pur, tu viens d'une étoile, mais tu me fais pitié, toi si faible, sur cette terre de granit. Je puis t'aider un jour, si tu regrettes trop ta planète. Je puis...
le Petit Prince : - Oh, j'ai très bien compris. Mais pourquoi parles-tu toujours par énigmes ?
Le serpent : - Je les résous toutes.
le Petit Prince : - Bonjour.
Les cactus : - Bonjour.
le Petit Prince : - Où sont les hommes ?
Les cactus : - Oh, les hommes ! Il en existe je crois six ou sept. Je les ai aperçus il y a des années. Mais on ne sait jamais où les trouver. Le vent les promène, ils manquent de racines. Ca les gêne beaucoup.
le Petit Prince : - Adieu.
Les cactus : - Adieu.
le Petit Prince : - Je vais faire l'ascension de cette haute montagne. Tu sais... aïe !
Les cactus : - Oh pardon !
le Petit Prince : - Je n'ai jamais eu de montagne comme ça. J'ai trois volcans qui m'arrivent à peine aux genoux.
Les cactus : - Aux genoux ?
le Petit Prince : - Au sommet, j'apercevrai d'un coup toute la planète et tous les hommes.