PAS LA PEINE d'essayer d'embarquer des huîtres à bord des avions
d'Air France. « C'est un animal vivant, il n'a rien à faire en cabine », rétorquent le plus
sérieusement du monde les hôtesses de l'aéroport de Bordeaux aux voyageurs qui osent se présenter
au comptoir d'enregistrement avec leur bourriche. Passé l'étonnement, renseignement pris, le
personnel au sol confirme.
« L'huître ça coule, ça n'est pas propre et depuis un an c'est considéré
comme un objet tranchant. On ne peut pas accepter à bord un porteur d'huîtres sur sa bonne mine.
» Bref, en ces temps de terreur, le coquillage peut être assimilé à une arme par destination.
Etonnant alors qu'il est emmailloté dans son panier lui-même cerclé de liens solides impossibles
à défaire sans outils adéquats. « Et en soute, elles sont acceptées les huîtres ? », interroge
alors le voyageur innocent. Non. Là encore, l'hôtesse disciplinée est ferme. « L'eau et le sel
constituent des produits corrosifs qui peuvent attaquer la carlingue. » Les stewards compréhensifs
conseillent : « Le mieux c'est d'acheter une valise, mettre les bourriches bien enveloppées
dedans et les passer en soute. Le contrôle n'y verra que du feu. »