Je vais bien, ne t'en fais pas est l'adaptation du roman homonyme d'Olivier Adam, disponible aux éditions Le Dilettante. Un Olivier Adam qui a participé activement à ce passage sur grand écran, puisqu'il est scénariste du long-métrage aux côtés du réalisateur Philippe Lioret.
Simplement humain...
Le réalisateur Philippe Lioret explique ce qu'il a voulu transmettre avec Je vais bien, ne t'en fais pas : "Le livre d'Olivier Adam est beaucoup plus noir que le film, mais j'y ai trouvé matière à quelque chose d'humain, simplement, profondément, et aussi la possibilité de mettre en scène des personnages qui pourraient être nos parents, nos frères et nos soeurs. À travers l'histoire qu'il raconte, Je vais bien, ne t'en fais pas révèle les sentiments extraordinaires de gens simples. Il parle aussi de la difficulté qu'on a tous à se dire qu'on s'aime, par pudeur, timidité ou parfois manque de générosité. Je me rends compte aujourd'hui que tous mes films, chacun à leur façon, ne parlent que de ça. Par ailleurs, derrière le portrait de cette famille, l'histoire d'Olivier vous tient en haleine à la manière d'un thriller et vous révèle finalement une dimension inattendue."
Le casse-tête de Lioret
Philippe Lioret revient sur l'après-découverte du livre d'Olivier Adam : "Le sujet m'emballait, mais, traité de façon très littéraire, je ne voyais pas le film qu'on pouvait en tirer. Pourtant, les semaines qui ont suivi, je n'ai cessé d'y penser et ai passé le plus clair de mon temps à imaginer l'histoire à ma façon. En voiture, dans mon lit, sous la douche, j'ai démonté entièrement le livre et essayé d'en reconstruire le film. Un soir, à table, j'ai raconté à Marie, ma femme, l'histoire telle que je la voyais, et c'est sa réaction qui a été le véritable déclencheur du projet. Elle était si emballée que ça a balayé mes dernières hésitations."
Le coup de foudre de Mélanie
Mélanie Laurent, l'actrice principale de Je vais bien, ne t'en fais pas, revient sur sa découverte pleine démotion du scénario : "Au moment où j'ai rencontré Philippe Lioret, j'étais sur le point de faire un autre film, et à l'instant où il me parlait du rôle de cette jeune fille qui va, entre autres, traverser une période d'anorexie, j'étais en train d'avaler un énorme macaron au chocolat... J'ai hésité à lire le scénario car je craignais de me retrouver coincée s'il me plaisait. Je l'ai quand même lu... et j'ai pleuré. Jamais un scénario ne m'avait bouleversée à ce point. Je ne pouvais pas passer à côté d'un tel film. Le lendemain, j'ai parlé de tout ce que j'avais ressenti à Philippe . Il était très ému et m'a juste dit "Lili, c'est toi !" sans même me faire passer d'essai ! C'était une belle marque de confiance."
L'illumination Mélanie Laurent
Philippe Lioret, au sujet de Mélanie Laurent, son actrice vedette : "Lili tient le film de bout en bout. je m'apprêtais donc à un casting long et douloureux comme quand j'ai rencontré Mélanie Laurent. (...) Je n'ai pas eu le temps de rencontrer d'autres comédiennes car elle s'est imposée tout de suite. Dès la première rencontre, j'ai été séduit par son intelligence, sa vivacité et la petite flamme qui brille en elle, et je lui ai donné le scénario. (...) Elle m'a parlé de Lili avec une telle précision qu'il était évident que le personnage trouvait déjà un véritable écho en elle. La messe était dite, il m'était impossible d'imaginer quelqu'un d'autre. Elle me faisait confiance, alors j'ai décidé de faire de même et de ne pas lui faire passer d'essais. Sur le tournage, pour elle, ça n'a pas été rose tous les jours. Le rôle était difficile, même physiquement, et j'étais particulièrement exigeant, voir plus... Au bout du compte, ce qu'elle a donné au film est impressionnant. C'est une actrice immense, doublée d'une très belle personne."
Défendre l'esprit adolescent
Avec Je vais bien, ne t'en fais pas, la comédienne Mélanie Laurent s'est vue offrir l'opportunité de rendre hommage une dernière fois à une période charnière de l'existence. "Je n'ai que vingt-trois ans, mais j'ai eu l'impression que c'était la dernière fois qu'il m'était possible de jouer un rôle de jeune fille et de défendre l'esprit de l'adolescence", explique-t-elle. Et de poursuivre sur son personnage : "Comme j'ai eu une enfance heureuse, et que je m'entends bien avec mes parents, je n'ai pas eu de mal à imaginer Lili assez vive, légère. Pourtant, dès le début du film, elle est obsédée par l'absence de son frère. On imagine sans peine ses liens très forts avec son jumeau. Elle vit un drame, brutalement privée de l'un de ses repères fondamentaux. Elle en est déstabilisée au point de se perdre. Elle veut aussi comprendre ce qui s'est réellement passé entre son père et Loïc."
Bande originale
Le groupe qui a composé la chanson phare de Je vais bien, ne t'en fais pas, intitulée U-Turn (Lili dans le film), s'appelle Aaron. Leur premier album doit sortir en septembre 2006. Le chanteur d'Aaron, Simon Buret, fait une apparition dans le long-métrage avec le rôle du musicien qui remet la cassette à Mélanie Laurent.
Incontestablement le meilleur film de cette rentrée, très sensible et émouvant sans sombrer dans le gros "mélo". Mélanie Laurent et son superbe regard portent avec délicatesse et pudeur le film de bout en bout. Quant à l'interprétation de Kad Merad c'est du grand art et sans aucun doute son meilleur role. Bravo Philippe Lioret pour cet excellent film et le choix des acteurs ou l'exceptionnelle chance pour ces acteurs d'avoir travaillé avec Philippe Lioret........