L’IAE de Paris pourrait rejoindre l’Université Paris-Dauphine. Objectif : construire le plus grand pôle universitaire de formation au management en France avec 400 enseignants-chercheurs, 11 000 étudiants et 80 000 Alumni. Un mariage de passion et de raison.
Interview de Christine Pochet, Directrice de l'IAE de ParisPourquoi avez-vous décidé de quitter l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ? C.P. : Cette décision s'est imposée pour deux raisons principales. Depuis longtemps, l'IAE de Paris a pour projet de se rapprocher de l'UFR 06-Gestion et économie d'entreprise de l'Université. Les négociations engagées cet hiver dans ce sens, dans le cadre du renouvellement du contrat quadriennal de l'IAE, n'ont pas abouti à une solution satisfaisante pour les deux parties.
Dans le même temps, le président de Paris 1, Jean-Claude Colliard, a construit le PRES HESAM - Hautes Etudes-Sorbonne-Arts et Métiers, dans lequel entraient avec le statut de membres fondateurs l'ESCP-Europe et le CNAM. Des établissements d'enseignement supérieur qui concurrencent directement l'IAE de Paris, sur le domaine de la formation continue en gestion notamment.
Nous aurions pu envisager des collaborations avec ces établissements si la construction du PRES ne s'était pas faite en tenant l'IAE de Paris totalement à l'écart des discussions. Ajouté à cela l'échec des négociations pour le rapprochement de l'IAE avec l'UFR de gestion, il m'a paru difficile pour l'IAE de Paris de trouver sa place dans une telle configuration. J'ai donc commencé à réfléchir à d'autres voies stratégiques qui nous permettraient de développer notre activité.Vous vous êtes alors tournée vers Dauphine. Pourquoi l'avoir choisie parmi les autres ? C.P. : L'idée est assez rapidement venue de nous adosser à une autre université, forte en gestion. Le choix de Dauphine s'est imposé naturellement. Nous partageons depuis longtemps des programmes communs, à l'étranger, notamment le MBA International Paris, et le MBA Dauphine Sorbonne Renault. Sur le plan individuel, beaucoup de chercheurs de l'IAE de Paris collaborent avec des collègues de Dauphine. De plus, nous avons avec l'université une culture commune, une façon assez proche d'envisager l'enseignement supérieur universitaire en France.Où en sont les négociations ?
C.P. : L'IAE se définit comme un établissement public administratif, autonome sur le plan financier, mais rattaché par décret à une université qui délivre les diplômes auxquels prépare l'IAE. Sur le papier, le transfert reviendrait donc simplement à modifier le décret. C'est la ministre de tutelle, Valérie Pécresse qui prendra cette décision, après avoir entendu les trois conseils. Celui de l'IAE, de Paris Dauphine, mais également de Paris 1.En termes logistiques, quelles sont les implications ? C.P. : Idéalement, nous souhaiterions que le rattachement devienne effectif à la rentrée 2010. C’est un calendrier ambitieux que nous ne sommes pas sûrs de tenir. La modification du décret peut être très rapide. En revanche, les points techniques sont plus compliqués à mettre en œuvre.
L’IAE n’a pas vocation à rester dans le bâtiment rue Bronca parce qu'il vient d'être racheté par Paris 1. Nous ne pouvons pas non plus nous installer chez Dauphine car une opération de rénovation de grande ampleur démarre. Nous envisageons donc de rechercher des locaux communs pour nous reloger ensemble.Qu'en est-il du nom Sorbonne business School ? C.P. : Les négociations n’ont pas encore abordé cette question. Et malgré le fait que nous ayons déposé le nom Sorbonne business school à l'INPI, nous ne devrions a priori pas le conserver. Par contre, nous conserverons la marque IAE de Paris parce qu’elle représente notre identité et notre reconnaissance sur le marché national et international. Il a une valeur certaine, connue des entreprises et appréciée de Dauphine également.La rupture semble consommée avec Paris 1. Quel obstacle pourrait encore bloquer son aboutissement ? Et quelle serait votre réaction ? C.P. : Le changement de rattachement de l'IAE est subordonné à une décision de la Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche après que les conseils des trois instituions concernées se seront prononcés sur le projet. Je ne peux évidemment pas préjuger de ce que sera la décision de la Ministre même si je souhaite qu'elle soit favorable au rattachement de l'IAE à Paris-Dauphine. Pour l'instant, je ne me projette pas dans un autre schéma.