【译文】
子夏问孔子:“‘笑得真好看啊,美丽的眼睛真明亮啊,用素粉来打扮啊。’这几句话是什么意思呢?”孔子说:“这是说先有白底然后画画。”子夏又问:“那么,是不是说礼也是后起的事呢?”孔子说:“商,你真是能启发我的人,现在可以同你讨论《诗经》了。”
III.8. Tzeu hia dit à Confucius : « On lit dans le Livre des Odes : “Un sourire agréable plisse élégamment les coins de sa bouche ; ses beaux yeux brillent d un éclat mêlé de noir et de blanc. Un fond blanc reçoit une peinture de diverses couleurs.” Que signifient ces paroles ? » Le Maître répondit : « Avant de peindre, il faut avoir un fond blanc. » Tzeu hia reprit : « Ces paroles ne signifient-elles pas que les cérémonies extérieures exigent avant tout et présupposent la sincérité des sentiments ? » Le Maître dit : « Tzeu hia sait éclaircir ma pensée. A présent je puis lui expliquer les Odes. » Un homme dont la bouche est élégante et les yeux brillants peut recevoir divers ornements, de même qu’un fond blanc peut recevoir une peinture variée. Les anciens empereurs ont institué les cérémonies afin qu’elles fussent l’élégante expression et comme l’ornement des sentiments du cœur. Les cérémonies présupposent comme fondement la sincérité des sentiments, de même qu’une peinture exige d’abord un fond blanc.
【译文】
孔子说:“夏朝的礼,我能说出来,(但是它的后代)杞国不足以证明我的话;殷朝的礼,我能说出来,(但它的后代)宋国不足以证明我的话。这都是由于文字资料和熟悉夏礼和殷礼的人不足的缘故。如果足够的话,我就可以得到证明了。”
III.9. Le Maître dit : « Je puis exposer les rites de la dynastie des Hia. Mais je ne puis prouver ce que j’en dirais ; car les princes de K’i (descendants des Hia) n’observent plus ces rites et ne peuvent les faire connaître avec certitude. Je puis exposer les rites de la dynastie des [Chang-]In. Mais les témoignages font défaut ; car les princes de Soung, descendants des [Chang-]In, n’observent plus ces rites et ne peuvent en donner une connaissance certaine. Les princes de K’i et de Soung ne peuvent faire connaître avec certitude les rites des Hia et des [Chang-]In, parce que les documents et les hommes leur font défaut. S’ils ne faisaient pas défaut, j’aurais des témoignages. »
【译文】
孔子说:“对于行禘礼的仪式,从第一次献酒以后,我就不愿意看了。”
III.10. Le Maître dit : « Dans le rite Ti [fait par le prince de Lou], tout ce qui suit les libations me déplaît ; je n’en puis supporter la vue. » Confucius blâme l’autorisation accordée aux princes de Lou de faire une cérémonie qui aurait dû être réservée à l’empereur. Anciennement, l’empereur, après avoir fait des offrandes au fondateur de la dynastie régnante, en faisait au père du fondateur de la dynastie, et, en même temps, au fondateur lui-même. Cette cérémonie avait lieu tous les cinq ans, et s’appelait Ti. Comme Tcheou koung s’était signalé par d’éclatants services et avait été créé prince de Lou par son frère le roi Ou, le roi Tch’eng, successeur du roi Ou, permit au prince de Lou de faire cette importante cérémonie. Le prince de Lou offrait donc le sacrifice Ti, dans le temple de Tcheou koung, au roi Wenn, comme au père du fondateur de la dynastie, et il associait à cet honneur Tcheou koung. Cette cérémonie était contraire aux anciens rites. Les libations consistaient à répandre à terre, dès le commencement du sacrifice, une liqueur aromatisée, pour inviter les mânes à descendre. Au moment de ces libations, l’attention du prince de Lou et de ses ministres n’était pas encore distraite ; la vue de cette cérémonie était encore supportable. Mais ensuite, ils s’abandonnaient peu à peu à l’insouciance et à la négligence ; ils offraient un spectacle pénible à voir.
【译文】
有人问孔子关于举行禘祭的规定。孔子说:“我不知道。知道这种规定的人,对治理天下的事,就会像把这东西摆在这里一样(容易)吧!”(一面说一面)指着他的手掌。
III.11. Quelqu’un ayant demandé à Confucius ce que signifiait le sacrifice Ti, le Maître répondit : « Je ne le sais pas. Celui qui le saurait n’aurait pas plus de difficulté à gouverner l’empire qu’à regarder ceci. » En disant ces mots, il montra la paume de sa main. Les anciens empereurs ne montraient jamais mieux que dans le sacrifice Ti leur désir d’être reconnaissants envers leurs parents et d’honorer leurs ancêtres éloignés. C’est ce que ne pouvait comprendre cet homme qui avait interrogé sur la signification du sacrifice Ti. De plus, dans la principauté de Lou, où les princes accomplissaient cette cérémonie, il fallait éviter de rappeler la loi qui la défendait à tout autre qu’à l’empereur. Pour ces raisons, Confucius répondit : « Je ne le sais pas. » Sur cette question pouvait-il y avoir quelque chose que l’homme saint ignorât réellement ?
【译文】
祭祀祖先就像祖先真在面前,祭神就像神真在面前。孔子说:“我如果不亲自参加祭祀,那就和没有举行祭祀一样。”
III.12. Confucius faisait des offrandes à ses parents défunts et aux esprits tutélaires, comme s’il les avait vus présents. Il disait : « Un sacrifice auquel je n’assisterais pas en personne, et que je ferais offrir par un autre, ne me paraîtrait pas un sacrifice véritable. »
【译文】
王孙贾问道:“(人家都说)与其奉承奥神,不如奉承灶神。这话是什么意思?”孔子说:“不是这样的。如果得罪了天,那就没有地方可以祷告了。”
III.13. Wang suenn Kia demanda quel était le sens de cet adage : « Il vaut mieux faire la cour au dieu du foyer qu’aux esprits tutélaires des endroits les plus retirés de la maison. » Le Maître répondit : « L’un ne vaut pas mieux que l’autre. Celui qui offense le Ciel n’obtiendra son pardon par l’entremise d’aucun Esprit. » Wang suenn Kia était un grand préfet tout-puissant dans la principauté de Wei. Confucius était alors dans cette principauté. Wang suenn Kia soupçonnait qu’il avait l’intention de solliciter une charge. Il désirait qu’il s’attachât à lui ; mais il n’osait le lui dire ouvertement. Il eut donc recours à une allégorie, et lui dit : « D’après un proverbe, on offre des sacrifices auprès du foyer et dans les endroits retirés de la maison. Le foyer est la demeure du dieu du foyer. Bien que ce dieu soit d’un rang peu élevé, on lui offre un sacrifice particulier. Les endroits retirés de la maison sont les appartements situés à l’angle sud-ouest. Les esprits qui y demeurent sont d’un rang élevé ; néanmoins on ne leur offre pas de sacrifice particulier. Quand on veut sacrifier aux esprits pour obtenir une faveur, il vaut mieux faire la cour au dieu du foyer pour obtenir sa protection secrète, que de faire la cour aux esprits de la maison pour rendre hommage à leur inutile dignité. Cet adage populaire doit avoir un sens profond. Quelle est sa signification ? » En parlant ainsi, Wang suenn Kia se désignait lui-même sous la figure des esprits de la maison. Il voulait dire qu’il valait mieux s’attacher à lui que de rechercher la faveur du prince. Confucius devina sa pensée. Sans le reprendre ouvertement, il se contenta de lui répondre : « Je réprouve toute flatterie, soit à l’égard des esprits de la maison, soit à l’égard du dieu du foyer. Au-dessus des esprits de la maison et du dieu du foyer, il y a le Ciel, qui est souverainement noble et n’a pas d’égal. Celui qui se conduit d’après l’ordre [céleste] est récompensé par le Ciel. Celui qui agit contrairement à lui est puni par le Ciel. Si quelqu’un ne sait pas rester dans les limites de sa condition, ni suivre l’ordre [céleste], il offense le Ciel. Celui qui offense le Ciel, où trouvera-t-il un protecteur qui lui obtienne son pardon ? »
【译文】
孔子说:“周朝的礼仪制度借鉴于夏、商二代,是多么丰富多彩啊。我遵从周朝的制度。”
III.14. Le Maître dit : « La dynastie des Tcheou a consulté et copié les lois des deux dynasties précédentes¹. Que les lois des Tcheou sont belles ! Moi, j’observe les lois des Tcheou. »
1. Hia (2205-1767 av. J.-C.) et Chang-ln (1766-1122 av. J.-C.).
【译文】
孔子到了太庙,每件事都要问。有人说:“谁说此人懂得礼呀,他到了太庙里,什么事都要问别人。”孔子听到此话后说:“这就是礼呀!”
III.15. Le Maître, étant entré dans le temple dédié au plus ancien des princes de Lou, interrogea sur chacun des rites. Quelqu’un dit : « Dira-t-on que le fils du citoyen de Tcheou connaît les rites ? Dans le temple du plus ancien de nos princes, il interroge sur chaque chose. » Le Maître en ayant été informé, répondit : « En cela, je me suis conformé aux rites. » Dans la principauté de Lou, le temple du plus ancien des princes était celui de Tcheou koung. Tcheou est le nom d’une ville de la principauté de Lou. Chou leang Ho, père de Confucius, avait été préfet de cette ville. Confucius est appelé pour cette raison le fils du citoyen de Tcheou. Il naquit à Tcheou.
【译文】
孔子说:“比赛射箭,不在于穿透靶子,因为各人的力气大小不同。自古以来就是这样。”
III.16. Le Maître dit : « Quand on tire à l’arc, le mérite ne consiste pas à transpercer le cuir ; car les hommes ne sont pas tous d’égale force. Telle est la Voie des Anciens. » Après avoir déployé la cible, on fixait en son milieu un morceau de cuir, qui formait le centre, et s’appelait kou, « petit oiseau ». Les anciens avaient établi le tir à l’arc pour juger de l’habileté. L’essentiel était d’atteindre le centre de la cible, et non de la transpercer.
【译文】
子贡提出去掉每月初一日告祭祖庙用的活羊。孔子说:“赐,你爱惜那只羊,我却爱惜那种礼。”
III.17. Tzeu koung¹ voulait supprimer l’usage de fournir aux frais de l’État une brebis, qui devait être offerte aux ancêtres à la nouvelle lune. Le Maître dit : « Seu, tu tiens par économie à garder cette brebis ; moi, je tiens à conserver cette cérémonie. » À chaque nouvelle lune, les princes feudataires offraient à leurs ancêtres une brebis, et leur faisaient connaître leurs projets. Après les avoir invités, ils leur présentaient la victime encore vivante. À partir de Wenn koung, les princes de Lou avaient cessé de faire la cérémonie de la nouvelle lune ; cependant les officiers continuaient à fournir la brebis. Tzeu koung voulait abolir cette coutume, qui n’atteignait plus son but, et supprimer une dépense qu’il croyait inutile. Mais, bien que la cérémonie de la nouvelle lune eût été abandonnée, l’offrande de la brebis en rappelait le souvenir et pouvait en ramener l’usage. Si l’on avait supprimé l’obligation de fournir la brebis, la cérémonie elle-même aurait été entièrement oubliée.
【译文】
孔子说:“我完完全全按照周礼的规定去事奉君主,别人却以为这是诌媚呢。”
III.18. Le Maître dit : « Envers mon prince j’observe exactement tous les rites. Les hommes m’accusent de flatterie, parce qu’eux-mêmes servent le prince négligemment. »
【译文】
鲁定公问孔子:“君主怎样使唤臣下,臣子怎样事奉君主呢?”孔子回答说:“君主应该按照礼的要求去使唤臣子,臣子应该以忠来事奉君主。”
III.19. Ting¹, prince de Lou, demanda comment un prince devait conduire ses sujets, et comment les sujets devaient obéir à leur prince. Confucius répondit : « Le prince doit commander à ses sujets selon les prescriptions, et les sujets doivent lui obéir avec fidélité. »
【译文】
鲁哀公问宰我,土地神的神主应该用什么树木,宰我回答:“夏朝用松树,商朝用柏树,周朝用栗子树。用栗子树的意思是说:使老百姓战栗。”孔子听到后说:“已经做过的事不用提了,已经完成的事不用再去劝阻了,已经过去的事也不必再追究了。”
III.21. Ngai, prince de Lou, ayant interrogé Tsai Ngo au sujet des autels élevés en l’honneur de la Terre, Tsai Ngo répondit : « Les Hia y plantaient des pins, et les [Chang]-In, des cyprès. Les Tcheou y plantent des châtaigniers¹, afin d’inspirer au peuple la crainte et la terreur. »
Le Maître entendant ces paroles dit : « Rien ne sert de parler des choses qui sont déjà accomplies, ni de faire des remontrances sur celles qui sont déjà très avancées, ni de blâmer ce qui est passé. » Tsai Ngo, nommé lu, était disciple de Confucius. Les anciens plantaient auprès des autels érigés à la Terre les arbres qui convenaient le mieux au terrain. Tsai Ngo avait mal interprété leur intention et prêté aux princes actuellement régnants le désir de châtier et de mettre à mort leurs sujets. Confucius l’en reprit sévèrement, et lui marqua plusieurs choses dont il ne convenait pas de parler.
1. « Châtaignier », en chinois, signifie craindre.
【译文】
孔子说:“管仲这个人的器量真是狭小呀!”有人说:“管仲节俭吗?”孔子说:“他有三处豪华的藏金府库,他家里的管事也是一人一职而不兼任,怎么谈得上节俭呢?”那人又问:“那么管仲知礼吗?”孔子回答:“国君大门口设立照壁,管仲在大门口也设立照壁。国君同别国国君举行会见时在堂上有放空酒杯的设备,管仲也有这样的设备。如果说管仲知礼,那么还有谁不知礼呢?”
III.22. Le Maître dit : « Que Kouan Tchoung a l’esprit étroit ! » Quelqu’un demanda si Kouan Tchoung était trop parcimonieux. Confucius répondit : « Le chef de la famille Kouan a élevé à grands frais la tour de San kouei¹ ; dans sa maison aucun officier n’est chargé de deux emplois. Comment pourrait-on le croire trop économe ? – Mais, reprit l’interlocuteur, s’il fait tant de dépenses, n’est-ce pas parce qu’il connaît les convenances ? » Confucius répliqua : « Les princes ont une cloison devant la porte de leurs palais² ; le chef de la famille Kouan a aussi une cloison devant sa porte. Quand les princes ont une entrevue amicale, ils ont une crédence sur laquelle on renverse les coupes ; Kouan Tchoung a une crédence semblable. Si le chef de la famille Kouan connaît les convenances, quel est celui qui ne les connaît pas ? » Kouan Tchoung, nommé I ou, grand préfet de Ts’i, aida Houan, prince de Ts’i, à établir son autorité sur tous les grands feudataires. Il avait l’esprit étroit, il ne connaissait pas la voie de la grande étude des hommes saints et des sages.
1. Ce passage est interprété aussi par : « le chef de la famille Kouan épousa trois femmes d’un coup », ou encore « le chef de la famille Kouan avait trois palais » (MBC).
【译文】
孔子对鲁国乐官谈论演奏音乐的道理说:“奏乐的道理是可以知道的:开始演奏,各种乐器合奏,声音繁美;继续展开下去,悠扬悦耳,音节分明,连续不断,最后完成。”
III.23. Le Maître, instruisant le grand maître de musique de Lou, dit : « Les règles de la musique sont faciles à connaître. Les divers instruments commencent par jouer tous ensemble ; ils jouent ensuite d’accord, distinctement et sans interruption, jusqu’à la fin du morceau. »
【译文】
仪这个地方的长官请求见孔子,他说:“凡是君子到这里来,我从没有见不到的。”孔子的随从学生引他去见了孔子。他出来后(对孔子的学生们)说:“你们几位何必为没有官位而发愁呢?天下无道已经很久了,上天将以孔夫子为圣人来号令天下。”
III.24. Dans la ville de I¹, un officier préposé à la garde des frontières demanda à lui être présenté, en disant : « Chaque fois qu’un homme honorable est venu dans cette ville, il m’a toujours été donné de le voir. » Les disciples, qui avaient suivi Confucius dans son exil, introduisirent cet officier auprès de leur maître. Cet homme dit en se retirant : « Disciples, pourquoi vous affligez-vous de ce que votre maître a perdu sa charge ? Il y a fort longtemps que la Voie n’est plus suivie, ici-bas. Mais le Ciel va donner au peuple en ce grand homme un héraut de la vérité². » Il y avait deux sortes de clochettes. L’une, à battant de métal, servait pour les affaires militaires. L’autre, à battant de bois, servait à l’officier chargé d’enseigner ou d’avertir le peuple.
1. Où Confucius s’était retiré après avoir été dépouillé de sa charge par le prince de Lou.
2. « Héraut » : littéralement, « clochette à battant de bois ».
【译文】
孔子讲到“韶”这一乐舞时说:“艺术形式美极了,内容也很好。”谈到“武”这一乐舞时说:“艺术形式很美,但内容却差一些。”
III.25. Le Maître disait que les Chants du Successeur étaient tout à fait beaux et doux ; que les Chants du Guerrier étaient tout à fait beaux, mais non tout à fait doux. Les chants de Chouenn¹ sont appelés les Chants du Successeur, parce qu’il succéda à l’empereur Iao², et comme lui, gouverna parfaitement. Les chants du roi Ou³ sont nommés les Chants du Guerrier, parce qu’ils célèbrent les exploits du roi Ou, qui délivra le peuple de la tyrannie de Tcheou¹¹. Les Chants du Successeur sont au nombre de neuf, parce qu’il y eut neuf péripéties ; les Chants du Guerrier sont au nombre de six, parce qu’il y eut six péripéties.
1. Deuxième souverain mythique (2255 av. J.-C.) (MBC).
2. Premier souverain mythique (2356 av. J.-C.) (MBC).
3. « Ou » signifie, en chinois, « guerrier » (MBC).
11. Tcheou, dernier souverain de la dynastie des Chang-ln (1766-1122 av. J.-C.), fut renversé par le roi Ou qui instaura la nouvelle dynastie des Tcheou (1121-256 av. J.-C.) (MBC).
【译文】
孔子说:“居于执政地位的人,不能宽厚待人,行礼的时候不严肃,参加丧礼时也不悲哀,这种情况我怎么能看得下去呢?”
III.26. Le Maître dit : « Comment souffrirais-je le spectacle d’un homme qui exerce une haute autorité avec un cœur étroit, qui s’acquitte d’une cérémonie sans respect, ou qui, à la mort de son père ou de sa mère, est sans douleur ? »