SOS Racisme a annoncé lundi 10 décembre avoir engagé des poursuites contre le magazine Le Point pour un article sur les Chinois de France jugé raciste, ce dont s'est défendu son directeur, Franz-Olivier Giesbert, qui parle d'"humour" mal compris. SOS Racisme a assigné M. Giesbert pour "diffamation raciale publique". Une audience de fixation est prévue le 24 janvier. C'est la première fois que SOS Racisme agit avec le soutien d'une association asiatique, en l'occurrence l'Association des jeunes Chinois de France (AJCF).
L'article en cause, intitulé "L'intrigante réussite des Chinois de France", publié le 23 août, dépeint le parcours typique de l'immigrant chinois, de la clandestinité à la réussite. Un encadré intitulé "les 5 commandements de l'entrepreneur chinois" ("tu travailleras 80 heures par semaine", "tu dormiras dans ta boutique""tu ne rémunéreras pas tes employés", etc.) a particulièrement heurté la communauté. "L'article est insultant et dégradant et nuit à la réputation de tout un groupe ethnique", a déclaré à l'AFP Rui Wang, porte-parole de l'AJCF, qui a également déploré des "généralisations sur les femmes chinoises dépeintes comme des prostituées".
"PREMIER DEGRÉ" "On est peu désolé que cette histoire ait été prise au premier degré, alors que c'était de l'humour, une forme d'humour qui n'est pas passée", a réagi Franz-Olivier Giesbert. Les poursuites n'émanent "que de certains représentants de la communauté chinoise", a-t-il également dit. "Confiant quant à l'issue de cette affaire", il a regretté qu'"il soit de moins en moins possible de faire de l'humour dans les journaux".
A SOS Racisme, on déplore que "sous prétexte d'humour" il y ait une "libération de la parole raciste envers la communauté chinoise". "C'est toujours sous forme de blague, mais quand ça dérape, ça dérape", commente l'association. En novembre, d'autres associations chinoises avaient organisé un petit rassemblement pour dénoncer "la banalisation" des clichés contre la communauté, à la suite d'un article sur la mafia asiatique publié dans Le Parisien.