Le Jardin français et le Petit Trianon Encouragé par Madame de Pompadour, Louis XV s’offre de nouveaux lieux pour ses plaisirs en réalisant une extension de Trianon qui répond à l’intérêt qu’il semble marquer pour la zoologie, et surtout pour la botanique. A côté du nouveau Jardin français, l’un des derniers du genre, A.-J. Gabriel édifie « la Ménagerie », sorte de ferme aujourd’hui disparue, et deux pavillons de collations : le Pavillon français, conçu comme un lieu de repos et de collation, et le Pavillon frais, salle à manger d’été destinée à la dégustation des produits provenant du potager et de la Ménagerie.
Egalement construit par l’architecte A.-J. Gabriel, le Petit Trianon vient couronner la composition du Jardin. Ce pavillon d’agrément, décoré par le sculpteur H. Guibert, est situé au centre d’un « jardin des plantes » créé par les jardiniers Richard père et fils et le botaniste B. de Jussieu. Conçu pour l’usage privé de Louis XV et de Madame de Pompadour, il est inauguré en juin 1769 en présence de Madame Du Barry. La reine Marie-Antoinette en fait son séjour préféré, transformant à l’anglaise une partie du jardin. Le Petit Trianon fut restauré et remeublé sous l’Empire (1804-1815) pour Pauline Borghèse, sœur de Napoléon Ier, et pour l’Impératrice Marie-Louise, puis à nouveau sous la Monarchie de Juillet (1830-1848) pour le duc d’Orléans, fils aîné de Louis-Philippe. En 1867, l’Impératrice Eugénie en fait un musée consacré à Marie-Antoinette. Le Petit Trianon annonce le style néoclassique.
Marie-Antoinette charge son architecte Richard Mique et le peintre Hubert Robert de créer un jardin pittoresque, à l’anglaise, rythmé par un ruisseau, ponctué de fabriques, de pelouses, de perspectives et d’allées sinueuses. Juchés sur un îlot artificiel, le Belvédère, ou salon de Musique et la Grotte surplombent un petit lac et offrent un large panorama du Jardin anglais. Le Temple de l’Amour construit au milieu d’une île parachève le paysage.
La tempête du 26 décembre 1999 a particulièrement affecté le secteur de Trianon et les couloirs de vents, d'une violence extrême ont provoqué un irrémédiable traumatisme dans les peuplements arborés anciens encore subsistants, notamment sur des sujets "remarquables", issus de la création du jardin dans les années 1780, comme le célèbre Tulipier de Virginie. Face à cette très grave destruction du patrimoine arboré, un programme général de restauration a été défini et mis en œuvre dès le début 2002, afin de retrouver une composition cohérente mais également plus strictement conforme au projet initié et voulu par la reine Marie-Antoinette dans les années 1780.
Les différentes fabriques ponctuant le Jardin champêtre créent, par leur diversité et leur dispersion, autant de centres autour desquels s’ordonne le décor que forment les arbres, pelouses, rochers ou pièces d’eau.
Constructions miniaturisées, à l’échelle du site et de son décor végétal d’origine, elles sont toutes exécutées entre 1777 et 1787. Les différentes fabriques se répartissent selon les quatre catégories habituellement retenues pour ces ouvrages d’architecture des jardins pittoresques, à savoir :
▪ fabriques classiques inspirées de l’Antiquité : temple de l’Amour, Belvédère, porte Saint-Antoine
▪ fabriques exotiques : jeu de Bague de style « chinois » (aujourd’hui disparu)
▪ fabriques naturelles : Rocher, Grotte, enrochements de la rivière
▪ fabriques rustiques : maisons villageoises du Hameau de la Reine
Chaque fabrique est associée, à l’origine, à un décor végétal particulier : rideau de peupliers en fond de scène du Belvédère, large silhouette de saules pleureurs épaulant celle du Temple de l’Amour, écrins de grands arbres à l’arrière des maisons du Hameau de la Reine, qui possèdent des jardinets clos.
Suivant l’exemple du prince de Condé à Chantilly, la reine veut avoir son propre village pour jouir des plaisirs de la campagne avec ses enfants.
De 1783 à 1785, Richard Mique construit le Hameau, de style normand, en s’inspirant des dessins du peintre Hubert Robert. Douze chaumières entourées de jardins potager et fleuriste, étaient originellement disposées autour du Grand Lac. Un peu à l’écart se situe la Ferme d’où la reine obtient le lait qu’on lui sert dans des porcelaines de Paris dans la laiterie de Propreté. Située au pied de la tour de la Pêcherie, aussi appelée Tour de Marlborough, elle est doublée par une laiterie de préparation (détruite).
Sous l’Empire, le Hameau est remeublé avec délicatesse pour l’Impératrice Marie-Louise (1811). Les bâtiments sont restaurés grâce à la générosité de John D. Rockefeller Jr et de ses enfants au début du XXe siècle. La ferme est quant à elle concédée depuis 1993 à l’association Assistance aux Animaux qui s’emploie à la restaurer et à l’animer.
Marie-Antoinette possédait sa propre maison, la seule couverte de tuiles. Ce bâtiment luxueusement meublée par Georges Jacob et Jean-Henri Riesener était reliée au Billard par une galerie de bois. Sur les escaliers étaient disposés des pots de fleurs au chiffre de la reine, en faïence de Saint-Clément (manufacture de Lorraine). Les intimes que Marie-Antoinette conviait dans ce petit village jouissaient aussi de toutes les commodités. La Grange (détruite) servait de salle de bal, et l’on trouvait même un boudoir près de la maison de la Reine. Subsistent le Moulin, avec sa roue à eau, la maison du Garde, le Colombier et le Réchauffoir (cuisine)
L’un des plus beaux théâtres historiques d’Europe s’ouvre au public révélant un aspect méconnu de la vie de Marie-Antoinette.
Pour parfaire son français, Marie-Antoinette prend des cours de comédie alors qu’elle est encore à Vienne. De là vient sans doute son goût pour le théâtre, ainsi que les pièces qu’elle jouait en famille en Autriche.
En 1777, la reine demande à Richard Mique de s’inspirer des plans de la salle du château de Choisy construit par Gabriel pour Madame de Pompadour. Les travaux, commencés en juin 1778, sont achevés en août 1779.
Dissimulé entre la montagne et la charmille du Jardin anglais, le bâtiment a l’apparence d’une dépendance sans caractère. Un porche à l’antique flanqué de deux colonnes ioniques surmontées d’un petit fronton sculpté par Deschamps est le seul décor visible.
L’intérieur de la salle est tendu de bleu et les consoles du balcon figurent des dépouilles de lion, l’animal emblème des rois. Le parterre est encadré de deux baignoires ceinturées de balustrades et d’un balcon au premier étage. Les décors sculptés sont en carton-pâte, en cohérence avec le caractère non-officiel du théâtre. Seul luxe décoratif : un rideau en taffetas de soie brodé d’or vendu en 1794.
Le théâtre n’est inauguré qu’en août 1780 à l’occasion des fêtes données à Trianon. Plusieurs représentations y sont données, en compagnie d’une Reine tantôt actrice, tantôt spectatrice, notamment : "La Gageure imprévue" et "Le roi fermier" de Sedaine ; "Le Devin de Village" de Jean-Jacques Rousseau.
Après la mort de Marie-Thérèse, le 29 novembre 1780, la reine ne joue plus. Elle devient spectatrice, pour un temps, des représentations données par les acteurs de la Comédie Française, de la Comédie Italienne et de l’Opéra : "L’Iphigénie en Tauride "de Gluck est montée en l’honneur de l’empereur Joseph II en 1781. En 1782, lors de la visite discrète du Tsarévitch, fils de Catherine II de Russie, on applaudit "Zémyre et Azor" de Gréty.