Chaque communication sera suivie d’un dialogue avec le public
Matin : ENIGME & DELECTATION
Présidence : François Soulages
9 h Ouverture, au nom du Conseil Scientifique de l’Université Paris 8, par Marc ESCOLA, Professeur de littérature française à l’Université Paris 8
9 h 30 Pascal BONAFOUX, Professeur d'histoire de l’art à l'Université Paris 8, Malentendu(s)
10 h 15 Sylvain MORAND, Conservateur au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, Un anonyme au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg
11 h Panayotis PAPADIMITROPOULOS, Photographe & Maître de conférences en Photographie à l’université d’Ioannina, Grèce, Le portrait du regard
11 h 15 Gérard FROMENGER, Peintre, Propos d’artiste
12 h Michel GIRONDE, doctorant à l’Université Paris 3, Le portrait de l’Espagnol dans l’œuvre de Fuentes : appropriation de l’autre soi-même
12 h 15 Maria Filomena MOLDER, Professeur au Département de Philosophie, Universidade Nova de Lisboa, Portugal, Le pouvoir de l'anonyme
Après-midi : FIGURE & IDENTITE
Présidence : Alberto Freire de Carvalho Olivieri
14 h 30 Michelle DEBAT, Maître de conférences à l’Université Paris 8, Paradoxes de « l’anonyme »
15 h 15 Vangelis IOAKIMIDIS, Directeur du Musée de la photographie de Thessalonique, Grèce, Portrait photographique
16 h Catherine REBOIS, doctorante à l’Université Paris 8, De l’innommé à l’indicible dans le portrait photographique 16 h 15 Marc TAMISIER,Chargé de mission pour la philosophie et les arts plastiques au CNDP, Portraits sans sujet 17 h 00 Rachida TRIKI, Professeur à l’Université de Tunis, Tunisie, Les figurants dans la peinture et l’irréalité de l’image
17 h 45 Vladimir SAFATLE, Professeur de philosophie à l’Université de Sao Paulo, Brésil, L´indétermination de la forme comme idéal d´individuation
Chaque communication sera suivie d’un dialogue avec le public
Matin : EXISTENCE & ŒUVRE
Présidence : Pascal Bonafoux
9 h François SOULAGES Professeur à l’Université Paris 8 & à l’INHA, Du particulier à l’universel
9 h 45 Giovana GIUSTI, Directrice du Département des arts du XIX° siècle & contemporain, Galerie des Offices, Florence, Italie, Retour de l'identité pour quelques portraits des Offices
10 h 30 Emmanuel FAURE, doctorant à l’Université Paris 8, Genre du portrait ou portraits de genres ?
10 h 45 Boris ZABOROV, peintre, De la photographie perdue à la peinture
11 h 30 Alberto FREIRE de CARVALHO OLIVIERI, Professeur à l’Université fédérale de Bahia, Brésil, La vie dans le portrait d’un mort
12 h 15 Sébastien ALLARD, Conservateur au musée du Louvre,Eros révélé : à propos du Portrait d'une Négresse de Mme Benoist (1800)
Après-midi : HISTOIRE & POLITIQUE
Présidence : Rachida Triki
14 h 30 Guy FIHMAN, Professeur en cinéma à l’Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, Un anonyme absolu : le portrait-type
15 h 15 Christophe LONGBOIS-CANIL, doctorant à l’Université Paris 8, Le portrait anonyme au regard de la modernité.
15 h 30 Sergio ROJAS, Professeur d'esthétique à l'Université du Chili, Santiago, Chili, Temps historique et esthétique de l’anonyme
16 h 15 Daniel PODOSEK, doctorant à l’Université Paris 8, Entre document et portrait, les visages anonymes des mythologies.
16 h 30 Maria-Fernanda TROYA, Professeur à l’Université de Quito, Equateur, Les visages porteurs d'histoire. Le portrait anonyme dans U-NI-TY de Michael Schmidt
17 h 15 Javiera MEDINA, Chili, Allocataire de recherche à l'Université Paris 8, Le portrait des victimes ou comment donner un visage au nombre
17 h 30 Discussion générale et perspectives des recherches à venir
Michel Gironde, Amalia Liakou, Christophe Longbois-Canil, Javiera Medina, Julia Nyikos, Rosane Pedrosa de Andrade,
Hortense Soichet, François Soulages, Eirini Stavrakopoulou, Marc Tamisier, Julien Verhaeghe
Argument du colloque
Cette appellation, « Portrait anonyme », peut paraître singulièrement inconséquente… Le portrait passe depuis des siècles pour être non seulement un genre qui se doit de reproduire très scrupuleusement les traits d’un homme ou d’une femme et il passe, qui plus est, pour être, plus qu’aucun autre, un genre « psychologique »… Comment donc oser évoquer un portrait qui puisse être anonyme ?
Or, le temps qui est passé sur les portraits, ne s’est pas privé d’effacer l’identité de modèles qui posèrent pour Memling, pour Titien, pour Rembrandt, pour… D’où cette (très inconvenante) question : lorsque l’on fait face à un tel portrait qui n’est plus, appellation ressassée, qu’un « portrait d’homme », qu’un « portrait de femme », comment faire de la psychologie si l’on ne sait rien du modèle ? (Si ce n’est au prix de la fiction…) Regarder un tel portrait qui n’est plus que celui d’un « homme au gant » peut-être ou peut-être encore d’une « dame à l’hermine », qu’est-ce ? si ce n’est regarder la réalité de la peinture même. D’une peinture qui garde le silence sur ce qu’elle met en évidence… Que sont devenues la réputation, la gloire peut-être des uns et des autres ? Quelle trahison de la mémoire est un tel portrait ?
Autres « portraits anonymes ». Que sont ces « portraits » (anonymes encore) qui sont ceux pour lesquels tel ou tel peintre eut recours à un modèle pour un essai et qui ne dit ni le nom de ce modèle qui fut rémunéré ni que la toile fut un exercice… Dans une rue d’Arles, Vincent Van Gogh brosse le portrait d’un gamin hirsute… Qui est-il ? Qu’est ce portrait ?
Les photographes, quant à eux, ne se sont pas privés de faire poser, devant leurs chambres noires, leurs Kodak, leurs Leica, leurs appareils numériques, leurs téléphones portables, des « anonymes »… Mais si ceux qui posèrent demeurent « anonymes », s’agit-il alors de portraits ? N’est-ce pas la question que nous posent Arbus, Goldin, ou Aziz + Cucher ?
Et que dire des portraits anonymes des autres arts ?
- le cinéma et le documentaire et les magnifiques portraits d’anonymes qui nourrissent notre mémoire,
- le video-art qui joue sur ce minuscule, ce discret et cet anonyme pour mieux faire connaître les hommes et l’histoire,
- les nouvelles images et les arts des nouvelles technologies qui nous mettent en contact visuel, interactif et multiple avec les anonymes de notre monde mondialisé,
- le théâtre et l’opéra et leurs héros anonymes, leurs seconds rôles essentiels et leurs chœurs des anonymes,
- la littérature et cet anonymat originaire transformé en figure,
- et tous les autres arts…
Ce problème est capital, car les portraits d’aujourd’hui deviendront les portraits anonymes de demain – l’art contemporain ne peut se le cacher.
L’anonymat des portraits lève des questions de tous ordres. L’histoire de l’art, l’esthétique, la philosophie, la psychologie, la psychanalyse, la sociologie, les sciences humaines en général n’ont pas fini d’avoir à s’interroger sur cette appellation qui n’est au bout du compte ni inconséquente ni absurde, « portrait anonyme »…