Val-de-Marne : la nourrice "passe ses nerfs" sur un bébé de 7 mois, il finit aveugle17 mai PROCÈS — Une femme âgée de 45 ans comparaît à partir de lundi et jusqu'à mardi devant la cour d’assises de Créteil (Val-de-Marne) pour avoir, en 2008, commis des violences volontaires sur un nourrisson de 7 mois dont elle avait la garde. Le petit garçon, aujourd'hui âgé de 7 ans, souffre depuis d'une infirmité permanente. La nourrice s'est occupée du petit Xiao Yao pendant plusieurs mois. Elle a reconnu le faire "pour l'argent", déclarant par ailleurs qu'elle n'aimait pas garder les enfants. Photo : AFP/illustration Jamais Xiao Yao n'aura une vie normale. Aveugle, hémiplégique, et victime d'un retard moteur cérébral sévère, le petit garçon aujourd'hui âgé de 7 ans n'est pas propre, fait des crises de larmes, et ne peut rien faire seul. Ses séquelles seraient survenues après quatre jours de garde, début septembre 2008, chez sa nourrice à Villejuif. Originaire de Shanghai (Chine), cette femme aujourd'hui âgée de 45 ans est jugée à partir de lundi devant les assises du Val-de-Marne pour violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente sur mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité sur la victime. Chutes et secousses Les explications de l'accusée sont particulièrement attendues au cours de ce procès, qui doit durer trois jours. Car, avant de passer aux aveux, la nourrice, qui n'exerçait cette activité que depuis quelques mois et ce, sans agrément, a varié dans ses explications. Le 4 septembre 2008, pour justifier les yeux gonflés et la paralysie du bébé de 7 mois devant ses parents venus le chercher, la nourrice avait d'abord évoqué une « chute du canapé sur le parquet du salon ». Admis à l'hôpital, le petit Xiao Yao révèle pourtant des symptômes (arrachements vasculaires et lésions irréversibles notamment) qui ne peuvent être la conséquence d'un seul et unique choc, de surcroît, à cette hauteur. Entendue par les enquêteurs, la nourrice campera dans un premier temps sur sa version, avant d'admettre une seconde chute de l'enfant, ainsi que des secousses qu'elle lui aurait infligées après avoir été « énervée par ses pleurs ». Elle ira plus loin en disant qu''il était possible" qu'elle ait pu « passer ses nerfs » sur le nourrisson. "Elle l'a massacré" Pour Me Marie-Louise Megrelis, qui défend les parents de la victime, la culpabilité de la nourrice ne fait guère de doute et les éléments à son encontre sont "accablants". "Le petit Xiao Yao est handicapé à plus de 80 % aujourd'hui. Elle l'a massacré en lui infligeant des tortures sur plusieurs jours. Les médecins ont établi qu'il avait été maltraité du 1er au 4 septembre, alors qu'il passait ses journées chez elle." Elément supplémentaire, l'époux, les deux fils de l'accusée, ainsi qu'une autre membre de la famille ayant eu recours à ses services l'ont décrite au cours de leurs auditions "comme une personne qui pouvait facilement s'énerver et être sévère avec les enfants". Ses fils ont d'ailleurs signalé aux enquêteurs qu'ils avaient déjà entendu leur mère crier sur le petit Xiao Yao âgé d'à peine 6 mois lorsqu'il ne parvenait pas à faire ses besoins au dessus d'un seau. "Elle a même dit qu'elle n'aimait pas garder les enfants et qu'elle faisait ça pour l'argent", renchérit Me Marie-Louise Megrelis. Les avocats de la défense, Me Emmanuelle Gros et Me Henri-Louis Dahan, insistent eux sur le fait que les violences ne sont en aucun cas "volontaires". "Ce dossier relève plus de la négligence, de l'ignorance et de l'incompétence que de la volonté réelle de nuire, insiste Me Gros. Cette femme n'est pas un bourreau d'enfant. Il n'y a pas une once de méchanceté chez elle." Selon ses conseils, l'accusée a "tout à fait conscience de son erreur" et elle "ne nie pas sa responsabilité". Elle ne se serait jamais remise de ce drame depuis les faits. Pour ces faits, la nourrice encourt jusqu'à 15 ans de réclusion.