Je cite "La tradition scolaire analyse souvent comme apposition l’adjectif en position détachée. Au contraire, nombre d’auteurs préfèrent réserver ce terme aux éléments nominaux, qui sont co-référents au nom recteur, et utiliser pour l’adjectif l’expression "épithète détachée"... Pour tenir compte des divergences, nous séparons : l’apposition adjectivale, que l’on pourra appeler « épithète détachée », et l’apposition nominale."
Ceci rejoint mon précédent post où j’écris « …qui s’appuie sur la catégorie du terme en apposition, à savoir UN ÉLÉMENT NOMINAL.
Toutefois je vais essayer de répondre, simplement si c’est possible, mais pas évident !
L’adjectif qualificatif épithète est étroitement lié au nom qu’il qualifie et lorsqu’il y en a plusieurs ils peuvent être joints non coordonnés ou coordonnés : le train jaune circulera dimanche. Le train jaune, rouge et bleu circulera dimanche.
L’adjectif qualificatif attribut : le train est jaune.
>>> L’adjectif épithète lorsqu’il apporte une indication complémentaire, descriptive ou explicative, peut se trouver séparé du nom par la virgule, on peut parler d'apposition : Un cri, interminable, retentit derrière les bois.
>>> L’épithète détaché est souvent appelé par les grammairiens adjectif en apposition.
>>> L’adjectif apposé se situe dans le contexte immédiat du nom auquel il se rapporte, que l’on dit "détaché" par la ponctuation et qui peut se placer indifféremment devant ou derrière le nom (dans ce dernier cas, il est entre deux virgules):
Tatoué, ce boxeur impressionne les adversaires.
Ce boxeur, tatoué, impressionne ses adversaires.
>>> Il est important de se souvenir que le sens ou la signification d’un mot ne représente pas forcément la réalité mais plutôt la réalité mentale que l’on peut s’en faire. C’est pourquoi la nuance est subtile entre un adjectif épithète (Le courageux marin est reparti en mer) et l’adjectif en apposition (Courageux, le marin est reparti en mer).
Aspects morphologiques : Un adjectif apposé s'accorde en genre et nombre avec le nom auquel il fait référence.
Relations syntaxiques : Ce n'est pas une fonction essentielle. Sa suppression ne rend en aucune façon la phrase agrammaticale, ni le syntagme : ce boxeur impressionne ses adversaires.
>>> Il faut aussi retenir que l’apposition n’a pas un fonctionnement restrictif au sens de la phrase et qu’elle n’apporte qu’une précision supplémentaire, tout à fait facultative. Elle constitue une remarque, un élément de description, d’explication, etc., c'est-à-dire une sorte d’énoncé secondaire dans l’énoncé premier.
>>> Noter – Étant donné que l’apposition se trouve liée par des rapports logiques au nom qu’il accompagne, on peut procéder à la transformation suivante :
Le chien, qui est fatigué, dort. Nous avons une relative appositive.
Supprimons cette relative appositive et on obtient : le chien, fatigué, dort. "fatigué" est en apposition.
On peut dire : le chien, qui est fatigué, dort. Supprimons « qui » et « est » et il reste l’adjectif apposé.
Pour conclure je livre cet extrait à votre réflexion personnelle :
« L’apposition ne s’utilise réellement qu’en langage soutenu, ce qui explique qu’on la trouve sous la plume des écrivains, très souvent sous celle des poètes, mais très peu dans le discours oral, où elle poserait des problèmes de compréhension ; elle nécessite une attention de l’interlocuteur ou du lecteur, attention que permet beaucoup plus facilement le discours écrit. Il ne faut jamais négliger l’aspect visuel de l’écrit, qui ne se contente pas de retranscrire les propos d’un locuteur : une apposition est détachée entre deux virgules, ou entre deux parenthèses, ou encore à l’aide des deux points ; cette forme graphique contribue fortement à la séparation des énoncés, qui se superposent, sur deux niveaux différents d’abstraction. »
PERSO : je pense qu’il faut laisser dans la mesure du possible, le terme d’apposition à un élément nominal.
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PS :
1- La voiture de Pierre est noire, n’était qu’un exemple à l’appui du complément de nom, à ne pas confondre avec d’autres compléments. Je n’aurais pas du peut-être en parler. Merci à Léah d’avoir explicité.
2- Exemple proposé : La demoiselle charmante, heureuse et comblée, menait une vie agréable et protégée.
3- fonctions :
- épithètes (postposées) jointes mais non coordonnées pour charmante – heureuse.
- épithète (postposée) coordonnée pour comblée.
Ouf ! excusez la longueur du texte et j'azi tenté le plus simple possible.
Voici quelques énoncés où se trouvent des épithètes détachées.
* EMPRISONNÉ dans chaque homme gras, un homme maigre fait des signes désespérés pour qu’on le libère. (CYRIL CONNOLLY)
* Ah ! la belle pleine lune, / GROSSE comme une fortune. (JULES LAFORGUE)
* NUE, ce n’était pas un tableau vivant mais un tableau vécu. (ALFRED CAPUS)
* Les compliments sont des bonbons dont les femmes raffolent toute leur vie : JEUNES, pour les croquer à belles dents ; VIEILLES, pour les laisser fondre doucement. (AUGUSTE RODIN)
* ÉLEVÉ à la rude école du malheur, il y remportait tous les prix. (ALPHONSE ALLAIS)
* JEUNE, on conserve pour la vieillesse ; VIEUX, on épargne pour la mort. (JEAN DE LA BRUYÈRE)
* ANALOGUE à la faim en général, la libido désigne la force avec laquelle se manifeste l'instinct sexuel. (SIGMUND FREUD)
* LIMOGÉ, on lui donna la cravate, comme on met du persil dans les naseaux des veaux décapités. (HENRY DE MONTHERLANT)
* MÉDIOCRE et RAMPANT, on arrive à tout. (BEAUMARCHAIS)
* Non CONTENTS d’avoir à leur disposition les femmes et les filles de leurs prolétaires, nos bourgeois ont pour principale distraction de séduire les épouses les uns des autres. (KARL MARX)
* PRÉSENTE, je vous fuis ; ABSENTE, je vous trouve. (JEAN RACINE)
* INSTRUITE, la vertu calcule aussi bien que le vice. (HONORÉ DE BALZAC)
La nature de l'épithète peut être :
1. un adjectif qualitatif
2. un verbe au participe passé
Le mot épuisés est par définition le participe passé du verbe épuiser.
Conclusion : le mot épuisés n'est pas un adjectif qualificatif. Dans la phrase de Victor Hugo, c'est le mot hâves qui est un adjectif qualificatif apposé au nom hommes.