Communiqué de presse
Paris en couleurs
des frères Lumière à Martin Parr
A l’occasion du centenaire de la commercialisation de l’autochrome,
premier procédé industriel de photographie couleur inventé par les frères Lumière,
l’exposition Paris en couleurs dévoile au public 300 photographies inédites de la capitale.
Prises entre 1907 et aujourd’hui, ces images couleurs sont pour la plupart l’oeuvre
de grands photographes. Témoins artistiques des transformations de la ville (enseignes,
murs, affiches, décoration, mobilier urbain, transport, immeubles), elles retracent
dans le même temps l’aventure de la photographie en couleurs.
Le Paris ainsi dessiné, à rebours de celui mis à l’honneur par les clichés en noir et blanc,
est un Paris du vingtième siècle, vivant et coloré.
La première partie de l’exposition (1907-1930), consacrée aux plaques autochromes
de Paris, révèle notamment une cinquantaine d’images extraites des Archives de la planète,
vaste ensemble commandité par le banquier et mécène Albert Kahn, ainsi que des films
courts couleurs de 1929.
Dans la seconde partie (1930-1960), dédiée aux débuts de la photographie en couleurs
sur support film, sont exposés à la fois des tirages originaux de Gisèle Freund,
des témoignages de l’Exposition internationale des arts et des techniques de 1937,
ou encore des images surprenantes de la vie quotidienne des Parisiens pendant
l’occupation et la libération de Paris.
Enfin, la troisième partie (de la fin des années 60 à nos jours), donne libre cours
aux regards porté sur Paris par des auteurs et artistes utilisant la couleur. Le mai 1968
de Bruno Barbey mais aussi les travaux de Pierre et Gilles, Jean-Paul Goude,
Sarah Moon, Martin Parr ou Philippe Ramette. Une section consacrée à Paris défilé
de mode,met en avant le rôle joué par le magazine Vogue et ses photographes célèbres,
tels Henry Clarke, William Klein, Helmut Newton.
Le catalogue de l’exposition Paris en couleurs est publié par les éditions du Seuil
(présentation détaillée page 21).
Le mot de
Bertrand Delanoë
Paris, par sa beauté et son mouvement, attire les regards.Regards passionnés et aiguisés
des photographes et cinéastes, qui trouvent en notre capitale une source inépuisable
à leur création. De Paris les témoignages photographiques sont nombreux. Doisneau,
Ronis, Brassaï et tant d’autres l’ont ainsi scrutée et découverte, en de merveilleux
tirages noirs et blancs, racés et contrastés, dont émane le parfum d’un Paris révolu
aux accents volontiers nostalgiques.
Dès lors, le contraste avec les clichés d’un Paris en couleurs est plus que saisissant.
De ce procédé que l’on croyait réservé à la seconde moitié du vingtième siècle, on découvre
non sans surprise qu’il fut commercialisé sous le nom d’autochrome par les frères Lumière
il y a déjà un siècle. Les images qui nous reviennent aujourd’hui dévoilent un Paris
joyeux et vivant.
Cette exposition,Paris en couleurs, rend hommage à tous les artistes, français et étrangers,
contemporains ou plus anciens, qui ont voulu et su prendre le pouls de notre capitale.
Chaque photographie est une révélation. Des tirages de Gisèle Freund aux images
inédites de la vie quotidienne des Parisiens sous l’Occupation, des grands noms
de la photographie de l’après-guerre à Jean-Paul Goude, c’est non seulement Paris
et ses habitants qui se racontent ici, mais aussi tout un siècle de photographie.
Bertrand Delanoë
Maire de Paris
Avant-propos
par Virginie Chardin
Commissaire de l’exposition
A l’occasion du centenaire de la commercialisation de l’autochrome, premier procédé
industriel de photographie couleur inventé par les frères Lumière, l’exposition
Paris en couleurs se propose de dévoiler 300 photographies rares en couleurs de Paris
de 1907 à nos jours. Ces images inédites ou peu connues sont pour la plupart l’oeuvre
de grands photographes. Elles retracent l’aventure de la photographie en couleurs
ainsi que les transformations de la ville : enseignes, murs, affiches, décoration,
mobilier urbain, transport, immeubles. Les visiteurs pourront ainsi découvrir un Paris
du vingtième siècle vivant et coloré, à rebours de l’imaginaire nostalgique en noir et blanc
le plus souvent mis à l’honneur.
Au-delà de l’intérêt esthétique des images, les couleurs font soudain ressortir des détails
incongrus, émouvants, étrangement réels. A première vue, tout nous est familier : les rues,
les façades, les perspectives, les plaques de rues, les colonnes Morris, le « gaz à tous
les étages», les carrefours, les tables de bistrots même. Et pourtant tout a changé,
la vie surtout : la rue, les commerces, les automobiles, les enseignes lumineuses,
les publicités, le mobilier urbain, les vêtements, l’exubérance des manifestations
publiques, des fêtes et des foules, les enfants dans la rue. L’habitat, dont les innombrables
«hôtels, meublés, garnis, pensions» évoquent la précarité, les cours intérieures
avec leurs fontaines d’eau froide hiver comme été nous rappellent à quel point l’inconfort
et la pauvreté ont reculé au cours du siècle.
Au cours des recherches menées pour cette exposition, nous avons constaté que
d’immenses gisements photographiques restaient inexplorés ou en voie de dégradation :
archives non classées de photographes décédés ou encore vivants, vaste corpus constitué
par la photographie d’amateurs, essais en couleurs d’anonymes, négatifs oubliés dans
des archives.Notre espoir est que ce centenaire rappelle la fragilité des images en couleurs
vouées à bref délai à la destruction physique et chimique, et ne constitue que le début
de la redécouverte d’un pan injustement délaissé de l’histoire de la photographie.
Virginie Chardin
L’autochrome,
une invention des frères Lumière
Le 10 juin 1907, les frères Lumière, fabricants de produits et de matériels photographiques
et inventeurs déjà célèbres du cinématographe, présentent dans les locaux du journal
L’Illustration et devant un parterre de 600 invités, un procédé de photographie des couleurs
mis au point par leurs soins. «Toute la nature vivante, sous ses aspects les plus variés,
reproduite et fixée avec la magie et l’harmonie de ses couleurs sur une petite plaque
de verre» relate le journal quelque temps plus tard. Ce document original est présenté
dans l’exposition.
La plaque autochrome Lumière est une plaque de verre recouverte de huit à neuf mille
grains de fécule de pomme de terre par millimètre carré. Ces grains colorés en violet,
vert et orangé sont fixés sur la plaque à l’aide d’un enduit, une application de carbone
permettant de combler les interstices entre les grains. Lors de la prise de vue, les rayons
lumineux traversent les grains de fécule faisant office de filtre, avant d’atteindre
la couche sensible. Deux développements successifs transforment la plaque en positif
restituant les couleurs réelles de la nature. On applique alors un vernis destiné
à augmenter l’éclat et la transparence des couleurs et à protéger la surface de la couche
contre les détériorations. Le résultat obtenu se présente comme une plaque positive,
visionnable par transparence, à l’instar de ce que sera plus tard la diapositive.
Les Archives de la planète
du banquier Albert Kahn
En 1909, le banquier pacifiste Albert Kahn (1860-1940) achève un premier voyage
autour du monde en Chine après être passé par le Japon, les Etats-Unis, l’Allemagne
et l’Italie. Il a confié à Albert Dutertre le soin de tester les prises de vues photographiques.
Le projet des Archives de la planète est en train de naître. De 1909 et 1931, une quinzaine
de photographes et cinéastes professionnels vont parcourir près de cinquante pays
pour le compte et aux frais d’Albert Kahn.
72 000 autochromes et 180 000 mètres de film résulteront de cette vaste entreprise,
véritable inventaire photographique et témoignage essentiel des premières années
du vingtième siècle.
«La photographie stéréoscopique, les projections, le cinématographe surtout,
voilà ce que je voudrais faire fonctionner en grand afin de fixer une fois pour toutes
des aspects, des pratiques et des modes de l’activité humaine dont la disparition fatale
n’est plus qu’une question de temps», expliquait ce banquier visionnaire.
Les pionniers de l’autochrome
Jules Gervais-Courtellemont (1863–1931) a grandi en Algérie, et a consacré la majeure
partie de sa carrière professionnelle à la recherche de l’exotique. Il a parcouru la Turquie,
la Palestine, l’Egypte, la Tunisie, l’Espagne, l’Inde, le Maroc et la Chine et donné
de nombreuses conférences illustrées d’autochromes.Autochromiste de la première heure,
il ouvre en 1911 au 167 rue Montmartre sous le nom de Photo-Couleurs, un véritable
«palais de l’autochromie» qui comprend un salon d’exposition, un laboratoire, un atelier
de pose et une salle de projection de 250 places.
En 1932, un an après sa mort, la Cinémathèque de la Ville de Paris acquiert une collection
de 5000 de ces plaques autochromes. En 1992 lors de travaux de rangement, plus de 3000
de ces plaques sont retrouvées puis restaurées. Sept de ses images d’un Paris d’avant
la guerre de 1914 sont présentées dans l’exposition.
Léon Gimpel (1873-1948), collaborateur du journal L’Illustration.
Aujourd’hui méconnu, Léon Gimpel fut pourtant le premier photographe à avoir pris
des autochromes de Paris. Il réalise toute une série de reportages pour la presse
et s’attache à augmenter les potentialités du genre en réduisant les temps de pose.
Léon Gimpel est un des rares photographes à avoir pu saisir des sujets en mouvement
ou des événements d’actualité et ceci dès 1913. Il est également un des premiers
à témoigner d’un Paris vu de nuit, des enseignes lumineuses aux illuminations
de l’Exposition coloniale de 1931. L’exposition montre une dizaine d’images de Léon Gimpel,
provenant des collections de la Société française de photographie.
L’importance de L’Illustration
L’Illustration, «journal universel » paraissant le samedi, premier hebdomadaire illustré
en langue française, est le grand témoin des événements d’actualité et de l’évolution
de la vie quotidienne depuis 1843. A la pointe de l’innovation technique, il est l’un des
pionniers en matière d’illustration photographique en couleurs.
De 1907 à 1931, il publie régulièrement des autochromes imprimés par similigravure
en trois couleurs. Cette technique complexe et coûteuse consiste à tirer du positif autochrome
trois planches typographiques, permettant d’imprimer successivement le rouge,
le jaune et le bleu, et dont la superposition reproduit fidèlement toutes les nuances
de couleurs des sujets photographiés.
Cinq exemplaires originaux de L’Illustration sont présentés. On peut notamment y voir
de magnifiques images du Salon de la locomotion aérienne au Grand-Palais en 1912
et du musée du Louvre de 1919.
Les pionniers de l’autochrome
Salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville
5 rue Lobau Paris 4ème
1907-1930
Des années 1930 aux années 1960
Des années 1960 à nos jours
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