Lyon : enquête sur une filière d'étudiants chinois
le 19.05.2009 06h00
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L'instruction va étudier la consistance des formations et le parcours des étudiants d'origine chinoise / Joël Philippon
Un directeur d'école privée et une intermédiaire chinoise sont écroués pour « aide au séjour irrégulier » à propos de « centaines » d'inscriptions douteuses. Révélations
Une école privée dans la tourmente, dont le directeur est mis en examen et écroué depuis le 8 mai. Une intermédiaire d'origine chinoise dans le collimateur, elle aussi sous les verrous dans le cadre de l'instruction judiciaire confiée au juge Dominique Brault, ouverte pour « aide au séjour irrégulier en bande organisée ». Depuis une dizaine de jours, la justice lyonnaise mène dans la plus grande discrétion des investigations sur une filière clandestine présumée d'étudiants chinois.
Toute la question est de savoir si leur inscription au cours Montesquieu, une école privée hors contrat basée dans le 3e arrondissement de Lyon, dissimulait une situation fictive destinée à justifier un statut d'étudiant dans le seul but de pénétrer le territoire national, sans réelle intention scolaire, à l'image d'autres dérives similaires en France.
Au centre de l'affaire, on trouve donc une femme chinoise d'une cinquantaine d'années qui anime une association et travaille dans une agence de voyage. C'est elle qui aurait orienté des étudiants vers l'école. Simple entraide, organisation répréhensible ? L'affaire doit être prise avec prudence. « On ne sait pas encore exactement comment ils sont venus en France, il faudra déterminer si leur statut d'étudiant était complètement artificiel », précise une source judiciaire.
Le cours Montesquieu dispense des cours du secondaire, avec environ soixante lycéens inscrits par an, et des formations de BTS avec une trentaine d'étudiants. Pour des tarifs allant de 2 200 à 3 000 euros par an, suivant les niveaux.
Selon les premiers éléments de l'enquête de la Sûreté départementale, environ 70 étudiants chinois s'ajoutaient à ces effectifs. Une proportion importante qui a attiré l'attention. Et le nombre pourrait dépasser les premières évaluations. Selon une source proche du dossier, « plusieurs centaines de cas douteux sur plusieurs années » sont à l'étude.
De son côté, le directeur de l'école a contesté toute intention délictueuse. « Il n'a jamais voulu participer à une quelconque filière d'immigration clandestine. Dans les dossiers d'inscription, les jeunes gens avaient des cartes de séjours valables » tient à préciser Me Christophe Neyret, son avocat. Le directeur se serait même soucié de l'absentéisme de ces éléves chinois, en adressant un courrier à l'ambassade chinoise à Paris. D'ailleurs sur son site, l'école prévient qu'elle sera intraitable avec « les absences et les retards » et qu'elle signalera aux familles « toute anomalie ».
Le classeur qui a éveillé l'attention...
Toute l'affaire de filière chinoise présumée est partie d'un classeur, trouvé dans les locaux d'un organisme de formation en lien avec le cours Montesquieu. Sur lequel il était indiqué « Etudiants chinois ». Et qui référençait des dizaines d'inscriptions. Ce classeur a été découvert à l'occasion d'une enquête orientée au départ sur des délits présumés de travail dissimulé et de fraude aux Urssaf.
Dans ce volet du dossier, deux autres personnes, proches du directeur, sont mises en examen et placées sous contrôle judiciaire.
Après la découverte du classeur, l'enquête a donc pris un tout autre tour, avec un deuxième volet qualifié « d'aide au séjour irrégulier ». Désormais, l'instruction judiciaire a pour objectif d'étudier la consistance des formations et le parcours des étudiants d'origine chinoise.