Son père, Giovanni Giacometti,lui-même peintre, le pousse à s'intéresser à la sculpture. Au terme deses écoles obligatoires, Alberto part étudier à l'École des beaux-artsde Genève avant d’arriver à Paris le 9 janvier 1922. (Il prétendra toute sa vie être arrivé à Paris le 1er janvier). Il fréquente l'atelier d’Antoine Bourdelle à l’académie de la Grande Chaumière de Montparnasse. Il découvre le cubisme, l’art africain et la statuaire grecque.
La difficulté fondamentale de Giacometti est son incapacité à« copier » et à travailler d'après nature. Il est contraint de réaliserses sujets de mémoire pour finalement renoncer à la figuration réaliste.
Avec son frère, Diego Giacometti, il emménage en avril 1927 rue Hippolyte-Maindron (14earrondissement) dans « la caverne-atelier » qu'ils ne quitteront plus.La même année, Alberto expose ses premières œuvres au Salon desTuileries.
Giacometti et les surréalistes [modifier] Tête monumentale
Après avoir créé des sculptures « plates » (Femme cuillère, 1926) et « ouvertes » (Homme et Femme, 1928), Giacometti se rapproche des surréalistes et expose aux côtés de Joan Miró et Jean Arp à la galerie Pierre (1930). Il rencontre Louis Aragon, André Breton, Salvador Dalí, André Masson...
Avec L’Heure des traces ou la Boule suspendue, Giacometti crée le premier « objet à fonctionnement symbolique » (1931) et une sculpture surréaliste au sens premier du mot : L’Objet invisible(1935). « Depuis des années, je n'ai réalisé que des sculptures qui sesont offertes tout achevées à mon esprit ; je me suis borné à lesreproduire dans l'espace sans y rien changer, sans me demander cequ'elles pouvaient signifier. [...] Rien ne m’est jamais apparu sous laforme de tableau, je vois rarement sous la forme de dessin. Lestentatives auxquelles je me suis livré quelquefois, de réalisationconsciente d'une table ou même d'une sculpture ont toujours échoué.[...] L’objet une fois construit, j’ai tendance à y retrouvertransformés et déplacés des images, des impressions, des faits quim’ont profondément ému, des formes que je sens m’être très proches,bien que je sois souvent incapable de les identifier, ce qui me lesrend toujours plus troublantes... » (Minotaure, 1933).
Rompant avec les surréalistes (1935), Giacometti garde toutefois des relations amicales avec Michel Leiris et Georges Limbour, et ses sculptures ne cesseront d'être présentées dans les diverses expositions surréalistes.
L'inquiétude, le vide, l'incertitude, la violence, l'horreur sont les caractéristiques de ses sculptures : Femme couchée, Femme égorgée, Cage, Fleur en danger, Objet désagréable à jeter, Table surréaliste, le Palais à quatre heures du matin...
Lors de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il quitteParis pour Genève. Ne disposant d'aucun atelier, Giacometti réalise dessculptures « semis » pouvant se ranger dans une grosse boîted'allumettes. À la Libération, il revient à Paris avec Annette Arm (ilss'épouseront en 1949), retrouve son atelier, et ses sculptures« semis », sorties de leur boîte, croissent « naturellement ». À larecherche de la « vraie réalité », il dépouille ses personnages, lesréduits à l'essentiel, les rend filiformes. Passant des heures dans sonatelier à retoucher sans cesse le morceau d'argile auquel il ajoute dela matière pour mieux la creuser et en retirer le superflu (« Je nedessine pas l'œil, je sculpte le regard »), au point que parfois, sesamis lui soustraient une œuvre qu'ils considèrent comme achevée quandGiacometti pense qu'il doit la recommencer.
Ce n'est qu'en 1947 qu'il montre ses dessins et ses sculptures ; effigies nues, allongées, étirées, creuses : Femmes de Venise, Homme qui marche...
À la fin de sa vie, Giacometti juge sévèrement sa périodesurréaliste. Il la considère comme « catastrophique, une impassetotale » et dénie à ses objets la moindre valeur. Alberto Giacomettimeurt des suites d’un cancer à l’hôpital cantonal de Coire, en Suisse,le 11 janvier 1966. Son corps sera transféré à Borgonovo, dans lecaveau de famille. Après une rétrospective en France au musée d’Artmoderne de Paris en 1991, une exposition est actuellement visible au Centre Pompidou à Paris.
« Jusqu'en 1925, malgré mon intérêt pour l’art moderne, ce quim’intéressait c’était la vision du monde extérieur. En 1925, je me suisrendu compte qu’il m’était impossible de reproduire une tête influencépar l’art moderne, j’ai subi une évolution. J’ai été successivementexotique, surréaliste, abstrait. En 1935, ayant tout oublié, j’aiéprouvé le besoin de faire des études d’après nature. »
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