1. Mettre fin à l'impuissance publique
2. Une démocratie irréprochable
3. Vaincre le chômage
4. Réhabiliter le travail
5. Augmenter le pouvoir d'achat
6. L'Europe doit protéger dans la mondialisation
7. Répondre à l'urgence du développement durable
8. Permettre à tous les Français d'être propriétaires de leur logement
9. Transmettre les repères de l'autorité, du respect et du mérite
10. Une école qui garantit la réussite de tous les élèves
11. Mettre l'enseignement supérieur et la recherche au niveau des meilleurs mondiaux
12. Sortir les quartiers difficiles de l'engrenage de la violence et de la relégation
13. Maîtriser l'immigration
14. De grandes politiques de solidarité, fraternelles et responsables
15. Fiers d'être français
3. Vaincre le chômage
J’ai voulu vous parler en premier de l’État et de nos
institutions parce que sans un État fort,dans lequel vous
avez pleinement confiance, nous ne pourrons rien
faire. Mais je sais que le chômage et, plus largement,
la précarité du travail, sont votre principale préoccupation.
Depuis vingt-cinq ans, on vous dit que le pleinemploi
est impossible et que le chômage est une
fatalité. Rien n’est plus faux.
Je veux d’abord vous convaincre que partager le
travail n’a jamais été une solution contre le
chômage. Les 35 heures ont-elles permis de créer des
emplois? Nullement. Avec elles, vous avez plus de
temps pour vous, mais vos salaires sont gelés. Vous
avez moins de pouvoir d’achat, vous consommez
moins. C’est toute l’économie qui s’est artificiellement
réduite.
Plutôt que de consacrer tant d’argent à payer les
Français pour qu’ils travaillent moins,nous devons tout
faire pour être plus nombreux à travailler, car
l’activité des uns crée le travail des autres. C’est pourquoi,
si je suis élu, l’étudiant qui travaille ne paiera
pas d’impôt,le retraité qui veut travailler et toucher
sa retraite pourra le faire, notre pays aidera les
entreprises à donner du travail aux seniors au lieu
de les encourager à s’en séparer. L’ANPE, l’Unedic,
les Maisons de l’emploi seront réunies en un seul
service public de l’emploi, qui interviendra immédiatement
et de manière personnalisée pour permettre à
tous ceux qui le souhaitent de trouver ou retrouver un
emploi beaucoup plus rapidement qu’aujourd’hui. Je
veux que les femmes,notamment les mères isolées,
soient spécialement aidées à retrouver des emplois
stables à temps complet.
Mais, contre le chômage, il faut aussi que nous
changions de politique économique. J’ose même
dire: il faut que nous ayons une politique économique
qui agit, et non qui subit. J’investirai massivement
dans la formation, dans la recherche et
l’innovation, dans le développement du commerce,
de l’artisanat et des PME. Tout doit être fait pour
permettre à nos PME de grandir et pour que notre pays
crée les centaines de milliers d’emplois qui peuvent
l’être dans les nouveaux segments de l’économie. Je
rapprocherai la fiscalité des entreprises de la moyenne
européenne car il est évident que personne ne viendra
créer des emplois chez nous si notre fiscalité continue
à être la plus dissuasive d’Europe. Je ferai tout
pour réduire la fiscalité qui pèse sur le travail.
Contre les délocalisations, je mettrai en oeuvre une
politique industrielle, en choisissant les secteurs stratégiques
sur lesquels concentrer nos efforts.Notre pays
doit garder des usines.L’exemple d’Alstom montre qu’il
est possible et utile de nous battre pour notre industrie.
Je soutiendrai aussi l’agriculture et l’industrie
agroalimentaire. Elles sont indispensables à
notre indépendance alimentaire et désormais énergétique,
et sont une force économique de premier plan.
Enfin, je ferai en sorte que l’euro devienne un outil
de croissance, d’emploi et de puissance économique.
Si nous avons fait l’euro, c’est pour nous
en servir.
Grâce à ces mesures, en cinq ans, nous pouvons
atteindre le plein-emploi, c’est-à-dire un chômage
inférieur à 5 % et un emploi stable à temps complet
pour tous. C’est de cette manière que nous pourrons
vraiment réduire la pauvreté,l’exclusion et la précarité.
4. Réhabiliter le travail
Le chômage de masse, la précarité du travail, les
35 heures n’ont pas seulement fragilisé notre société
et notre économie. Ils ont dévalorisé le travail. Notre
pays est devenu celui qui travaille le moins en
Europe. Nous ne pouvons pas continuer sur cette
voie. Je veux rappeler que le travail est une condition
de la liberté et de la dignité, qu’il est le moteur de la
promotion sociale, de la croissance, que tout doit être
fait pour donner du travail à ceux qui n’en ont pas,mais
également qu’il n’est pas acceptable que certains
refusent de travailler alors qu’ils le pourraient. Je veux
réhabiliter le travail et, au-delà, le mérite, l’effort,
le goût du risque.
Je ferai en sorte que les revenus du travail soient
toujours supérieurs aux aides sociales et que
les titulaires d’un minimum social aient une activité
d’intérêt général, afin d’inciter chacun à prendre un
emploi plutôt qu’à vivre de l’assistanat.
Ceux qui font l’effort de travailler doivent bénéficier d’une
vraie protection contre le chômage et contre les aléasde l’économie.Avec les partenaires sociaux,je créerai
la sécurité sociale professionnelle.Elle ne supprimera
pas le chômage, pas plus que la Sécurité sociale n’a
supprimé la maladie. Mais elle permettra à chacun de
surmonter au mieux et au plus vite cette difficulté.Une
personne licenciée pour des raisons économiques ne
perdra pas son contrat de travail: celui-ci sera transféré
au service public de l’emploi qui lui garantira 90%
de sa rémunération antérieure aussi longtemps que
nécessaire, pour suivre une formation qualifiante,
trouver un nouvel emploi, essayer un nouveau métier.
En revanche,il ne sera plus possible de refuser plus de
deux emplois sans justification.Pour les futures embauches,
nous créerons un contrat de travail unique, plus
souple pour les entreprises pour qu’elles soient incitées
à embaucher,plus sécurisant pour les salariés car
il sera à durée indéterminée pour tous.
Pour garantir l’égalité des chances et permettre à
chacun de s’adapter aux évolutions de l’économie,
nous créerons un compte individuel d’épargne
de formation, afin que chacun puisse, à tout moment
de sa carrière, suivre une formation vraiment qualifiante
lui permettant de changer de métier, de secteur
ou d’atteindre une qualification supérieure. Réhabiliter
le travail, c’est aussi ne plus accepter la pénibilité
de certains emplois, le
stress de certaines situations
professionnelles.
Enfin,je tiens à vous dire qu’aussi
fort que je crois dans l’importance
d’une démocratie irréprochable
je crois dans l’éthique du
capitalisme. Je n’accepte
pas, et des milliers d’entrepreneurs avec moi, que le
travail salarié et l’esprit d’entreprise soient bafoués
par les rémunérations et les privilèges excessifs que
s’octroie une toute petite minorité de patrons.
Je n’accepte pas qu’au niveau mondial,pour des raisons
de pur profit,on joue avec les salariés et avec les usines
comme on déplace des pions sur un jeu de société. Je
proposerai à nos partenaires de l’Union européenne
d’édicter des règles pour que ceux qui veulent investir
en Europe soient les bienvenus, mais qu’ils se comportent
humainement, en respectant les hommes et les
femmes,en respectant le travail,conformément à notre
culture qui place l’être humain au sommet de toute
chose. Je renforcerai le capitalisme familial.
6. L’Europe doit protéger dans
la mondialisation
Je suis un Européen convaincu. Je sais jusque dans
ma propre histoire ce qu’il en a coûté à l’Europe d’être
divisée. Mais je n’ai pas dit oui à la construction européenne
tout au long de ces années pour avoir l’Europe
que nous avons aujourd’hui. L’Europe ne doit pas être
le cheval de Troie d’une mondialisation réduite à la circulation
des capitaux et des marchandises, mais doit au
contraire protéger ses peuples dans la mondialisation.
L’Europe est d’abord une grande culture. Elle doit
agir dans le monde pour que les valeurs de la
civilisation ne cèdent pas sous la pression des seuls
intérêts commerciaux et financiers. Elle doit défendre
les droits de l’homme, la démocratie, la protection
des plus faibles, la solidarité, la protection de la nature.
L’Europe doit ensuite préserver les intérêts de ses
peuples. Je réhabiliterai la préférence communautaire,
c’est-à-dire le droit pour l’Europe,lorsque c’est
son intérêt,notamment à l’OMC,de préférer et donc de
protéger ses produits, ses entreprises, ses marchés.
L’Europe ne doit pas se résigner aux délocalisations,mais
au contraire tout faire pour que l’activité se localise en
Europe. C’est ce que nous ont dit ceux qui ont voté non
au référendum sur le projet de Constitution.C’est un fait
politique. Je veux leur dire que je les ai entendus.Enfin,l’Europe doit nous permettre de faire à plusieurs
ce que seuls nous faisons moins bien: notamment
la politique migratoire et le développement, la politique
industrielle et la recherche, le développement durable.
Je soutiendrai la PAC car elle est la condition de l’indépendance
alimentaire de toute l’Europe. Nous avons
fait l’Europe pour agir, pas pour subir. Nous avons fait
l’Europe pour exprimer une volonté commune,pas pour
organiser notre renoncement collectif.
Pour toutes ces raisons,je veux que l’Europe ait des frontières
et je m’opposerai à l’entrée de la Turquie. J’ai
proposé à nos partenaires un traité simplifié, limité aux
questions institutionnelles que nul n’a contestées pendant
la campagne référendaire,afin que l’Europe se dote rapidement
des moyens de fonctionner efficacement à
27 États membres.La question de la réécriture d’un texte
plus global,scellant la dimension fondamentalement politique
de l’Europe, se posera dans un second temps.
Maîtriser l’immigration
Pendant des années, on n’a pas pu parler d’immigration
dans notre pays. Ceux qui n’acceptaient pas
l’ouverture totale des frontières étaient immédiatement
taxés d’extrémisme ou de racisme.Je veux souligner
qu’en matière d’immigration les problèmes sont
plus devant nous que derrière nous et qu’il n’y a pas
d’autre solution qu’une politique responsable, qui
concilie immigration maîtrisée et codéveloppement.
Si je suis élu, je conforterai la politique d’immigration
choisie que j’ai engagée en tant que ministre de
l’Intérieur.J’instaurerai des plafonds annuels d’immigration.
La laïcité, l’égalité entre la femme et l’homme,
la liberté de conscience sont des principes avec
lesquels je ne transigerai jamais.Je demanderai à ceux
qui veulent venir s’installer en France de faire l’effort
d’apprendre le français avant, parce que c’est une
condition essentielle d’une intégration réussie et
parce que cela sera un signe de leur volonté de
respecter notre culture. Le regroupement familial
ne sera possible que si la personne a un logement
et un travail lui permettant de faire vivre sa famille
sans prise en compte des allocations familiales.
Enfin, j’ai proposé la création d’un ministère de l’Immigration
et de l’Identité nationale,
car l’intégration passe par le
partage de notre culture autant
que par son enrichissement.Un
seul ministère doit traiter l’ensemble
des questions relatives
à l’immigration, à l’intégration et
au codéveloppement.
11. Mettre l’enseignement
supérieur et la recherche au
niveau des meilleurs mondiaux
Cela fait quarante ans que nous avons renoncé à
conduire une réforme de l’enseignement supérieur.
À l’heure de la bataille mondiale de l’intelligence, nous
en payons un prix élevé, tandis que nos jeunes sont
envoyés par milliers dans des filières sans débouchés.
L’enseignement supérieur et la recherche
seront pour moi une priorité absolue.
Leurs moyens seront portés au même niveau que
dans les pays les plus en pointe sur le sujet, mais
cela s’accompagnera de réformes de fond. Je
donnerai aux universités volontaires une autonomie
réelle. Je réformerai notre appareil de
recherche pour créer les conditions de travail et de
rémunération permettant d’attirer et de garder les
meilleurs enseignants et chercheurs.
Notre pays a besoin de conduire plus de jeunes vers
les études supérieures,mais des études dans lesquelles
ils ont une chance de réussir et qui conduisent à
l’emploi. Chaque bachelier aura une place à l’université,
mais le nombre d’étudiants dans les différentes
filières dépendra des réalités du marché du travail.Un
service public de l’orientation permettra aux élèves
de choisir la voie qui leur correspond le mieux.
Enfin, je veux transformer la condition étudiante,
en faisant tout pour que l’argent ne soit jamais un
obstacle à la poursuite des études, en permettant à
nos jeunes d’être autonomes et en créant des campus
universitaires de réputation mondiale et européenne.
8. Permettre à tous
les Français d’être propriétaires
de leur logement
Depuis des années, on vous dit qu’on ne peut rien
contre la crise du logement, et on laisse s’aggraver
11
une pénurie qui a rendu la propriété impossible pour
beaucoup d’entre vous et la location de plus en plus
difficile. Cette situation ne peut pas durer.
Il faut d’abord inciter à la construction de logements
pour faire baisser les prix. Je veux que le droit
au logement soit opposable devant les tribunaux,afin
que les pouvoirs publics soient obligés d’agir pour
assurer la construction d’assez de logements dans
toute la gamme des besoins.
Je veux permettre à chaque ménage d’être propriétaire,
parce que la propriété est le rêve de chacun
d’entre nous. Je vous permettrai notamment de
déduire de votre impôt sur le revenu les intérêts
de votre emprunt immobilier.Ceux qui ne paient pas
l’impôt sur le revenu recevront une aide de l’État
pour emprunter. Je faciliterai la location en supprimant
l’obligation de caution et de dépôt de
garantie. En contrepartie, les propriétaires seront
protégés contre les risques d’impayés de loyers.
Je réformerai l’hébergement d’urgence, pour qu’il soit
digne et permette la réinsertion.
5. Augmenter le pouvoir d’achat
Depuis des années, on vous dit que votre pouvoir
d’achat augmente. C’est faux. Avec l’euro qui a fait
augmenter les prix, les 35 heures qui ont gelé les
salaires, le coût du logement qui a explosé et nos
impôts qui sont parmi les plus élevés au monde, le
pouvoir d’achat baisse en France. Mais ceux qui
vous promettent que nous aurons plus de pouvoir
d’achat en travaillant moins, et en ne changeant
rien, ne vous disent pas la vérité non plus.
Je veux être le Président du pouvoir d’achat. Pour
cela, je permettrai d’abord à ceux qui veulent travailler
plus pour gagner plus de le faire, dans le secteur privé
comme dans le secteur public. Les heures supplémentaires
seront toutes payées au moins 25 % de
plus que les heures normales, et elles seront
exonérées de toute charge sociale et de tout impôt.
En travaillant quatre heures de plus par semaine, un
salarié rémunéré au Smic gagnera immédiatement
165 euros net de plus par mois.
Les salaires sont trop bas dans notre pays. Je demanderai
aux entreprises de faire un effort sur les
salaires car l’État fait lui-même un effort sur les
allégements de charges. Dès le mois de juin, je
réunirai une conférence avec les partenaires
sociaux afin que l’égalité salariale et professionnelle
entre les femmes et les hommes soit totale
d’ici 2010. Les femmes subissent plus que les
hommes les salaires trop bas, le travail précaire, le
sous-emploi, l’absence de formation.
Je n’augmenterai pas les impôts, mais au
contraire ferai tout pour les baisser. Je ne vois pas
quelle gloire on peut tirer du fait que nos impôts
sont quatre points plus élevés que la moyenne de
l’Union européenne à 15.
Je comprends la forte inquiétude des personnes
âgées qui, depuis dix ans, subissent une véritable
érosion de leur pouvoir d’achat sous l’effet de la pression
fiscale. C’est pour cela que je suis autant soucieux
de réduire les impôts. J’augmenterai de 25 % le
minimum vieillesse, je revaloriserai les petites retraites
et les pensions de réversion pour que ces retraités vivent
mieux.Ces mesures seront financées grâce aux économies
que j’obtiendrai en réformant les régimes
spéciaux de retraite.
Je veux mener des politiques sociales ambitieuses,
lutter contre la pauvreté, notamment celle des enfants,
investir dans les équipements et les services publics.
Mais tout cela ne sera possible que si, d’abord,
nous créons plus de richesses marchandes.Voilà
pourquoi je veux vous dire la vérité: nous devons
collectivement enrichir notre économie et
travailler davantage.