L’étau se desserre. La présidence de l’Union européenne annonce la réouverture progressive et coordonnée du trafic dans une partie de l’espace aérien à partir de mardi à 10H00. De son côté, Matignon a annoncé lundi la mise en place de «corridors aériens» entre Paris et les aéroports du sud de la France à partir de mardi 8H00, ainsi qu’une «réouverture partielle» des aéroports situés au nord d’une ligne Nantes-Nice.
«Des corridors aériens seront ouverts entre Paris et les aéroports du sud, notamment Bordeaux-Paris, Toulouse-Paris, Marseille-Paris, Nice-Paris», annoncent les services du Premier ministre, dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion autour de François Fillon. La réouverture partielle des aéroports du nord démarrera également à partir de mardi 8H00, précise-t-on dans l’entourage du Premier ministre. Par ailleurs l’aéroport de Lyon va rouvrir dès lundi soir. «Le maintien de l’ouverture des aéroports du sud et l’ouverture des corridors aériens permettront de réacheminer le plus grand nombre possible de passagers en provenance de l’étranger, et de reprogrammer des vols vers l’étranger au départ de Paris», indique Matignon.
Pour justifier cette relance progressive du trafic aérien, Matignon a assuré qu’il avait été décidé au plan européen de distinguer une «zone interdite à la circulation» d’une «zone de précaution», définie par chaque Etat. «Le territoire français serait concerné par ces zones de précaution, ce qui signifie que la réouverture de l’ensemble des aéroports va être progressivement engagée», précise le communiqué.
«15 à 20% du trafic normal» à cette période
Lors d’une conférence de presse télévisée, le ministre des Transports, Jean-Louis Borloo, a déclaré que le trafic attendu mardi dans les aéroports parisiens représenterait «15 à 20% du trafic normal» à cette période. Il avait assuré un peu plus tôt que la France essayait «de faire voler le plus d’avions possible» afin de rapatrier au plus vite les dizaines de milliers de Français retenus à l’étranger. Un total de 14.600 personnes étaient également bloquées dans les quatre départements d’outre-mer.
Peu après 19H00, la présidence espagnole de l’Union européenne (UE) a pour sa part annoncé la réouverture progressive et coordonnée du trafic dans une partie de l’espace aérien à partir de mardi à 10H00. Cette annonce fait suite à une réunion des ministres européens des Transports au cours de laquelle ils se sont mis d’accord pour limiter à partir de mardi les restrictions de vols imposées aux compagnies aériennes suite à l’éruption du volcan islandais, a indiqué à l’AFP une source diplomatique. «Il y a un accord des ministres pour introduire plus de flexibilité» dans les restrictions, a souligné cette source.
Les ministres européens ont ainsi décidé d’établir trois zones géographiques: l’une proche du centre des émissions de cendre du volcan islandais, dans laquelle les restrictions aux trafic demeureront «absolues», une seconde où le trafic «serait» sans danger et qui doit être fixée définitivement «dans les prochaines heures», et une troisième «ne nécessitant aucune restriction d’aucune type».
L’éruption et la colonne de cendres crachées par le volcan islandais Eyjafjöll depuis mercredi ont nettement diminué, a déclaré lundi à l’AFP Bryndis Brandsdottir, sismologue au département de géophysique de l’Université d’Islande. «Le volume de cendres a beaucoup baissé» et la colonne ne dépasse plus les 3.000 m, soit moins de la moitié de ce qu’elle était au plus fort de l’éruption, a-t-elle déclaré.
Lufthansa rapatrie 15.000 passagers
D’ores et déjà, des assouplissements sont constatés. Alors que la fermeture de l’espace aérien allemand reste officiellement en vigueur, la compagnie Lufthansa va ainsi rapatrier 15.000 passagers vers l’Allemagne, profitant d’une autorisation obtenue lundi de faire voler 50 avions long-courriers, tandis qu’un avion d’Air Berlin a déjà pu atterrir dans le pays. Ces vols devront être opérés en «pilotage à vue et sous contrôle» des aiguilleurs du ciel, a précisé un porte-parole de l’Agence fédérale de sécurité aérienne (DFS). Selon cette procédure exceptionnelle, le pilote doit avoir une visibilité suffisante, mais contrairement aux vols à vue ordinaires, qui sont limités à une altitude de 3.000 mètres, les avions peuvent voler plus haut, si les conditions météorologiques le permettent.
Autre signe d’amélioration, l’espace aérien britannique va être progressivement rouvert à compter de mardi, à commencer par l’Ecosse dès 08H00 (heure française), puis en Angleterre et au Pays de Galles si les conditions le permettent au cours de la même journée, a annoncé lundi le service du contrôle aérien. «L’éruption volcanique a baissé en activité et le volcan n’émet actuellement plus de cendres en altitude qui toucheraient le Royaume-Uni. En supposant qu’il n’y a plus de rejet de cendres, nous nous trouvons face à une amélioration continue de la situation», a indiqué le National Air Traffic Service (NAT, contrôle aérien) dans un communiqué.
La fermeture de l'espace aérien britannique prolongée
En conséquence, la fermeture de l’espace aérien britannique, jusqu’alors décrétée jusqu’à mardi 00H00 GMT (2H00 en France), sera prolongée jusqu’à 06H00 GMT. Mais «à partir de 07h00 (06h00 GMT) mardi, l’espace aérien écossais sera ouvert», a annoncé le NATS.
«La situation est mouvante et dynamique et il est donc difficile de prévoir au-delà de 07h00. Cependant, le dernier bulletin de Met Office (services météos) prévoit que la zone contaminée va continuer à se déplacer vers le sud avec la possibilité que les restrictions imposées à l’espace aérien au-dessus de l’Angleterre et du Pays de Galles, dont la région de Londres, puissent être levées mardi», poursuit le NATS. L’espace aérien britannique est fermé depuis jeudi midi.
L’espace aérien de Belgique rouvrira lui progressivement au trafic mardi matin à partir de 08H00, a annoncé lundi le ministère belge de la Mobilité, cité par l’agence Belga. «Des atterrissages seront possibles à partir de 08H00 et les décollages, au plus tôt, à partir de 14H00», précise le ministère. Le secrétaire d’Etat belge à la Mobilité Etienne Schouppe avait évoqué dimanche la reprise des vols passagers dès que les conditions météorologiques le permettraient.