Né dans une famille d’artistes, Marcel Duchamp est le frère du sculpteur Raymond Duchamp-Villon (1876-1918), du peintre Jacques Villon (Gaston Duchamp) (1875-1963), et de la peintre Suzanne Duchamp (1889-1963) mariée au peintre Jean Crotti. Alors qu’il est encore jeune, son grand-père maternel Émile Frédéric Nicolle, homme d’affaires arrivé et artiste, enseigna l’art à ses petits-enfants.
Marcel Duchamp est un artiste qui révolutionna l’art du XXe siècle. Son œuvre est hétérogène et complexe. Il serait réducteur de le ranger dans un mouvement artistique du XXe siècle, même si son œuvre évoque et traverse les courants futuriste, cubiste, dada, surréaliste. Son rapport au monde l’exclut de tout mouvement.
C’est auprès de ses frères, de sa sœur et de leurs amis qu’il entreprend son apprentissage de la peinture. À ses débuts, il fréquenta principalement des artistes d’inspiration cubiste comme Fernand Léger ou Robert Delaunay, ou encore Albert Gleizes et Jean Metzinger, auteurs de l’ouvrage Du Cubisme (1912).
Il est présent au côté du groupe de la Section d'or en 1912 à Paris pour une exposition de cette dernière à la galerie La Boétie.
En 1913, aux États-Unis, les nouvelles recherches européennes sont présentées lors de l’exposition Armory show à New York. Le Nu descendant un escalier y est présenté, il provoque l’hilarité et fait scandale. Dans cette œuvre, on dénote des tendances cubistes au futurisme de la « photo-dynamique ». Fontaine (1917)
Il s’écarte de la peinture, vers 1913-1915, avec les premiers ready-made, objets « already made » (tout faits) qu’il choisit pour leur neutralité esthétique (Roue de bicyclette, 1913, Le porte bouteille, 1914). Fontaine, 1917/1964, est le plus célèbre de ses ready-made. Il y appose une signature, « Richard Mutt » et le titre Fontaine. Par la suite il commenta ce qui résume en partie sa démarche : « Que Richard Mutt ait fabriqué cette fontaine avec ses propres mains, cela n’a aucune importance, il l’a choisie. Il a pris un article ordinaire de la vie, il l’a placé de manière à ce que sa signification d’usage disparaisse sous le nouveau titre et le nouveau point de vue, il a créé une nouvelle pensée pour cet objet »
Réformé en 1914, il part à New York et entretient des liens avec Man Ray, Stieglitz et Picabia en 1915, avec qui il fonde la revue pré-dada 291. Il eut un impact non négligeable sur le mouvement dadaïste ; courant auquel on peut rattacher Mariée mise à nu par ses célibataires-mêmes (1912-1923).
Duchamp était préoccupé par le temps, la vitesse et la décomposition des mouvements. Ce qui l'a justement amené, en 1925, à faire du Cinéma expérimental plus précisément l'Optical cinema avec son unique film, Anemic cinema, 35 mm noir et blanc de 7 min. Son film présente des plaques rotatives qui seront plus tard, 1935, les Rotoreliefs. Ces plaques tournantes comportent des jeux optiques, des jeux de mots, et de la géométrie.
À travers ses œuvres, Duchamp mène une réflexion sur la notion d’Art, sur l'esthétique, préparant ainsi ce que est l'art conceptuel ; le pop-art et le happening ont aussi fait de fréquents emprunts aux pratiques et démarches artistiques de Duchamp. Les écrits de Marcel Duchamp ont été publiés sous les titres Duchamp du signe, 1958, et Marchand du sel, 1958. Il fut également le créateur d'un personnage fictif, Rrose Sélavy, sculpteur et auteur d’aphorismes maniant la fausse contrepèterie et l’allitération.
Son œuvre la plus riche et étrange, à l’élaboration complexe, est la Mariée mise à nu par ses célibataires, même ou Grand Verre, réalisée sur panneau de verre (1915-1923, musée de Philadelphie). Le Grand Verre est l’aboutissement de plusieurs études préliminaires telles que Neuf moules mâlic (1914-1915. 66 x 101,2 cm. Succession Alexina Duchamp) qui correspond à l’obsession d’une « vraie forme » invisible obtenue par contact, afin de synthétiser toutes ses théories magiques et sa théorie de l’art comme « fait mental ». Réalisée à l’huile, feuille de plomb, et fil de plomb montée entre deux plaques de verre, cette étude fut fêlée lors de son transport en 1916, mais Marcel Duchamp refusa de la faire restaurer. Dans les dernières années de sa vie, Duchamp exécuta une œuvre pour le musée des Beaux-Arts de Philadelphie, Étant donné 1) La chute d’eau 2) le gaz d’éclairage (1944-1968), environnement sculptural érotique, interdit, par sa volonté, à la vue du public.
Marcel Duchamp fut aussi Satrape du Collège de Pataphysique en 1953, devint membre de l'Oulipo en 1962.
Il fut un excellent joueur d'échecs. Champion de Haute-Normandie en 1924, il participa plusieurs fois au championnat de France et fit partie de l'équipe de France à l'Olympiade d'échecs de la Haye (1928), Hambourg (1930), Prague (1932) et Folkestone (1933).
En deuxième noce, il épouse Teeny, la première épouse de Pierre Matisse, célèbre marchand d'art du Fuller Building de New York et fils du peintre Henri Matisse.
Cette épitaphe est gravée sur sa tombe au cimetière de Rouen : « D’ailleurs, c'est toujours les autres qui meurent. »
L'art conceptuel n'est pas une période précise de l'art contemporain, ni un mouvement artistique structuré ou un groupe d'artistes précis.
On peut dater l'origine de cette tendance avec des œuvres comme Porte-bouteilles (1914) ou encore Fontaine (1917) de Marcel Duchamp, à des peintures telles que la série Carré blanc sur fond blanc (1918) de Kasimir Malevitch. De telles œuvres constituent selon certains la forme la plus pure de l'art tel que le définissait Emmanuel Kant, ou tel qu'en parlait Léonard de Vinci en affirmant que l'art était « cosa mentale », une chose de l'esprit.
L'art conceptuel ne se soucie en apparence plus du savoir-faire de l'artiste ni même de l'idée qu'une œuvre doit être « finie » car l'idée prime sur la réalisation : certains artistes ne proposent par exemple que des esquisses de ce que pourrait être l'œuvre ou encore des modes d'emploi permettant à tout un chacun de réaliser l'œuvre, c'est l'idée qui a de la "valeur", pas sa réalisation.
De fait, une très grande partie de l'art actuel peut être qualifiée de « conceptuelle ».