La consonne finale écrite et muette de certains mots dans certains contextes syntaxiques peut être prononcée devant la voyelle initiale du mot suivant. Le son obtenu étant ancien, il peut contrevenir aux usages orthographiques qui se sont figés sur l'étymologie du mot sans prendre en compte sa prononciation réelle. Par exemple, les consonnes finales sont prononcées comme suit en cas de liaison (transcription suivie : API ; en API, la liaison est indiquée entre la consonne et la voyelle par le symbole [‿]) :
-d = [t] : grand roi = [gʁɑ̃ ʁwa] ~ grand homme = [gʁɑ̃t‿ɔm] ;
-g = [k] ː sang neuf = [sɑ̃ nœf] ~ sang impur = [sɑ̃k‿ɛ̃pyʁ] (prononciation vieillie) ;
-s = [z] ː les gens = [le ʒɑ̃] ~ les enfants = [lez‿ɑ̃fɑ̃] ;
-t = [t] : pot de terre = [po də tɛʁ] ~ pot-au-feu = [pot‿o fø] ;
-x = [z] ː six bébés = [si bebe] ~ six adultes [siz‿adylt].
Quand la finale est une voyelle nasale (-an, -en, -in, -ein, -un, -on, etc.), le -n se fait de nouveau entendre tandis que la voyelle nasale se dénasalise le plus souvent :
avec dénasalisation : bon repas = [bɔ̃ ʁəpa] ~ bon appétit [bɔn‿apeti], certain collègue = [sɛʁtɛ̃ kɔlɛg] ~ certain ami [sɛʁtɛn‿ami] ;
sans dénasalisation ː est concerné un petit nombre de mots comme aucun, bien, en, on, rien, un et selon les locuteurs non ainsi que les possessifs (mon, ton, son) ː aucun chat = [okœ̃ ʃa] ~ aucun être [okœ̃n‿ɛtʁ], mon petit [mɔ̃ pəti] ~ mon enfant [mɔn‿ ɑ̃fɑ̃] ou [mɔ̃n‿ ɑ̃fɑ̃].
On peut grossièrement définir trois types de liaisons en français. La liaison intervient entre des mots fortement liés grammaticalement dotés d'un seul accent tonique de groupe. On distingue :
On sentira comme une erreur de prononciation (et non comme une liberté prise par rapport à la norme) l'omission d'une telle liaison, quel que soit le registre de langue (de la langue soutenue à la langue vulgaire). La liaison est obligatoire :
entre le déterminant et son nom, le nom et son adjectif : les enfants, petits enfants, tout homme ;
entre le pronom personnel (ainsi que on, en et y) et son verbe et l'inverse ː nous avons, ont-ils, donnes-en (avec un séphelcystique) ;
S'il existe des liaisons réellement obligatoires, d'autres ne sont « obligatoires » que dans la langue soutenue. Voici quelques-unes de ces liaisons facultatives, souvent omises dans la langue courante :
après est comme verbe impersonnel : c'est incroyable, il est impossible de... ;
après certains adverbes et prépositions monosyllabiques fortement liés au mot suivant : pas encore, plus ici, sous un abri, sans un sou ;
entre un adjectif et son nom : enfants agréables ;
quand le mot finit par un r suivi d'une consonne muette (sauf s de pluriel) pouvant faire liaison, on peut omettre la liaison, l'hiatus étant résolu par l'enchaînement avec le r en question : pars avec lui [paʁavɛk lɥi] plutôt que [paʁz‿avɛk lɥi].
Les autres liaisons qui ne sont pas explicitement interdites sont possibles. Selon leur fréquence, elles sont plus ou moins pédantes : ils ont‿attendu avec liaison entre ont et attendu semble bien moins pédant que tu as‿attendu (rappelons que les formes courantes orales seraient plutôt [izɔ̃atɑ̃dy] et [taatɑ̃dy] voire [taːtɑ̃dy]).
Enfin, il est impossible de pratiquer certaines liaisons :
après et (ce qui, oralement, permet de le distinguer de est) ;
après la consonne finale muette d'un nom commun au singulier : coup X intéressant, rat X énorme. On peut ainsi opposer un nom et un adjectif homophone : un savant‿Anglais (une personne de nationalité anglaise qui est savante) ~ un savant X anglais (une personne appartenant au corps scientifique qui est de nationalité anglaise) [N.B. : l'exemple est emprunté à R. Jakobson, Essais de linguistique générale] ;
après -es, désinence verbale de 2e personne du singulier : tu manges X en paix (on élide-es) ;sauf à l'impératif : "manges-en"
avant un mot débutant par un h « aspiré » : les X haricots, ils halètent. L'hiatus est ici obligatoire dans la langue normée. Dans les registres courant à familier, ce phénomène, appelé disjonction, est d'autant plus omis que les mots sont peu connus ;
devant certains mots à initiale vocalique comme onze, un (en tant que numéral et non qu'article) et huit (qui a pourtant un h muet), dans certains cas : les X onze enfants, les un (pour « les numéros un », mais les‿uns et les‿autres), les X huit enfants.